La Scala lance sa saison avec une Traviata contestée

  • Des policiers devant la Scala de Milan le soir de l'ouverture de la saison 2013/2014, le 7 décembre 2013
    Des policiers devant la Scala de Milan le soir de l'ouverture de la saison 2013/2014, le 7 décembre 2013 AFP - Giuseppe Cacace
  • Le chef-d'orchestre italien Daniele Gatti, le 17 octobre 2007 à Paris
    Le chef-d'orchestre italien Daniele Gatti, le 17 octobre 2007 à Paris AFP/Archives - Stephane de Sakutin
  • Photo fournie par la Scala de Milan montrant une répétition de La Traviata le 1er décembre 2013
    Photo fournie par la Scala de Milan montrant une répétition de La Traviata le 1er décembre 2013 La Scala/AFP - -
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AFP

La Scala de Milan a ouvert samedi sa saison 2013/2014 avec La Traviata, l'une des oeuvres les plus populaires de Giuseppe Verdi et quasiment sacrée aux yeux des Italiens, mais dans une mise en scène qui a divisé le public.

Comme chaque 7 décembre, jour de la Saint-Ambroise, le patron de la ville, hommes politiques, banquiers, vedettes et haute société milanaise, en grande tenue, se sont pressés autour des velours grenat du célèbre théâtre milanais pour assister au début de sa saison lyrique.

Avant l'hymne national, l'assistance a observé une minute de silence en hommage à Nelson Mandela. Le surintendant de la Scala Stéphane Lissner a dédié la soirée à l'ancien président sud-africain. "Cela s'imposait. Il faut tenir compte de ce qui se passe dans le monde", a-t-il dit.

Le choix de La Traviata, inspirée de la pièce La Dame aux Camélias d'Alexandre Dumas fils entre dans le cadre des célébrations du bicentenaire de la naissance de Verdi, compositeur qui jouit en Italie d'un statut de héros national.

Le rôle-titre fut assuré de manière émouvante par la soprano allemande Diana Damrau et celui de son amant Alfredo Germont par le ténor polonais Piotr Beczala, tandis que la baguette était tenue par le chef d'orchestre milanais Daniele Gatti. Tous ont été chaleureusement applaudis.

En revanche, la mise en scène du Russe Dimitri Tcherniakov, qui avait opté pour des décors intégralement en intérieur et des costumes modernes et en partie fantaisistes, a été sifflée par une partie du public qui n'a peut-être pas apprécié de voir le ténor en cuisine, un rouleau à pâtisserie dans les mains.

Le metteur en scène ne s'est pourtant pas formalisé de cette réaction: "Je sais que cela arrive très souvent ici (à la Scala). J'étais préparé psychologiquement. C'est une réaction normale, humaine. Chacun doit réagir comme il le souhaite", a-t-il dit à l'AFP après la représentation.

De fait, le statut de La Traviata en Italie se rapproche de celui de "l'Ecriture sainte", avait-il plaisanté auparavant. Sa mise en scène visait à mettre l'accent sur l'exploration de l'amour plutôt que sur les questions sociales comme le statut de la courtisane Violetta.

M. Lissner a lui aussi relativisé la réaction du public. "Les talibans sont partout", a-t-il plaisanté, se disant pour sa part "très heureux de la soirée". "Les contestations sont venues des traditionnalistes, mais ce sont des choses normales, j'en attendais encore plus", a-t-il dit.

Ces derniers jours, tout Milan avait pu sentir monter la "fièvre" de La Traviata. Parmi les différentes initiatives réunies sous le nom de "Violetta in città", la mairie a troqué la musique habituelle de son standard téléphonique pour l'une des plus célèbres arias de l’œuvre.

Outre les grands patrons comme le président de Fiat John Elkann et les hommes politiques, dont le président italien Giorgio Napolitano et celui de la Commission européenne José Manuel Barroso, le public a pu apercevoir samedi soir des célébrités comme Giorgio Armani, qui n'avait plus assisté à une première depuis 13 ans.

La styliste Raffaella Curiel, qui depuis des décennies conçoit des robes pour les premières de la Scala, s'était agacée avant la représentation de la "sobriété" annoncée de la soirée.

"Avec cette manie de la rigueur, de ne pas montrer les fourrures, les bijoux, la richesse, les gens qui en ont les moyens ne dépensent plus. Si même pour une Première, on remet des robes d'il y a dix ans, l'Italie ne peut pas repartir", avait-elle déploré.

Comme chaque année, les syndicats ont eux aussi saisi l'occasion pour se faire entendre organisant place de la Scala un "contre-opéra flash" inspiré de La Traviata mais dépeignant les déboires de l'Italie.

La saison à peine inaugurée ouvrira par ailleurs une ère nouvelle avec le départ l'été prochain de Stéphane Lissner, appelé à prendre les rênes de l'Opéra de Paris, suivi de celui début 2015 du directeur musical Daniel Barenboïm.

Malgré l'imminence de ces changements, M. Lissner a dit n'éprouver "aucune tristesse". "Pour ce qui est de la Scala, le message que je voudrais faire passer à travers cette Traviata, c'est +Regardez vers l'avenir+", a-t-il expliqué, assurant avoir lui-même "plein de projets" pour l'Opéra de Paris.

Source : AFP

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