Nigeria: Washington classe Boko Haram et Ansaru comme terroristes

  • Capture vidéo du chef de Boko Haram, Aboubakar Shekau, le 3 novembre 2013
    Capture vidéo du chef de Boko Haram, Aboubakar Shekau, le 3 novembre 2013 Boko Haram/AFP/Archives
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AFP

Les Etats-Unis ont inscrit mercredi sur leur liste noire "terroriste" les groupes islamistes armés nigérians Boko Haram et Ansaru pour aider le Nigeria à combattre ces organisations accusées d'être liées à Al-Qaïda au Maghreb islamique.

Le département d'Etat, qui a mis des mois à décider de classer ces groupes en tant qu'"organisations terroristes étrangères", a souligné que cette mesure devait s'accompagner, du côté d'Abuja, d'une stratégie plus large pour éradiquer l'extrémisme islamiste armé dans toute la région.

"Ces désignations sont la démonstration du soutien des Etats-Unis au combat du peuple nigérian contre Boko Haram et Ansaru", a déclaré dans un communiqué le ministère américain des Affaires étrangères, main dans la main avec le Trésor et la Justice pour geler les avoirs et interdire toute transaction entre ces organisations et les Etats-Unis.

Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, est un "partenaire stratégique" des Etats-Unis et les deux pays "se battent ensemble" contre le "terrorisme" islamiste, a assuré un responsable du département d'Etat, dont l'ancienne secrétaire d'Etat Hillary Clinton s'était brièvement rendue à Abuja en août 2012.

Boko Haram est accusé par Washington d'être "responsable de milliers de morts dans le nord-est et le centre du Nigeria ces dernières années". Quant à la faction qui a fait sécession en 2013, Ansaru, elle a "enlevé et tué plusieurs travailleurs étrangers dans le secteur de la construction".

Bien que Boko Haram et Ansaru soient "des organisations terroristes centrées sur le Nigeria", elles sont dorénavant soupçonnées d'entretenir "des liens avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)", selon le département d'Etat. Un diplomate américain a évoqué "des entraînements et un financement limité" fournis par Aqmi à ces groupes nigérians, lesquels regarderaient aujourd'hui au-delà de leurs frontières, vers le Niger et le Mali.

Ce diplomate a cité la responsabilité d'Ansaru dans l'enlèvement en février, à la frontière entre le Cameroun et le Nigeria, de la famille française Moulin-Fournier, finalement libérée en avril.

Exigences sur la lutte antiterroriste

Les Etats-Unis ont également rappelé au Nigeria leurs exigences en matière de lutte antiterroriste.

"Ces désignations représentent un pas important, mais ne sont qu'un outil dans le cadre de l'approche globale du gouvernement nigérian pour combattre ces groupes, laquelle passe aussi par l'application de la loi, par des actions politiques et en matière de développement, ainsi que par un engagement militaire", a argumenté la diplomatie américaine. Washington a souvent critiqué Abuja pour des "violations des droits de l'homme" lors d'offensives militaires depuis le mois de mai contre Boko Haram.

Le président Barack Obama l'avait dit à son homologue Goodluck Jonathan en le recevant en septembre à la Maison Blanche, a rappelé dans un communiqué Lisa Monaco, chargée à la présidence de la Sûreté nationale et du Contreterrorisme.

Reste que le Nigeria, qui réclame un appui régional pour combattre Boko Haram, va devoir continuer à le faire en grande partie seul, déplorent des spécialistes de la région.

Les autorités nigérianes ont demandé au Cameroun frontalier de s'engager plus fermement dans la lutte contre cette sanglante insurrection. Mais la force multinationale chargée de faire respecter l'état d'urgence dans le nord-est du Nigeria n'est composée que de soldats nigérians, épaulés par des troupes du Niger et du Tchad.

Les attaques de Boko Haram, qui prône un islam rigoriste et revendique la création d'un Etat islamique dans le nord du Nigeria, majoritairement musulman, ainsi que la répression des forces de l'ordre, ont fait plusieurs milliers de victimes depuis 2009.

Et l'ONU a annoncé mercredi que plus de 37.000 personnes fuyant les affrontements en cours depuis mai entre armée et islamistes dans le nord du pays avaient trouvé refuge dans le sud-est du Niger.

Source : AFP

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