Serge Lask, calligraphe de la Shoah et de l’absence

  • L'expsotion d'une partie de l'oeuvre de Serge Lask se poursuit jusqu'au 20 février.
    L'expsotion d'une partie de l'oeuvre de Serge Lask se poursuit jusqu'au 20 février. ML
Publié le , mis à jour
Myriam Laffont

Art. À l’occasion du mémoire d’une étudiante en histoire de l’art, «Approche monographique de Serge Lask», la Menuiserie invite à redécouvrir l’œuvre singulière et poignante du peintre, disparu en 2002.

Juive polonaise, sa mère n’est pas revenue d’Auschwitz. Devenue peintre, Serge Lask ne tournera jamais la page, remplissant ses toiles de litanies calligraphiées, peignant le yiddish, cette langue maternelle perdue qu’il ne parlait pas. Devant ces rouleaux, écrits sombrement en lettres d’absence, on se tait, sidéré, étranglé, plongé dans le gouffre de la Shoah. Dans le Musée juif de Berlin, l’étroite et haute salle plombée, à peine éclairée d’un improbable et inatteignable rayon de lumière, est un passage initiatique violent et nécessaire.

Approcher ainsi la Shoah, c’est devenir le tambour vibrant de ces millions de vies piétinées, c’est ressentir la barbarie et ne pas retenir ses larmes, versées au mémorial. Il y a de cet uppercut profond dans l’œuvre de Serge Lask. On n’en sort pas indemne. René Duran écrivait peu de temps avant sa mort, en 2002, que Lask était un "peintre déchirant". Plasticien, musicien, penseur, agitateur culturel, René Duran se souvient : "C’était un copain, pas un grand parleur, un taiseux tortueux et tourmenté. L’accroche du local tel que je le défends, il le partageait." C’est à la galerie Foch en 1990 que René rencontre le travail de Lask, le scénographe parisien retiré aux portes de Rodez.

 Mostra del Larzac 

La découvreuse de talents, Jeanne Ferrieu, préside à cette première exposition. Suivront ensuite les participations régulières aux Mostra del Larzac de Félix Castan. Puis l’exposition dans le restaurant toulousain de la fille de Castan. Client, le réalisateur Izzy Morgenztern tourne et diffuse sur Arte un documentaire, Lask entre dans la collection du musée d’art et d’histoire du judaïsme de Paris. "À quelques semaines de sa mort, ce créateur de la Shoah est devenu important et a eu la reconnaissance médiatique."

"N’appréhender que le créateur de la Shoah est réducteur", nuance Carmen Lacombe, l’étudiante en histoire de l’art qui a consacré son mémoire à Serge Lask. Fils d’un père tailleur et d’une mère costumière, le peintre développe des techniques artistiques singulières et personnelles, son œuvre gravée dans la fibre et le textile. "Il était plus qu’un artiste juif, c’était également un artiste tailleur."

Un ensemble d’œuvres et de documents est à voir à la Menuiserie jusqu’au 20 février, 7 jours sur 7, sur rendez-vous pris au 0680020129.

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