Municipales: Hollande désavoué, remaniement peut-être dans la journée

  • Francois Hollande sur le perron de l'Elysée le 26 mars 2014
    Francois Hollande sur le perron de l'Elysée le 26 mars 2014 AFP/Archives - Alain Jocard
  • Carte de France avec les résultats officiels à 01h00 dans 101 préfectures de département et 41 villes de +100 00 habitant
    Carte de France avec les résultats officiels à 01h00 dans 101 préfectures de département et 41 villes de +100 00 habitant AFP - L. Saubadu/S. Ramis, -
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AFP

Après deux ans de mandat, François Hollande a subi dimanche un cinglant désaveu, avec la déroute des socialistes aux municipales et la victoire de la droite et du FN, auquel il pourrait répondre par un remaniement peut-être dès lundi.

A l'issue de son premier test électoral depuis son arrivée à l’Élysée, en mai 2012, le chef de l’État, à l'impopularité record, se retrouve pris dans un étau, la droite mais aussi une grande partie de la gauche l'appelant à changer de cap politique.

Toulouse, Angers, Reims, Limoges, Quimper, Caen, Saint-Etienne, Roubaix, Tourcoing... Au fil de la soirée les pertes pour le PS s'accumulaient à mesure qu'arrivaient les résultats. A Bobigny, en région parisienne, un UDI a mis fin à un siècle de gestion communiste, exemple emblématique de la progression de la droite jusque dans l'ancienne banlieue rouge de la Seine-Saint-Denis.

"Il s'agit bien d'une défaite locale et nationale pour la gauche et le gouvernement", a reconnu sans ambages le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, parmi les personnalités pressenties pour Matignon, tandis que quatre courants du PS ont donné rendez-vous aux députés lundi à l'Assemblée nationale pour demander "une réorientation" de la politique menée et aborder la question de la confiance au prochain gouvernement.

"Après ce sinistre politique majeur, la confiance n'est pas automatique", a prévenu Christian Paul, député PS, de la Nièvre.

François Hollande paie notamment très cher son incapacité à inverser, comme il l'avait promis, la courbe du chômage. Le nombre de demandeurs d'emplois a atteint en février le chiffre record de 3,34 millions.

L'ampleur de la déconvenue socialiste renforce l'hypothèse d'un remaniement ministériel rapide, peut-être dès lundi, la grande inconnue demeurant le sort de Jean-Marc Ayrault. Dès dimanche soir, celui-ci a estimé que "le message clair des électeurs" devait être "pleinement entendu".

"C'est une défaite, on ne va pas barguigner", glissait dimanche soir un proche du chef de l’État.

"Une véritable catastrophe"

"Ce premier test pour François Hollande a été une véritable catastrophe, la victoire de 2008 a été complètement effacée", a jugé Frédéric Dabi de l'Ifop. Sur fond d'abstention record (36,3%), la gauche a perdu "155 villes de plus de 9.000 habitants", selon des données provisoires communiquées par le ministère de l'Intérieur à 23H30.

Le président de l'UMP Jean-François Copé a salué "une vague bleue" avec, de fait, la "première grande victoire" de son parti à une élection locale. La droite les avait toutes perdues sous le quinquennat Sarkozy à partir des municipales de 2008.

"La France gronde et accuse" Hollande, a lancé l'ex-Premier ministre François Fillon. Ségolène Royal, ex-compagne du président, citée comme possible entrante au gouvernement, a appelé à prendre "très au sérieux" cet "avertissement très sévère". C'est "un jour de tristesse pour les tous les socialistes", a lâché François Rebsamen, chef des sénateurs socialistes, qui sauve son fauteuil de maire à Dijon.

En Seine-Saint-Denis, outre Bobigny, la droite remporte Saint-Ouen, Aulnay-sous-Bois. L'UMP reprend Asnières-sur-Seine (92) à 70 voix près et Argenteuil, dans le Val d'Oise, de justesse également.

Metz et Strasbourg in extremis, Lyon, Rennes, Nantes et Paris de façon plus attendue sont conservés par le Parti socialiste, même si dans la capitale, la victoire d'Anne Hidalgo est ternie par la perte d'un arrondissement (la droite en gérera désormais neuf sur 20) et d'une dizaine de sièges pour la gauche.

Une des performances les plus spectaculaires de ce second tour est plutôt à mettre au crédit d'Europe Ecologie-les Verts, qui enlève Grenoble (160.000 hab) au PS, compensant la perte de Montreuil (100.000 hab) où Dominique Voynet ne se représentait pas et qui revient au Front de gauche.

A Avignon, où le Front national était arrivé en tête du premier tour, Cécile Helle (PS) fait basculer la ville à gauche.

Réalisant une percée historique en 42 ans d'existence, le Front national l'emporte toutefois dans une douzaine de villes dont Béziers, avec Robert Ménard, Fréjus (Var), Villers-Cotterêts (Aisne), Le Pontet (Vaucluse), Beaucaire (Gard), le Luc (Var), Hayange (Moselle), Cogolin (Var) et dans le 7e secteur de Marseille. La victoire de Steeve Briois à Hénin-Beaumont avait été acquise dès le premier tour.

Déroute du PS à Marseille

"Nous passons clairement à une nouvelle étape", s'est félicitée Marine Le Pen, la présidente du parti.

Malgré les échecs de Louis Aliot à Perpignan et de Florian Philippot à Forbach, le résultat de ce second tour est "idéal pour le FN", a commenté pour l'AFP le chercheur Sylvain Crépon. Avec des victoires réparties dans tout le pays, y compris l'Ile de France(Mantes-la-Ville), "ils couvrent des problématiques sociologiques, économiques assez vastes. Symboliquement, emblématiquement, pour eux c'est bien", selon l’universitaire spécialisé.

La gauche a échoué à provoquer un sursaut de mobilisation de son électorat pour tenter de limiter les dégâts. Elle a perdu dimanche sa position de premier pouvoir local au profit de la droite qui efface ses pertes de 2008. En 2008 la gauche avait gagné 82 villes de plus de 10.000 habitants sur la droite (118 gagnées, 36 perdues).

Signe de la progression de l'opposition, l'UDI de Jean-Louis Borloo gère désormais plus de 100 villes moyennes (au moins 9.000 habitants), a annoncé Yves Jégo.

A Marseille, la défaite a pris aussi des allures de déroute. Avec 42,39% des voix malgré le maintien du FN, le maire sortant UMP Jean-Claude Gaudin est arrivé largement devant son adversaire PS Patrick Mennucci, raflant surtout six secteurs sur huit (contre quatre auparavant). Dans le même département, l'UMP a conservé Aix et ravi Salon-de-Provence au PS.

Parmi les ministres candidats défaits figurent également Guillaume Garot, Pierre Moscovici, François Lamy et Victorin Lurel (au 1er tour).

Source : AFP

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