"Ils piquent les clients sous nos yeux": à Roissy, des taxis en colère

  • Des véhicules d'une société de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) garés le 24 avril 2014 à Paris
    Des véhicules d'une société de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) garés le 24 avril 2014 à Paris AFP/Archives - Pierre Andrieu
  • Manifestation de taxis le 10 février 2014 à l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle
    Manifestation de taxis le 10 février 2014 à l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle AFP/Archives - Thomas Samson
  • Manifestation de taxis le 10 janvier 2013 devant la Tour Eiffel à Paris
    Manifestation de taxis le 10 janvier 2013 devant la Tour Eiffel à Paris AFP/Archives - Kenzo Tribouillard
  • Un moto-taxi le 13 novembre 2007 à Lyon
    Un moto-taxi le 13 novembre 2007 à Lyon AFP/Archives - Fred Dufour
Publié le
AFP

"Ils piquent les clients sous nos yeux": à l'aéroport de Roissy, les taxis en colère font la chasse aux chauffeurs non autorisés qui veulent profiter du marché juteux du transport de touristes et véhiculent illégalement des personnes, en prenant parfois des risques.

La semaine passée, au terme d'une course poursuite à 200 km/h pour échapper à la police, un faux taxi qui avait pris en charge une touriste indienne à Roissy a été interpellé. Le dérapage de trop pour les chauffeurs de taxis qui se sont rassemblés vendredi pour faire fuir les racoleurs en déambulant avec leur gilet jaune portant l'inscription "taxi officiel" dans les terminaux les plus fréquentés de l'aéroport parisien.

"Tous les jours, j'en vois ! Même dans les files, ils piquent nos clients sous nos yeux", déclare à l'AFP Kader Missouri, taxi depuis 4 ans.

Selon lui, ils seraient une centaine à sévir près de l'aéroport. "Regardez ces véhicules stationnés devant les portes sur des places réservées aux taxis", montre-t-il. "Ils sont bien organisés. Un guetteur se place aux arrivées, il interpelle les gens en proposant un taxi, et les chauffeurs sont garés à proximité".

Chauffeurs sans autorisation mais aussi voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) et "taxis-motos" ont déclenché leur courroux. Perte de chiffre d'affaires, attente plus longue pour prendre des clients, ambiance tendue entre chauffeurs, tous témoignent d'un métier devenu difficile à cause de la "concurrence illégale".

Selon Mohamed Habib, chauffeur de taxi depuis 20 ans, la crise a augmenté le phénomène des "faux taxis" et les policiers ne sont pas assez nombreux pour contrôler tout le monde.

"Les taxis se placent sur un plan concurrentiel mais les VTC peuvent travailler à l'aéroport, ce sont des professionnels de la route. Par contre, ils ne peuvent racoler. Ceux qui n'ont pas de réservation sont en infraction", explique le capitaine David Pousset, responsable de la compagnie de police routière, en charge des "Boers", les policiers de la brigade spécialisée dans le contrôle des taxis et des véhicules de transport de personnes.

Créée en 1938, cette brigade se compose de 70 policiers, dont 17 basés à l'aéroport de Roissy. En 2008, après l'interpellation de Bruno Cholet, taxi clandestin rejugé à partir de mardi à Melun pour le meurtre, qu'il nie, d'une étudiante suédoise, elle a vu ses moyens augmenter.

- Cercle vicieux -

"Compte-tenu de l'absence d'assurance et des récents faits divers, tels que l'affaire Cholet, les chauffeurs clandestins peuvent être dangereux pour le passager", prévient le capitaine David Pousset, rappelant qu'un vrai taxi est toujours muni d'un taximètre et d'un lumineux sur le toit.

Selon lui, ces chauffeurs interviennent à l'aéroport car la zone de chalandise est plus grande "avec plus de courses potentielles et payées plus chères".

Chaque jour, entre 6.000 et 12.000 prises en charge de taxis sont effectuées à Roissy. Sous couvert d'anonymat, un chauffeur titulaire d'une licence pour transporter des personnes, interpellé plusieurs fois avec des clients pris à la volée, témoigne de la "facilité" à exercer cette activité illégale, passible d'un an de prison et 15.000 euros d'amende.

"Avec juste une voiture et ses mains, on peut bosser. On sait qu'on est dans l'illégalité mais on commence une fois, on gagne 40 euros. Le lendemain, on essaye de faire deux courses pour avoir 80 euros et rembourser l'essence. Après c'est parti, c'est un cercle vicieux", dit ce chic quinquagénaire dans un costume gris, en marge de son procès pour "exercice illégal de l'activité de taxi".

Bien connu des policiers de Roissy, le récidiviste ne se voit pourtant pas faire autre chose. "La licence pour être taxi est trop chère, alors je fais ça, par nécessité. Je ne sais faire que conduire et il y a assez de clients pour les taxis et les transporteurs", se défend-il.

En 2013, 2.000 infractions et 342 délits ont été constatés tous véhicules confondus, taxis compris.

Source : AFP

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