Abou Hamza envoyait des candidats au jihad en Afghanistan raconte un proche

  • Le 11 septembre 2002, l'imam Abou Hamza lors d'un rassemblement près de la mosquée de Finsbury Park  au nord de Londres Le 11 septembre 2002, l'imam Abou Hamza lors d'un rassemblement près de la mosquée de Finsbury Park  au nord de Londres
    Le 11 septembre 2002, l'imam Abou Hamza lors d'un rassemblement près de la mosquée de Finsbury Park au nord de Londres AFP/Archives - Nicholas Asfouri
  • L'imam Abou Hamza prêche lors de la prière du vendredi près de la mosquée de Finsbury Park  au nord de Londres le 26 mars 2004
    L'imam Abou Hamza prêche lors de la prière du vendredi près de la mosquée de Finsbury Park au nord de Londres le 26 mars 2004 AFP/Archives - Odd Andersen
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AFP

"Abou Hamza m'avait ordonné" d'accompagner un candidat au jihad en Afghanistan, a déclaré mercredi à New York un témoin au procès du prêcheur radical britannique jugé pour terrorisme.

James Ujaama, 48 ans, a raconté qu'il connaissait bien Abou Hamza, pour avoir travaillé pour lui à la mosquée de Finsbury Park à Londres en 2000 et 2001.

"Cheikh Abou Hamza m'avait ordonné de conduire Feroz Abbasi" en Afghanistan pour le jihad, a-t-il déclaré au tribunal fédéral de Manhattan, en référence à un jeune Britannique arrêté en Afghanistan en 2001 et remis aux forces américaines qui l'enverront ensuite à Guantanamo.

Ujaama a également affirmé qu'Abou Hamza avait envoyé "deux hommes de Londres pour aider à entraîner au jihad", dans le cadre d'un projet de camp d'entraînement dans l'Oregon (nord-ouest des Etats-Unis) fin 1999.

Ujaama qui vivait à l'époque à Seattle (nord-ouest), et écoutait les prêches enflammés d'Abou Hamza via des enregistrements, a plaidé coupable en 2007 à New York de "complot", en lien avec ce projet de camp, a-t-il admis. Emprisonné pendant six ans, libéré fin 2012 et toujours en attente de jugement, il a accepté de coopérer avec le gouvernement américain.

Il a expliqué qu'à l'époque Abou Hamza se trouvait à Londres et lui à Seattle, mais qu'ils communiquaient par téléphone, fax et courriel.

Le projet apparemment fera long feu, et en 2000, Ujaama, né en Ouganda, fait ses valises pour Londres, un an après avoir rencontré Hamza pour la première fois. Il prend en charge le site internet de l'organisation créée par l'imam de Finsbury park, "les supporteurs de la Charia" (SOS). Et devient selon lui "très proche" du prêcheur borgne et amputé des deux avant-bras. "Il donnait les instructions et avait le dernier mot sur tous les sujets", précise-t-il.

- Passeport à l'adresse de la mosquée -

C'est dans ce cadre qu'Abou Hamza lui ordonnera selon lui de partir en Afghanistan pour y accompagner Abbasi, alors âgé de 21 ans. Abbasi, qui sur son passeport donne comme adresse celle de la mosquée de Finsbury park, partira via Karachi le 10 novembre 2000, selon la copie d'un billet d'avion montré à l'audience.

Ujaama voyagera sous un nom d'emprunt. Il est aussi chargé par Abou Hamza de donner de l'argent à trois contacts différents en Afghanistan, pour une école de filles, pour des veuves de moujahidines et pour aider à payer des frais de santé, a-t-il raconté à l'audience.

Dans la salle, au 15e étage du tribunal fédéral de Manhattan, les jurés ont une fois encore pu écouter des extraits enflammés de discours d'Abou Hamza appelant au jihad, présenté comme un devoir pour les musulmans, et encensant Ben Laden. Dans un enregistrement, il tient son micro grâce au crochet qui lui sert de main droite.

Lecture leur a été également faite d'extraits de la lettre Al-Jihad, qui sur le site internet de la SOS, relayait la pensée de celui que James Ujaama continue à appeler respectueusement "Cheikh Abou Hamza".

Avant son départ en Afghanistan, Feroz Abbasi travaillait aussi à la mosquée de Finsbury park, a également témoigné Ujaama. "Je l'avais formé" à l'informatique à la demande d'Abou Hamza. "Il aidait à mettre des articles, des sermons" sur le site, ainsi que des enregistrements sonores.

En T-shirt noir et pantalon de sport, Abou Hamza, 56 ans, qui a plaidé non coupable et risque la prison à vie, a écouté sans mot dire le témoignage de son ancien responsable internet, qui avait tenté en vain en 2006 de s'enfuir à Belize (sud du Mexique) pour ne pas avoir à témoigner.

De son vrai nom Mustapha Kamel Mustapha, extradé par Londres en octobre 2013, Abou Hamza, d'origine égyptienne, est accusé de complot et prise d'otages, pour l'enlèvement de 16 touristes au Yémen en 1998, dont deux Américains. Il est aussi inculpé de soutien terroriste, en liaison avec le camp d'entraînement de Bly dans l'Oregon, et est accusé d'avoir envoyé des candidats au jihad s'entraîner en Afghanistan.

Son procès s'est ouvert le 17 avril et doit durer environ un mois.

Source : AFP

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