Indignation dans le football italien, à nouveau frappé par la violence

  • Les tribunes du stade olympique de Rome avant la finale de la Coupe d'Italie entre Naples et la Fiorentina, le 3 mai 2014
    Les tribunes du stade olympique de Rome avant la finale de la Coupe d'Italie entre Naples et la Fiorentina, le 3 mai 2014 AFP - Filippo Monteforte
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AFP

Une vague d'indignation traversait dimanche l'Italie à nouveau touchée par la violence dans le football lors de la finale de la Coupe d'Italie Naples-Fiorentina (3-1) samedi, où un tifoso a été gravement blessé par balle.

Un blessé dans un état critique, une inculpation pour tentative de meurtre, des lancers de fumigènes sur les pompiers: le "Calcio" a montré son pire visage au stade Olympique de Rome, dont le terrain a été envahi au coup de sifflet final face à un service d'ordre complètement dépassé.

Dimanche matin les condamnations pleuvaient en Italie. "Sang sur le calcio", titrait la Gazzetta dello sport, ajoutant: "La finale devait être une fête, en réalité elle est la photographie du triste état de notre football".

"La finale est tachée de sang", pour le Corriere dello sport.

"Pourquoi le ministère de l'Intérieur n'est-il pas capable d'organiser un match de foot, qui devrait être un jeu d'enfant", s'est emporté le président du club de Naples, Aurelio De Laurentiis.

"Malheureusement le foot italien est comme ça, a commenté l'entraîneur de la Fiorentina, Vincenzo Montella. Certains joueurs, même des Italiens, préfèreront aller jouer ailleurs à cause d'évènements comme celui-là."

"Un match de foot ne peut pas se transformer en guerre entre bandes", a commenté le président du Sénat, Pietro Grasso, présent au match comme le président du Conseil, Matteo Renzi.

Pour le maire de la Ville Éternelle, Ignazio Marino, ces incidents "intolérables ont gâché la fête. Rome et le pays ne méritent pas d'être ainsi outragés".

- Un supporter de la Roma arrêté -

Après l'enquête sur les incidents de la veille, qui ont pour l'essentiel eu lieu à environ 300 mètres du stade, un supporter de la Roma a été arrêté dimanche.

Daniele De Santis, 48 ans, déjà connu des autorités et identifié comme un "ultra" de l'AS Rome, club qui ne participait pas au match, aurait tiré des coups de feu en direction de tifosi napolitains et a été inculpé de "tentative d'homicide". Il était hospitalisé pour une fracture de la jambe. Il aurait été roué de coups après son geste, selon la Gazzetta dello sport.

Au total, trois supporters de Naples ont été blessés, et l'un d'eux, Ciro Esposito, 30 ans, a été gravement touché. Une balle lui a perforé un poumon avant de se loger près de la colonne vertébrale. Son état était jugé "désespéré", selon une source médicale de l'agence l'Ansa citée dimanche matin.

A l'ère des médias sociaux, la nouvelle de la grave blessure d'un tifoso s'est vite répandue avant le coup d'envoi du match.

Les Napolitains massés dans la tribune Nord ont manifesté contre la tenue du match. Ils ont lancé des fumigènes et des bombes agricoles sur la pelouse, blessant un pompier.

Ces incidents ont entraîné un report du coup d'envoi de 45 minutes, après une médiation des autorités.

Par ailleurs, l'image du capitaine du "Napoli", le Slovaque Marek Hamsik, parlementant avec le "capo" (chef) des Mastiffs, un des plus importants groupes d'ultras du Napoli, Gennaro Di Tommaso, dit "Genny la charogne", a fait le tour du pays.

"Ce n'est pas un tifoso qui décide si un match se joue ou pas, a tonné M. De Laurentiis. Je pense que le match s'est joué parce qu'il n'y avait pas d'autre choix."

- Déjà deux morts en dix ans -

Les débordements ont repris dès le coup de sifflet final. Des tifosi napolitains ont envahi la pelouse. La situation aurait pu dégénérer quand certains sont allés provoquer les Florentins dans le virage d'en-face. Une poignée de tifosi "viola" est à son tour descendue sur la pelouse mais a vite regagné sa tribune.

Un des stadiers placés devant la tribune a dit à l'AFP, sous couvert de l'anonymat: "Nous savions qu'ils allaient envahir et que nous ne pourrions rien faire".

Ces graves incidents sont intervenus alors que le football italien a déjà connu des épisodes dramatiques au cours des dix dernières années, qui ont notamment provoqué la mort de deux personnes. Le policier Filippo Raciti a été tué par des tifosi en février 2007 en marge du match Catane-Palerme. En novembre de la même année, un tifoso de la Lazio Rome, Gabrielle Sandri, avait été tué d'une balle par un policier sur une aire d'autoroute.

Au stade Olympique, en mars 2004, un derby Roma-Lazio avait été suspendu sous la pression des ultras après qu'a couru la rumeur, fausse, qu'un enfant avait été tué, renversé par une voiture de la police.

Source : AFP

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