Municipales au Kosovo: un test pour la normalisation des relations entre Pristina et Belgrade

  • Le Premier ministre kosovar Hashim Thaçi, le 5 juillet 2013 à Pristina
    Le Premier ministre kosovar Hashim Thaçi, le 5 juillet 2013 à Pristina AFP/Archives - Armend Nimani
  • Le vice-Premier ministre serbe Aleksandar Vucic (c) en visite au monastère orthodoxe serbe, le 1er novembre 2013 à Gracanica, au Kosovo
    Le vice-Premier ministre serbe Aleksandar Vucic (c) en visite au monastère orthodoxe serbe, le 1er novembre 2013 à Gracanica, au Kosovo AFP - Armend Nimani
  • Une affiche électorale pour les municipales à Gracanica, le 1er novembre 2013 au Kosovo
    Une affiche électorale pour les municipales à Gracanica, le 1er novembre 2013 au Kosovo AFP - Armend Nimani
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AFP

Le Kosovo vote dimanche pour renouveler les assemblées municipales, un test pour la mise en œuvre de l'accord de normalisation des relations entre Belgrade et Pristina, un scrutin surveillé de près par l'Union européenne qui le veut "juste et rassembleur".

Le principal enjeu de ces élections organisées par Pristina, sera la participation des Serbes du Kosovo, particulièrement de ceux du nord du territoire qui jusqu'à présent ont toujours rejeté l'autorité kosovare, dont ils ne reconnaissent, pas plus que Belgrade, l'indépendance proclamée en 2008.

Selon le représentant serbe auprès de la commission électorale centrale kosovare, Nenad Rikalo, "dans presque tous les bureaux de vote du nord du Kosovo il y a des problèmes techniques et le vote n'a pas encore commencé".

Plus d'une heure après l'ouverture officielle des bureaux de vote à 06H00 GMT, des journalistes de l'AFP ont constaté dans la partie nord de Kosovska Mitrovica, où les Serbes sont majoritaires, que le vote n'avait pas commencé.

"Je suis venu remplir mon devoir électoral", a dit Konstantin Stijovic, 82 ans, qui comme une dizaine d'autres électeurs patientait devant un bureau de vote.

Le candidat à la mairie de Mitrovica pour l'Initiative civique Srpska, Krstimir Pantic, a imputé ces problèmes à la communauté internationale et aux autorités de Pristina.

"Nous avons informé le gouvernement (serbe) qui demandera des explications à l'OSCE afin que soient créées les conditions pour que ce vote puisse se dérouler dans de bonnes conditions", a dit M. Pantic.

Belgrade a exhorté pendant la campagne électorale les quelque 40.000 Serbes vivant dans le nord du Kosovo, région limitrophe de la Serbie où ils sont majoritaires et où Pristina n'exerce pratiquement aucun contrôle, à prendre part au vote.

Mais les nationalistes qui s'y opposent et appellent au boycottage du scrutin n'ont pas hésité à faire appel à des mesures extrêmes pour décourager la population à voter. Dans la nuit de vendredi à samedi, M. Pantic a été agressé par des inconnus encagoulés, un geste vivement condamné par la communauté internationale.

La Serbie, qui espère ouvrir prochainement ses négociations d'adhésion à l'UE, encourage pour la première fois la participation de la communauté serbe, car le bon déroulement du vote est une condition à remplir avant la poursuite de son rapprochement avec Bruxelles.

Pour Belgrade, à l'issue de ce scrutin les Serbes du Kosovo "obtiendront une confirmation internationale de l'existence d'une Association des municipalités serbes".

Cette association personnifiera le degré d'autonomie prévu pour la communauté serbe au Kosovo par l'accord de Bruxelles, conclu en avril entre Belgrade et Pristina sous parrainage de l'UE. Elle remplacera les institutions de l’Etat serbe dans le nord du Kosovo, dont la présence était considérée comme illégale aussi bien par Pristina que par la communauté internationale.

Selon un sondage réalisé en octobre par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), dans le nord du Kosovo, 15,8% des Serbes assurent qu'ils se rendront aux urnes.

En revanche, 43,5% des Serbes interviewés sont fermement décidés à boycotter le scrutin, répondant ainsi à une campagne très active menée par des partis nationalistes qui ont habilement joué sur le dilemme qu'une participation au vote a suscité auprès de la population locale.

La Pnud a néanmoins qualifié d'"encourageant" le pourcentage de Serbes souhaitant voter lors de ce premier scrutin organisé par Pristina dans le nord.

Pendant la campagne électorale, Belgrade et Pristina se sont accusés mutuellement de manipuler les listes électorales, en dépit d'un accord entre le Premier ministre kosovar Hashim Thaçi et son homologue serbe Ivica Dacic pour permettre aux personnes déplacées dans le sillage du conflit du Kosovo (1998-99) d'être enregistrées pour voter dimanche.

Quant à M. Thaçi, le scrutin sera un test sur sa décision de négocier avec Belgrade cet accord vivement critiqué par l'opposition nationaliste à Pristina, opposée à tout dialogue avec la Serbie avant qu'elle ne reconnaisse l'indépendance du Kosovo.

Dans l'ensemble, quelque 1,7 million d'électeurs seront appelés à choisir entre 102 partis et associations qui briguent le contrôle de 36 municipalités au Kosovo.

Source : AFP

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