Venezuela : à coups de casseroles, l'opposition mobilise contre les pénuries

  • Des opposants au gouvernement du président Nicolas Maduro manifestent à Caracas le 8 mars 2014
    Des opposants au gouvernement du président Nicolas Maduro manifestent à Caracas le 8 mars 2014 AFP - Juan Barreto
  • Des opposants au gouvernement du président Nicolas Maduro manifestent à Caracas le 8 mars 2014
    Des opposants au gouvernement du président Nicolas Maduro manifestent à Caracas le 8 mars 2014 AFP - Juan Barreto
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AFP

Casseroles vides à la main, des milliers d'opposants étaient rassemblés samedi à la mi-journée dans les rues de Caracas et de plusieurs villes du Venezuela contre les pénuries dans un pays secoué depuis un mois par des tensions.

"Il n'y en a pas, il n'en y a pas, il n'y en a pas", pouvait-on lire sur une pancarte brandie dans le cortège de la capitale, constitué majoritairement de femmes, en allusion aux pénuries chroniques dans ce riche pays pétrolier.

Ces "cacerolazos" (concert de casseroles, tradition sud-américaine consistant à signifier son mécontentement en tapant sur des casseroles) ont été organisés notamment par la principale figure de l'opposition, le gouverneur Henrique Capriles, battu d'à peine 1,5 point par l'actuel président Nicolas Maduro à la présidentielle d'avril 2013.

Cette "grande mobilisation nationale contre les pénuries (...) qui touchent tous les Vénézuéliens", comme il l'a écrit sur Twitter, se déroulait à Caracas à proximité du ministère de l'Alimentation, situé dans le centre-ville, dans un quartier "chaviste" (du nom de l'ancien président Hugo Chavez).

Mais le maire de la zone, Jorge Rodriguez, a annoncé en avoir refusé l'accès, arguant d'un risque de violences : "Libertador est un quartier de paix et exempt de fascisme et nous le garderons ainsi", a déclaré ce proche du président Maduro.

L'AFP a pu constater samedi que les abords du ministère étaient placés sous très haute protection policière.

"Je ne trouve ni lait, ni beurre, ni couches, ni farine, ni sucre, ni riz. Je ne peux pas sortir dans la rue à cause de l'insécurité et ma fille a peur d'aller aux toilettes parce qu'elle craint l'entrée de voleurs", a raconté à l'AFP Alexandra Fernández, mère au foyer de 39 ans résidant dans le centre de Caracas.

Cette nouvelle mobilisation de l'opposition intervient dans un climat de tension constant depuis que des étudiants ont commencé à protester contre le gouvernement Maduro début février, sur le thème de l'insécurité, puis de l'inflation et des pénuries.

Les mobilisations quotidiennes ont souvent dégénéré en violences dont le bilan s'établit à 20 morts, au moins 300 blessés, tandis que de nombreux abus policiers ont été dénoncés.

Membre de l'aile radicale de l'opposition, Antonio Ledezma, maire de la métropole de Caracas, a appelé sur les réseaux sociaux à "prendre Caracas pacifiquement".

En face, le président Maduro - héritier politique et spirituel du charismatique Hugo Chavez, décédé il y a un an - a convoqué "une grande journée nationale avec les femmes".

Si une partie de la rue vénézuélienne se mobilise régulièrement depuis plus d'un mois, le principal rassemblement de masse s'est déroulé à l'appel de M. Capriles, qui a réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes à Caracas le 22 février.

- Pénuries et inflation -

Au Venezuela, pays disposant des plus importantes réserves de pétrole au monde où l'inflation dépasse les 56%, on fait le plein de sa voiture pour quelques centimes d'euros. Mais mettre la main sur du papier-toilette, de la farine, du lait ou des pièces détachées automobile est une gageure en raison de pénuries récurrentes de produits d'importation, particulièrement en province.

L'Etat de Tachira, à la frontière avec la Colombie, est le berceau de cette contestation née le 4 février à la suite de la tentative de viol d'une étudiante sur le campus, dans un pays où l'on dénombre en moyenne 65 meurtres par jour (pour 29 millions d'habitants), selon l'ONG locale Observatoire de la violence.

Sans rejeter les mobilisations de rue, qu'il appelle à "canaliser", Henrique Capriles s'est démarqué de la stratégie de la tension prônée par certains opposants radicaux, estimant que "les conditions n'étaient pas réunies" pour faire tomber le gouvernement.

"Capriles était très réticent face à la mobilisation, parce qu'on sait comment cela commence mais pas comment cela se termine, mais c'est la seule voie, cela s'est propagé à tout le pays et il l'a compris", a commenté à l'AFP Mercedes Pulido de Briceño, analyste politique à l'Université catholique.

Selon elle, ces "cacerolazos" pourraient donner l'occasion aux secteurs populaires, qui jusqu'à présent "protestent silencieusement", de se joindre au mouvement et de sortir dans la rue dans les quartiers pauvres sans craindre de représailles des "collectifs" chavistes, ces groupes de civils pro-gouvernement accusés d'avoir attaqué des cortèges d'opposants à l'arme à feu.

Source : AFP

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