Depuis Toulouse, Météopole fait la pluie et le beau temps

  • Le centre de prévisions de Toulouse est en activité vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
    Le centre de prévisions de Toulouse est en activité vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Philippe Routhe
Publié le , mis à jour
Philippe Routhe

Météorologie. A Toulouse, le centre de Météo France délivre les informations destinées à établir les prévisions du temps, scrutées tous les jours par des millions de personnes. Immersion au cœur de la recherche climatologique. 

Dans le silence d’un désert sans vent, ils consultent leurs double ou triple écrans. Sur lesquels défilent des cartes, des courbes, des couleurs froides, chaudes... Par tranche de douze heures, ils ne les quittent pas des yeux, leur faisant plus confiance que la couleur du ciel. Ils analysent une multitude de données avant de délivrer la prévision météorologique la plus juste. Ils avancent avec exactitude la pluie, le beau temps ou le vent qu’il fera dans les trois jours et demi qui viennent. Les jours suivant, dans leur jargon, sont des prévisions probabilistes. Bienvenue au centre de prévision de Météo France de Toulouse, à la Météopole. C’est d’ici que s’envolent les informations traduites quotidiennement sur les chaînes de télévision, les radios, les journaux ou les sites internet pour satisfaire l’attente ou la curiosité de millions de personnes. C’est aussi des bords de la Garonne que la météo marine et la surveillance météorologique du ciel s’effectuent, 24h sur 24.

600 prévisionnistes, 300 chercheurs et un supercalculateur

C’est toute une chaîne humaine, scientifique et numérique qui est organisée sur ce site de 45 hectares, à un petit vol d’oiseau de l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Sept centres régionaux disséminés dans toute la France dépendent de cet épicentre de la météo en France, dans lequel on ne circule jamais sans un badge autour du cou.
Et le socle de cet assemblage méticuleux, c’est désormais "Bullx". Le nouveau supercalculateur dont vient se doter Météo France. D’ici à 2015, cette machine va multiplier par douze les capacités de calculs, pour atteindre la somme vertigineuse d’un million de milliards de calculs à la seconde! Une capacité qui sera multipliée par trois dans les trois ou quatre années à venir. "Car c’est à partir du temps qu’il fait que nous calculons le temps qu’il va faire", rappelle Jean-Claude Carrière, à la tête des six cents prévisionnistes de Météo France. Avec une machine qui affine jusqu’à huit fois par jour ses points de calculs (ils ne seront bientôt plus plantés tous les 2,5 km, mais chaque 1,3 km), Météo France pourra bientôt prévoir une météo exacte à quatre jours. Que ce soit dans une vallée des Alpes ou sur une plage de la côte atlantique.

Bientôt 40 millions d'observations par jour

On devine toutes les perspectives que cela ouvre, notamment pour les phénomènes dangereux. Cette "perle informatique" fait aussi le bonheur des trois cents chercheurs de Météo France, placés sous la houlette de Philippe Bougeault. "Ce n’est que 10% du personnel de Météo France, mais nous utilisons 60% du calculateur", relate-t-il. Passer de vingt millions d’observations par jour à quarante d’ici à 2016 est un des objectifs que se sont fixés les chercheurs grâce à cette ["supermachine."  De quoi confirmer plus précisément encore que les périodes chaudes seront plus longues et plus intenses. Des scénarios les plus optimistes aux plus pessimistes, les chercheurs restent froids devant les chiffres. "La température moyenne est de 14 degrés aujourd’hui, elle sera de 18 degrés en 2100 dans le scénario le plus critique."  Carte à l’appui, Philippe Bougeault lance encore: "Nous en sommes plus à parler d’indice de confiance de nos prévisions que d’incertitudes..."
Tout cela désormais avec l’aide d’une machine refroidie en permanence par un système liquide et une soufflerie assourdissante. Loin du silence dans lequel planchent les chercheurs et prévisionnistes de Météo France.
 

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