Retraites: l'allongement de la durée de cotisation voté

  • La ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine à l'Assemblée nationale, le 8 octobre 2013 à Paris
    La ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine à l'Assemblée nationale, le 8 octobre 2013 à Paris AFP - Jacques Demarthon
  • Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le 8 octobre 2013 à l'Assemblée nationale, à Paris
    Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le 8 octobre 2013 à l'Assemblée nationale, à Paris AFP - Jacques Demarthon
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La réforme des retraites s'est retrouvée au deuxième jour des débats à l'Assemblée sous les tirs croisés de la droite et du Front de gauche, mais l'allongement de la durée de cotisation, contesté jusque dans la majorité, a été voté dans la nuit de mardi à mercredi.

L'un des points névralgiques du projet de loi, l'article 2 prévoyant la hausse de la durée de cotisation d'un trimestre tous les trois ans à compter de 2020 a été adopté après minuit par 101 voix contre 64, après plusieurs heures d'un débat tendu dans l'hémicycle. La réforme ne touche pas à l'âge légal de départ à la retraite, fixé à 62 ans depuis la réforme Sarkozy de 2010.

Le Front de Gauche, les écologistes, mais aussi 8 socialistes de l'aile gauche du parti, comme Jérôme Guedj, Pascal Cherki ou Barbara Romagnan, et la droite ont voté contre l'allongement progressif de la durée de cotisation jusqu'à 43 ans en 2035.

Dans un hémicycle plus fourni qu'au premier jour des débats, les députés du Front de Gauche épaulés par les ultramarins siégeant dans leur groupe de la Gauche démocrate et républicaine mais aussi les élus de droite, UMP en tête, ont bataillé contre ce volet de la réforme, leurs orateurs se succédant pour défendre des salves d'amendements.

Rejetant toute "leçon" de la droite, la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine a affirmé que "l'allongement modéré de la durée de cotisation, parce que l'espérance de vie s'allonge, était plus juste que le report de l'âge légal, qui ferait porter l'effort sur ceux qui ont commencé à travailler jeunes".

Porte-parole des députés socialistes sur cette réforme, Christian Paul a assuré que "pour beaucoup de Français concernés par cette réforme la vie réelle au travail n'atteindra pas 43 ans" compte tenu des mesures pour prendre en compte la pénibilité, la situation de femmes ou de jeunes. Il a été "missionné pour tenter de rassurer l'aile gauche du PS et le Front de Gauche", a lancé l'UMP Arnaud Robinet.

Insistant sur "des cas très divers", le rapporteur du projet de loi Michel Issindou s'est demandé "si l'âge légal a un sens" en conséquence car "on pourrait avoir un schéma de retraite où 43 annuités seraient suffisantes". "Sous l'emballage, il y a un cadeau empoisonné. Vous maintenez la fiction de l'âge légal pour des raisons politiques mais en allongeant la durée de cotisation personne ne pourra partir avec une retraite correcte à l'âge légal", a rétorqué l'UMP Laurent Wauquiez.

A l'offensive contre "une mesure anti-sociale" et "dans la droite ligne des gouvernements de droite", les élus communistes ont affirmé qu'elle ne "règle rien puisque les économies éventuelles pour l'assurance vieillesse se feront au détriment de l'assurance chômage et de l'assurance maladie", car le nombre de seniors au chômage notamment augmentera, et défendu d'autres financements avec "un autre partage des richesses".

La droite a plaidé, entre autres, pour un nouveau report de l'âge légal à 65 ans et une remise en cause des régimes spéciaux.

Outre l'ancien président de l'Assemblée Bernard Accoyer ou l'ex-ministre Xavier Bertrand, qui ont dénoncé manque de "courage", "hypocrisie" ou financement assuré seulement pour un tiers, des députés de la jeune garde comme Julien Aubert ont attaqué le "sacrifice de la génération des quarantenaires".

L'UMP mais aussi l'UDI, par la voix de Philippe Vigier, ont aussi épinglé les "contradictions" d'un gouvernement qui validait par son projet de loi les réformes de 2003 et de 2010, après les avoir fortement décriées.

Dans la même veine, le communiste André Chassaigne a lancé aux socialistes "qui manifestaient à nos côtés il y a trois ans" notamment contre l'allongement de la durée de cotisation. Et son camarade Patrice Carvalho de juger que "c'est un comble" pour un gouvernement socialiste de faire une telle réforme et de déplorer qu'"il soit loin le temps de Pierre Mauroy et Jean Auroux" et de la retraite à 60 ans.

Pas question pour les élus communistes d'avoir "le doigt sur la couture du pantalon", a affirmé dans la matinée M. Chassaigne, justifiant "pas un choix d'obstruction mais un choix d'explication", dans la lignée de la tactique contre l'accord sur l'emploi.

Du "perchoir" de l'Assemblée nationale, le président Claude Bartolone a plusieurs fois dû intervenir pour apaiser des esprits échauffés lors de débats émaillés en soirée de plusieurs suspensions de séance.

Il a aussi annoncé que plusieurs amendements votés en commission sur la pénibilité avaient été déclarés irrecevables au titre de l'article 40 de la Constitution par le président de la commission des Finances Gilles Carrez, saisi par M. Accoyer au motif qu'ils aggraveraient les charges financières de l'Etat. Le gouvernement reprendra ces amendements, a immédiatement promis la ministre.

Plus tôt dans la journée, dans une ambiance plus apaisée, le débat avait porté sur l'article 1 réaffirmant "solennellement le choix de la retraite par répartition au coeur du pacte social qui unit les générations".

Source : AFP

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