"Quenelle" à l'école juive Ozar Hatorah à Toulouse: un homme interpellé

  • Des policiers devant l'école juive Ozar Hatorah le 19 mars 2012 à Toulouse
    Des policiers devant l'école juive Ozar Hatorah le 19 mars 2012 à Toulouse AFP/Archives - Remy Gabalda
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AFP

Un dessinateur ayant fait des juifs sa principale cible et gravitant dans la sphère de Dieudonné a été interpellé mardi pour son implication dans la diffusion d'une photo montrant un individu réalisant une "quenelle" devant l'école juive Ozar Hatorah de Toulouse, théâtre d'une des tueries de Merah.

L'homme de 32 ans - de son vrai nom Noël Gérard mais surnommé Joe le Corbeau - a été interpellé mardi matin dans la région de Marseille.

Placé en garde à vue à la gendarmerie de Belcodène (Bouches-du-Rhône), il a ensuite été transporté vers Toulouse où il devait être présenté au parquet dans la soirée, a-t-on appris de sources proches de l'enquête.

S'il était poursuivi, il s'agirait d'une des premières mises en cause judiciaires touchant à la réalisation du geste de la "quenelle", popularisé par l'humoriste controversé Dieudonné.

Joe le Corbeau se présente comme un dessinateur satirique, défendant clairement les positions de Dieudonné et de l'essayiste proche de l'extrême droite Alain Soral. Sous couvert d'"antisionisme" revendiqué, ses illustrations font des juifs sa principale cible.

Il est mis en cause pour avoir diffusé sur internet une photo montrant un individu réalisant une "quenelle" devant l'école juive Ozar Hatorah (rebaptisée Ohr Torah) à Toulouse: le lieu où, en 2012, Mohamed Merah, petit délinquant converti à l'islamisme radical, avait assassiné au nom du jihad trois enfants juifs de 4, 5 et 8 ans et un enseignant.

La "quenelle" est dénoncée comme un salut nazi inversé par ses détracteurs. La diffusion d'une photographie du geste devant le lieu du quadruple assassinat avait soulevé l'indignation, notamment de la communauté juive de Toulouse. Joe le Corbeau est également soupçonné d'avoir diffusé un cliché du même homme dans la même posture, pris devant l'appartement où Merah avait été abattu.

Les policiers auront mis plus de temps qu'ils ne le pensaient avant d'interpeller le dessinateur, se heurtant à des obstacles juridiques dans leur demande de collaboration de la part des réseaux sociaux qu'il utilisait.

Son domicile a été perquisitionné et des ordinateurs saisis. Les enquêteurs espèrent pouvoir remonter jusqu'à l'individu ayant fait le geste de la "quenelle" sur les photos, pas encore identifié.

Perquisitions chez Dieudonné le même jour

Sur sa page facebook, Joe le Corbeau affirme que "le monde occidental est infiltré par le sionisme" et "les médias de masse tous aux ordres d’Israël". Il invite notamment à acheter son recueil de dessins intitulé "Shoah hebdo".

L'interpellation a eu lieu le même jour que des perquisitions des propriétés de Dieudonné et du théâtre où il se produit, dans le cadre d'une enquête préliminaire pour organisation frauduleuse d'insolvabilité, blanchiment et abus de biens sociaux.

Sur le site Joelecorbeau.com, la nouvelle de son interpellation a été annoncée sous le titre "arrêté et déporté!". Et sur le compte Twitter @quenellelien, a été aussitôt diffusée la photo d'une vingtaine de Toulousains faisant, sur la Place du Capitole, une "quenelle" en soutien à Dieudonné et Joe le Corbeau.

Pour la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), "accomplir le geste de la quenelle devant l'école Ozar Hatorah, une synagogue ou un camp de concentration, signe un acte clairement antisémite". "Nous souhaitons que leurs auteurs soient poursuivis", a souligné le président de la Licra, Alain Jakubowicz. Pour autant, la Licra n'entend pas "jeter l'anathème sur toutes les personnes qui font ce geste stupide pour des raisons variées".

Début janvier, deux lycéens de l'Essonne avaient été brièvement placés en garde à vue pour la photographie d'une "quenelle" dans leur établissement scolaire. Ils disaient l'avoir faite "contre la société" et "pour s'amuser".

Interrogé sur le cas d'école que pourraient constituer des poursuites pour une "quenelle", le procureur de Toulouse Michel Valet a répondu que l'affaire posait des questions de droit comme toutes les autres.

"J'ai tendance à voir les choses simplement: +j'ai une infraction pénale ou pas+; si j'ai une infraction pénale, +mérite-t-elle des poursuites et sous quelle forme?+", a dit le procureur qui entend traiter la chose de la manière "la plus incontestable".

Source : AFP

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