Figure des marchés, Romain Solanas met sa gouaille en alexandrins

  • Romain Solanas,  17.500 marchés et une âme de poète, raconte ses tranches de vie dans un livre publié cette semaine.
    Romain Solanas, 17.500 marchés et une âme de poète, raconte ses tranches de vie dans un livre publié cette semaine. Didier Labertrandie
Publié le
Centre Presse Aveyron

Portrait. Le truculent et chaleureux Romain Solanas, l’homme aux 17.500 marchés, dévoile aujourd’hui à la CCI de Rodez son premier livre, entièrement écrit en alexandrins. Et derrière la force du témoignage surgit soudain le poète…

C’est sans aucun doute la personnalité qui aura le plus marqué les foires et marchés aveyronnais du siècle dernier. Et alors que Romain Solanas a définitivement plié ses étals d’où s’échappaient parfums d’olives épicées, charcutailles et morue séchée, sa voix semble résonner encore derrière la cathédrale, ou encore place du Bourg, autant que sur les places Decaze et au pied de la collégiale à Villefranche-de-Rouergue. L’ancien commerçant non sédentaire a fait ses comptes : en plus de 40 ans d’activité foraine, il aura animé quelque 17.500 marchés !
Autant dire qu’il a ça dans le sang : "Je n’ai pratiquement jamais pris de congés, mis à part une poignée de jours par an car pour moi, les foires et marchés, c’était comme des vacances!"  Et il suffit de l’avoir vu à l’œuvre une fois pour savoir combien l’homme pratiquait sa profession avec passion. Qu’il pleuve, qu’il neige, gèle ou vente, toujours fidèle au poste, et toujours sa voix rocailleuse portant loin et haut. Avec, déjà quelques alexandrins pour agrémenter l’ambiance. Romain Solanas avoue qu’il a dévoré Hugo durant toute son adolescence, et, aujourd’hui encore, il peut citer de mémoire en de longues tirades La Légende des Siècles.

"Les plus noirs des nuages n'ont jamais éteint mes soleils"

Bonne école pour faire chanter un marché, provoquer des éclats de rire, arracher un sourire au passant le plus fermé, jouer des complicités et lancer des blagues vers ceux qui avaient la chance de disposer d’un emplacement à proximité. Une gouaille et un verbe, mais aussi une volonté de fer et une conscience professionnelle qui lui ont valu la reconnaissance de ses pairs, lui qui présida avec la même fougue leur syndicat.
Voilà tout ce que Romain Solanas a voulu coucher sur le papier. Raconter une vie, depuis la naissance de cet enfant de républicain espagnol, trop vite orphelin, durant ces "années de plomb". Et jusqu’à son accomplissement, forain reconnu pour sa verve et son efficacité, en passant par ces "années mandarine" quand ne l’attendait que ce fruit sous le sapin de Noël, mais aussi les années les plus fastes, ces années soixante dont il garde ses plus beaux souvenirs de jeunesse.

270 pages et 8.200 alexandrins

Quand cet Héraultais, méridional jusqu’au bout de la langue, finit par se laisser séduire par l’Aveyron, qu’il avait d’abord perçu tellement hostile. "J’ai appris à aimer ce pays", chante-t-il aujourd’hui, lui qui se sent habité par une double culture, embrassant la Grande Bleue et les Monts d’Aubrac.
Avec le piton ruthénois comme point d’ancrage, et son marché qu’il évoque abondamment au fil des 270 pages et 8.200 alexandrins qui s’écoulent de son ouvrage:

Les anciens nous disaient,
près de la cathédrale
C’est l’endroit le plus froid,
il faudrait une Halle,
Nous n’en voulions pas,
nous étions obstinés,
C’est marchand de plein-vent
que l’on nous appelait…

Voilà qui sonne comme un slam, diraient les jeunes de maintenant.
 

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