Philippines: les survivants en deuil cherchent du réconfort à l'église

  • Des survivants en file d'attente pour de l'eau potable le 17 novembre 2013 à Tacloban
    Des survivants en file d'attente pour de l'eau potable le 17 novembre 2013 à Tacloban AFP - Philippe Lopez
  • Des fidèles prient le 17 novembre 2013 pendant la messe à l'église de Santo Nino à Tacloban
    Des fidèles prient le 17 novembre 2013 pendant la messe à l'église de Santo Nino à Tacloban AFP - Nicolas Asfouri
  • Des fidèles communient dans l'église dévastée de Santo Nino le 17 novembre 2013 à Tacloban
    Des fidèles communient dans l'église dévastée de Santo Nino le 17 novembre 2013 à Tacloban AFP - Nicolas Asfouri
  • La foule des fidèles se presse pour assister à la messe le 17 novembre 2013 dans la cathédrale détruite de Palo
    La foule des fidèles se presse pour assister à la messe le 17 novembre 2013 dans la cathédrale détruite de Palo AFP - Odd Andersen
  • L'ancien archevèque de Washington Theodor McCarrick bénit les fidèles le 17 novembre 2013 dans la catédrale détruite de Palo
    L'ancien archevèque de Washington Theodor McCarrick bénit les fidèles le 17 novembre 2013 dans la catédrale détruite de Palo AFP - Odd Andersen
Publié le
AFP

Des survivants en deuil du typhon meurtrier qui a ravagé les Philippines, pays majoritairement catholique, tentaient de trouver un peu de réconfort et d'espoir dimanche dans les églises dévastées.

Neuf jours après le passage de l'un des typhons les plus puissants à avoir jamais touché terre, tuant des milliers de personnes, les cloches ont sonné pour appeler à la messe des fidèles qui se sont ainsi échappés un moment de leur lutte pour la survie dans des îles ravagées où l'aide arrive enfin.

A Guiuan, première ville à avoir été frappée par le typhon Haiyan, quelque 300 personnes se sont rassemblées sur le parvis de l'église de l'Immaculée Conception, édifice de 400 ans très endommagé. Un homme a grimpé en haut du beffroi pour frapper avec une barre de fer sur une énorme cloche qui menace de tomber.

"Je veux remercier le Seigneur. Nous lui avons demandé d'aider tous les survivants du typhon, pour qu'ils puissent manger et continuer à vivre une vie que nous espérons plus heureuse", a commenté à l'AFP Belen Curila, une paroissienne de 71 ans élégamment vêtue. "Le Seigneur a renforcé notre foi et nous a rendus plus forts pour que nous puissions survivre et repartir à zéro".

Lors de cette messe chargée d'émotion, le père Arturo Cablao a salué dans son sermon la force d'esprit de la population privée de tout pendant des jours. Les paroissiens ont écouté debout au milieu des débris, certains pleurant en silence.

Environ 80% des 100 millions de Philippins sont catholiques, héritage de la colonisation espagnole. Et des témoignages de leur foi s'étalaient dimanche à travers les îles du centre du pays dévastées.

A Tacloban, capitale de l'île de Leyte et l'une des villes les plus meurtries, des centaines de fidèles se sont pressés sur les bancs détrempés de l'église Santo Nino, édifice de 124 ans qui a perdu son toit. Après la messe, Violeta Simbulan, 63 ans, se sent réconfortée par le sermon assurant que Dieu serait toujours là. "Oui, je suis rassurée, aussi longtemps que je garde la foi, et que je prie constamment".

L'aide prend son envol

Pendant ce temps, les opérations d'assistance se poursuivaient à un rythme désormais soutenu après les critiques sur la lenteur de l'aide qui a mis des jours à enfin parvenir aux sinistrés affamés. "Le défi est d'assurer que nous apportions toutes les provisions qui arrivent au maximum de personnes possible. C'était plutôt lent au début, mais cela se redresse bien", a indiqué dimanche à l'AFP Samir Wanmali, coordinateur d'urgence du Programme alimentaire mondial de l'ONU (PAM).

Cette accélération a notamment été permise par l'arrivée jeudi soir du porte-avions américain George Washington et de ses milliers de marins. Hélicoptères et avions américains conduisent depuis des navettes incessantes pour apporter nourriture, eau et tentes à ceux qui en ont besoin à Tacloban, mais aussi dans des zones isolées.

Un navire de guerre britannique doit en outre arriver dimanche de Singapour et Londres a annoncé également le déploiement d'un porte-hélicoptères, attendu d'ici le 25 novembre. Tokyo va de son côté envoyer 1.200 soldats, avec trois navires et 16 avions et hélicoptères.

Le dernier bilan du gouvernement fait état de 3.681 morts et de 1.186 disparus. Celui de l'ONU de près de 4.500 morts. Mais dans cette situation d'apocalypse où des corps gisent toujours dans les rues, le nombre de victimes pourrait grimper.

Selon les Nations unies, 9 à 13 millions de personnes ont été touchées par le typhon et 3 millions ont été déplacées.

Si beaucoup de Philippins cherchaient dimanche un réconfort dans la religion, pour d'autres, l'ampleur de la tragédie était en revanche un test de leur foi.

Les fidèles ne cessent de demander pourquoi la catastrophe s'est produite, a indiqué le père Edwin Bacaltos, de l'église rédemptoriste de Tacloban. "Je ne leur ai pas donné de réponse théologique. J'ai simplement écouté en restant silencieux. Ce n'est pas le moment de raisonner".

Le prêtre a lui aussi eu du mal à affronter la situation, fondant en larmes pendant la première messe après le typhon dimanche dernier. "J'ai vu tellement de morts. Ils étaient juste là", a-t-il indiqué en montrant le rivage, alors que de nombreux habitants ont été emportés par les vagues géantes provoquées par le typhon.

"Mais ce n'est pas une punition de Dieu. Je leur ai dit que Dieu nous aime toujours. Parce que Dieu est compatissant. Il ne nous abandonnera pas".

Source : AFP

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