Agricultures : "Mes seules patronnes, ce sont mes fèdes!"

  • Malgré les 365 jours de travail, la rude période des agnelages et la traite, «Mika» se sent libre.
    Malgré les 365 jours de travail, la rude période des agnelages et la traite, «Mika» se sent libre. DL
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Centre Presse Aveyron

Élevage. Un an après avoir reçu le premier prix des Nouveaux installés au Salon de l’agriculture, retour sur l’exploitation de Mikaël Marre, éleveur à Clairvaux. Il a perçu ce trophée comme une reconnaissance et un encouragement.

Bien dans sa peau. C’est la première impression que dégage Mikaël Marre quand on le rencontre dans sa bergerie située au lieu-dit Régis, entre Les Farguettes et Clairvaux. Là, au milieu de ses 300 superbes brebis laitières de race lacaune, on le sent dans son élément, serein et comblé. Pourtant, il fallait oser, voici à peine quatre ans, reprendre une exploitation dans le cadre d’une installation «hors cadre». Ce qui, dans le jargon administratif, signifie que «Mika» (ainsi que le surnomment ses potes) n’était pas un «fils de», contrairement à la plupart des jeunes qui s’installent sur le foncier de leurs parents.

De l’autre côté de la barrière 

Lui a dû tout acheter à crédit: les 55 hectares de terre, les bâtiments, le matériel agricole et le troupeau de 300 brebis laitières. Et dont la production était déjà destinée à la laiterie toute proche du «Vieux Berger», le plus petit des industriels de Roquefort dont les pains confectionnés de façon artisanale sont affinés dans les célèbres caves du Combalou.

Mikaël Marre avait eu un coup de cœur pour cette exploitation alors qu’il était encore de l’autre côté de la barrière. Car après un bac S obtenu au lycée Sainte-Procule de Rodez puis une solide formation agricole au lycée La Roque couronnée par un BTS en production animale en 2005, le jeune homme, faute de disposer d’un outil de production, s’était mis au service des éleveurs en travaillant au sein de l’Unotec (Union ovine technique) une coopérative spécialisée dans l’appui technique et le contrôle laitier. C’est de la sorte que Mika a fait la connaissance de Roger et Lucienne Redoulès, au Régis.

Virus

Le courant est passé. Le jeune conseiller a alors décidé de mettre un premier pied dans son rêve, en devenant le salarié de ces deux éleveurs proches de la retraite.  En 2009 il mettait au Régis son second pied et devenait ainsi le paysan qu’il avait toujours rêvé d’être sans jamais vraiment oser le croire possible. Lui qui depuis tout gamin se souvient avoir contracté ce virus auprès d’un oncle éleveur.

325 litres par an

Depuis son installation, Mikaël a mis son savoir au service de son ambition. «[CIT]J’ai investi dans la génétique pour améliorer les performances laitières de mon troupeau»[/CIT], dit-il comme si cela tombait sous le sens. Et, de fait, les performances n’ont pas tardé à suivre: entre 2009 et 2012, la production moyenne de ses brebis est ainsi passée de 240 à 325 litres par an! C’est ce résultat qui lui a d’ailleurs valu de recevoir le trophée de l’élevage, l’an dernier à Paris.

Mais si cette reconnaissance lui a fait chaud au cœur, il y a quelque chose qui le réconforte d’avantage encore. C’est quand il est auprès de ses brebis, sur lesquelles il suffit de jeter un œil pour voir combien elles sont bichonnées. Là, malgré les 365 jours de travail, la rude période des agnelages et la traite qu’il faut accomplir dès 6h30 chaque matin puis à 19 heures chaque soir, Mika se sent libre. "Mes fèdes, ce sont mes seules patronnes !", glisse-t-il en esquissant un timide sourire. Visiblement, elles lui rendent bien.

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