Chine: nouvel attentat meurtrier au Xinjiang, sur un marché d'Urumqi

  • Un marché d'Urumqi dans la province du Xinjiang, dans l'ouest de la Chine
    Un marché d'Urumqi dans la province du Xinjiang, dans l'ouest de la Chine AFP/Archives
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AFP

Un nouvel attentat a ensanglanté jeudi Urumqi, la capitale du Xinjiang, dernier signe d'une radicalisation d'une frange de la population ouïghoure, ethnie majoritaire dans cette immense région aux confins de l'Asie centrale, en lutte contre la tutelle chinoise et accusée par Pékin de "terrorisme" et d'islamisme.

Selon le récit de l'agence officielle Chine Nouvelle, à 07H50 heure locale (23H50 GMT), deux véhicules tous terrains ont foncé dans la foule d'un marché en plein air, leurs occupants lançant des explosifs dans la foule.

L'un des véhicules a finalement explosé, selon l'agence chinoise, citant un témoin déclarant avoir entendu "une douzaine de déflagrations".

Au moins 31 personnes ont été tuées, a rapporté l'agence.

L'heure matinale où s'est produit l'attentat est l'un des moments de la journée où les marchés chinois de primeurs et de viandes sont les plus fréquentés.

Des photos supposément prises sur les lieux --au centre-ville, près du Parc du Peuple-- et postées sur le réseau social Weibo, l'équivalent chinois de Twitter, montraient des corps étendus au milieu des flammes dans une rue à trois voies, d'autres posés à l'arrière d'une camionnette et un nuage de fumée s'élevant au-dessus des éventaires d'un marché, derrière un barrage de police.

"Il y a eu plusieurs explosions puissantes sur le marché du matin devant le Palais de la culture d'Urumqi", assurait l'auteur d'un message Weibo, ajoutant qu'il avait vu la scène à moins de 100 mètres.

"J'ai vu des flammes et d'épaisses fumées noires, les véhicules et les étals étaient la proie du feu, tandis que les vendeurs fuyaient en tous sens, abandonnant leurs marchandises derrière eux", décrivait-il.

"Tous les blessés" ont été évacués vers des structures hospitalières, a précisé de son côté Tianshan, un portail d'informations sur internet émanant du gouvernement régional du Xinjiang.

L'attentat intervient au lendemain de l'annonce que 39 personnes interpellées au Xinjiang sous l'accusation d'avoir diffusé des "vidéos terroristes" avaient écopé cette semaine de lourdes peines d'emprisonnement, allant jusqu'à 15 ans de prison.

Le Xinjiang est le théâtre de violences en nette recrudescence depuis plus d'un an, attribuées par Pékin à des "terroristes" ouïghours, séparatistes et fondamentalistes musulmans. Pékin y a nettement durci depuis sa politique sécuritaire.

Les Ouïghours, musulmans turcophones, constituent la principale ethnie de cette vaste région semi-désertique mais riche en ressources minières.

Alors que les Han, Chinois "de souche", ont afflué par millions ces dernières décennies dans la région, les Ouïghours se disent pour leur part harcelés par les autorités, oubliés par l'essor économique, et victimes d'une sévère politique répressive à l'encontre de leur religion et de leur culture.

Le 30 avril, au dernier jour d'une visite du président chinois Xi Jinping dans la région, des assaillants armés de couteaux et d'explosifs avaient lancé une attaque à la gare d'Urumqi, tuant une personne et en blessant 79. Deux des assaillants étaient morts en se faisant sauter à l'explosif.

L'an dernier, la "Région autonome ouïghoure", selon son appellation officielle, a connu une série d'incidents sanglants qui ont fait plusieurs dizaines de morts.

Et en octobre, alors que jusque-là les épisodes de violence étaient confinés au Xinjiang, un spectaculaire attentat-suicide a été commis place Tiananmen à Pékin, symbole du pouvoir: trois Ouïghours venue du Xinjiang avaient précipité leur véhicule contre la Cité interdite, sous le portrait de Mao Tsé-toung.

L'escalade s'est encore aggravée début mars, avec une tuerie commise à l'arme blanche par un commando d'assaillants dans la gare de Kunming, au Yunnan (sud-ouest) qui s'est soldée par 29 morts et 143 blessés. Le carnage a été imputé par Pékin à des mouvements séparatistes islamistes du Xinjiang.

Les autorités accusent régulièrement le Parti islamiste du Turkestan (TIP) et le Mouvement islamique du Turkestan oriental (Etim) --des groupuscule radicaux et séparatistes-- d'inspirer et même orchestrer ces violences depuis les pays frontaliers de l'Asie centrale.

Mais nombre d'experts s'interrogent sur la véritable influence du TIP, mouvement obscur et marginal qui a diffusé des vidéos se félicitant des attaques en Chine, mais sans en revendiquer la responsabilité. Aucune revendication d'aucune sorte n'a d'ailleurs jamais émergé.

Source : AFP

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