Sur les pas de Louis Delaporte à Angkor

  • Une visiteuse de l'exposition "Angkor: Naissance d'un mythe - Louis Delaporte et le Cambodge", au musée des arts asiatiques à Paris
    Une visiteuse de l'exposition "Angkor: Naissance d'un mythe - Louis Delaporte et le Cambodge", au musée des arts asiatiques à Paris AFP - Martin Bureau
  • Un visiteur de l'exposition "Angkor: Naissance d'un mythe - Louis Delaporte et le Cambodge", le 14 octobre 2013 au musée Guimet à Paris
    Un visiteur de l'exposition "Angkor: Naissance d'un mythe - Louis Delaporte et le Cambodge", le 14 octobre 2013 au musée Guimet à Paris AFP/Archives - Martin Bureau
  • Une sculpture exposée au musée Guimet à Paris à l'occasion de l'exposition "Angkor: Naissance d'un mythe - Louis Delaporte et le Cambodge"
    Une sculpture exposée au musée Guimet à Paris à l'occasion de l'exposition "Angkor: Naissance d'un mythe - Louis Delaporte et le Cambodge" AFP - Martin Bureau
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AFP

Le musée des arts asiatiques Guimet propose de redécouvrir le site d'Angkor au Cambodge sur les pas de Louis Delaporte (1842-1925), explorateur et dessinateur tombé sous le charme de l'art khmer qu'il n'a eu de cesse de faire connaître aux Français.

Conçue par Pierre Baptiste, conservateur en chef du patrimoine au musée Guimet, cette ambitieuse exposition, qui démarre mercredi, mêle de magnifiques pièces originales à des moulages habiles réalisés à la demande de l'explorateur.

Placée sous le haut patronage du Roi du Cambodge Norodom Sihamoni et du président François Hollande, "Angkor. Naissance d'un mythe", qui se tient jusqu'au 13 janvier, montre également les dessins de sites khmers, empreints de poésie, réalisés par Louis Delaporte.

L'aventure de ce dernier doit être resituée dans le contexte colonial de l'époque, qui voit la France de Napoléon III établir en 1863 un protectorat sur le Cambodge.

Une Mission française d'exploration du Mékong (1866-1868) est montée par Ernest Doudart de Lagrée. Le jeune marin Louis Delaporte est recruté pour ses talents de dessinateur.

Avant d'entamer la reconnaissance du fleuve, la mission effectue un séjour d'une dizaine de jours dans la région d'Angkor, ancienne cité impériale khmère, alors sous domination siamoise.

"En réalité le site d'Angkor n'a jamais été oublié. Personne n'a +redécouvert+ Angkor car il n'a jamais été complètement abandonné", explique M. Baptiste. Dans les années 1850, un missionnaire, le père Bouillevaux, relate son voyage. L'explorateur français Henri Mouhot sillonne lui aussi la région de 1858 à 1860, laissant d'importants écrits.

A Angkor, Delaporte réalise des croquis des temples enfouis sous la végétation. "Il est bouleversé par l'état d'abandon des monuments. C'est le choc de sa vie", dit M. Baptiste.

Après son retour à Paris et la publication de ses dessins, Delaporte se met en tête de repartir. Il monte en 1873 une mission de reconnaissance du fleuve Rouge, doublée d'une mission d'exploration des monuments de la région.

"Il ne découpe rien"

Ses équipes réalisent des moulages, des photographies, des dessins. Elles recueillent aussi des fragments originaux, statues, bas-reliefs ou éléments d'architecture, destinés aux musée français. Le Roi du Cambodge donne son accord pour les temples sous son contrôle "car il est important pour lui de montrer la grandeur de la civilisation khmère", souligne M. Baptiste.

Mais le site d'Angkor est à l'époque encore sous juridiction du Siam qui n'autorise pas l'exportation d'oeuvres. Delaporte négocie avec des chefs locaux siamois, fait des dons et des présents qui lui permettent de ramener des pièces, aujourd'hui dans les collections du musée Guimet.

"Delaporte ne découpe rien", assure M. Baptiste. "Les sculptures khmères sont souvent cassées par négligence ou parce que leur piédestal recelait des objets précieux que des pillards ont voulu récupérer".

"C'est un homme honnête qui n'est pas comparable à Lord Elgin, qui a démonté en 1801 les marbres du Parthénon pour les vendre ensuite au British Museum", selon M. Baptiste.

"Son but est vraiment de faire connaître la beauté et la puissance de l'art khmer". Mais lorsque ses caisses de pièces khmères arrivent en France fin 1874, "personne n'en veut. Le Louvre les refuse", raconte M. Baptiste.

Elles finissent par être envoyées au château de Compiègne où Delaporte se charge d'ouvrir un petit musée d'art khmer, transféré en 1878 au Palais du Trocadéro, après l'exposition universelle de cette même année.

Delaporte repart une dernière fois sur le terrain en 1881 mais tombe gravement malade. Désormais il organisera ses missions depuis Paris. Il dépêche sur place des maîtres-mouleurs avec des instructions précises pour compléter le musée indochinois.

Mais l'homme n'est pas un scientifique et ses hypothèses sur l'art khmer sont critiquées au XXe siècle, avec l'avancée des connaissances.

En 1936, le musée indochinois du Trocadéro est fermé. Les moulages sont emballés et entament une longue errance. Stockés dans de mauvaises conditions, ils échappent de peu à la destruction. Certains ont pu être restaurés pour l'exposition.

Source : AFP

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