Ukraine: Washington appelle Moscou et Kiev à rétablir l'ordre après les violences à Odessa

  • Des pro-ukrainiens et des pro-russes s'affrontent à Odessa en marge d'un match de football opposant le Chornomorets Odessa au Metalist Kharkiv, le 2 mai 2014
    Des pro-ukrainiens et des pro-russes s'affrontent à Odessa en marge d'un match de football opposant le Chornomorets Odessa au Metalist Kharkiv, le 2 mai 2014 AFP - -
  • Le président américain Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merkel tiennent une conférence de presse à la Maison blanche à Washington, le 2 mai 2014
    Le président américain Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merkel tiennent une conférence de presse à la Maison blanche à Washington, le 2 mai 2014 AFP - Mandel Ngan
  • Carte  de l'Est de l'Ukraine montrant les actions des séparatistes pro-russes Carte  de l'Est de l'Ukraine montrant les actions des séparatistes pro-russes
    Carte de l'Est de l'Ukraine montrant les actions des séparatistes pro-russes AFP - I.Vericourt/J.Jacobsen, -
  • Des soldats ukrainiens et des séparatistes pro-russes face-à-face sur la route reliant Kramatorsk à Slaviansk, le 2 mai 2014
    Des soldats ukrainiens et des séparatistes pro-russes face-à-face sur la route reliant Kramatorsk à Slaviansk, le 2 mai 2014 AFP - Genya Savilov
  • Des pro-ukrainiens et des pro-russes s'affrontent à Odessa en marge d'un match de football opposant le Chornomorets Odessa au Metalist Kharkiv, le 2 mai 2014
    Des pro-ukrainiens et des pro-russes s'affrontent à Odessa en marge d'un match de football opposant le Chornomorets Odessa au Metalist Kharkiv, le 2 mai 2014 AFP - -
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AFP

Les Etats-Unis ont appelé Kiev et Moscou à "restaurer l'ordre" après les violences "inacceptables" qui ont fait plus de 30 morts vendredi à Odessa, ville portuaire du sud de l'Ukraine épargnée jusqu'à présent par l'insurrection armée pro-russe qui s'étend dans l'est du pays.

Vendredi dans la soirée, un incendie "d'origine criminelle" a ravagé la Maison des Syndicats d'Odessa, causant la mort de 31 personnes: des militants pro-russes qui s'étaient barricadés dans ce bâtiment assiégé par les pro-Européens, selon le ministère de l'Intérieur ukrainien.

Une manifestation en faveur de l'unité de l'Ukraine avait auparavant été violemment attaquée par des militants pro-russes, se soldant par quatre morts et une quinzaine de blessés.

"La violence et le désordre ayant conduit à tant de morts et de blessures absurdes sont inacceptables", a déclaré Marie Harf, une des porte-parole du département d'Etat américain dans un communiqué. "Nous appelons les deux parties à travailler ensemble à restaurer le calme, la loi et l'ordre", a intimé la porte-parole de la diplomatie américaine.

Les événements à Odessa soulignent de manière dramatique la nécessité d'une immédiate désescalade des tensions en Ukraine", a encore affirmé le département d'Etat, appelant "au respect immédiat des engagements pris à Genève le 17 avril" entre la Russie, l'Ukraine et les Etats-Unis.

La Russie, qui a déclaré à maintes reprises ces derniers mois s'inquiéter pour la sécurité de la population russophone d'Ukraine qu'elle estime menacée, s'est dite "indignée" par ce "nouveau crime commis à Odessa", faisant craindre une réaction virulente de Moscou.

Le Kremlin a par ailleurs dénoncé "un nouveau signe de l'irresponsabilité criminelle des autorités de Kiev".

Plus tôt dans la journée, Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merkel ont menacé la Russie de sanctions "sévères" en cas d'aggravation de la crise en Ukraine, où une offensive meurtrière a eu lieu pour le contrôle de Slaviansk, dans l'est.

Le président américain avait auparavant prévenu Moscou qu'il s'exposait à de nouvelles sanctions "sectorielles", si l'élection présidentielle prévue en Ukraine le 25 mai devait être perturbée. "Nous sommes prêts et avons préparé une telle étape", dite phase 3, a renchéri la chancelière allemande, en visite à Washington. Les pays du G7 avaient déjà annoncé le week-end dernier un renforcement de leurs sanctions à l'égard de la Russie, qu'ils accusent de déstabiliser activement l'est de l'Ukraine.

- 'Combats intenses' -

L'Ukraine, en proie depuis des semaines à une insurrection armée pro-russe qui s'étend dans l'est du pays, a lancé vendredi une opération militaire dans les villes de Slaviansk et Kramatorsk, perdant quatre militaires et deux hélicoptères et s'attirant les foudres de la Russie.

Entamée très tôt, l'opération s'est par la suite figée en un face-à-face sous tension, avant de reprendre dans la soirée en des "combats intenses".

Les rebelles avaient pour leur part fait état dans la journée d'un bilan de cinq morts, "trois membres des milices populaires et deux civils tués" dans l'assaut. Selon une porte-parole, les insurgés "ont perdu quatre à cinq postes de contrôle aux limites de la ville".

La Russie a réagi avec virulence à l'annonce de l'opération militaire, qu'elle a qualifiée de "raid de représailles" et de "coup de grâce à l'accord de Genève", péniblement conclu à la mi-avril entre Moscou, Kiev et les Occidentaux.

"Les autorités (...) doivent revenir à la raison et mettre fin au meurtre de leurs propres citoyens. Sinon, le pays pourra connaître un bien triste destin", s'est indigné le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev. "La responsabilité de la guerre contre son propre peuple revient à ceux qui prennent des décisions à Kiev", a-t-il ajouté.

La Russie, qui a parallèlement accru sa pression sur Kiev en menaçant de réduire ses livraisons de gaz à l'Ukraine faute de prépaiement d'ici à la fin mai, a répété son message vendredi devant le Conseil de sécurité de l'ONU, exigeant que Kiev "mette fin à ses opérations punitives" dans l'est de l'Ukraine, les Occidentaux rejetant pour leur part sur Moscou la responsabilité du regain de tension.

- Libération 'retardée' pour l'équipe de l'OSCE -

Et dans la soirée, une source diplomatique russe a dénoncé l'attitude "irresponsable" du secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui aurait reporté un entretien téléphonique prévu avec son homologue Sergueï Lavrov parce que ce dernier souhaitait évoquer la situation en Ukraine. "Une telle approche témoigne du fait que nos homologues américains ne sont pas intéressés par la recherche d'une issue à cette situation explosive", a estimé cette source, citée par les agences de presse russes.

Un haut responsable du département d'Etat a expliqué que cet entretien téléphonique "a été reporté à demain (samedi) en raison de conflits d'agenda liés au voyage (en Afrique) du secrétaire (d'Etat), et pour permettre à la conversation d'être enrichie par la rencontre entre le président (Barack Obama) et la chancelière (Angela) Merkel aujourd'hui".

La situation à Slaviansk --qui fait partie de la douzaine de villes de l'est ukrainien sous contrôle des pro-russes-- est d'autant plus sensible qu'une équipe d'observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) est retenue sur place par les rebelles depuis une semaine.

"Cette attaque à Slaviansk va retarder la libération des membres de l'OSCE", a estimé Denis Pouchiline, leader des séparatistes à Donetsk, la capitale régionale. Les négociations pour obtenir la libération des 11 hommes --sept étrangers et quatre Ukrainiens-- se trouvent dans "une phase très sensible", a reconnu vendredi à Berne le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier.

Le Kremlin, pressé par les Occidentaux ces derniers jours d'intervenir en leur faveur, a annoncé vendredi avoir dépêché il y a plusieurs jours déjà un émissaire, Vladimir Loukine, pour participer aux négociations sur leur sort.

Source : AFP

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