L'Europe aux urnes sous la menace des eurosceptiques

  • Le candidat à la présidence de la commission européenne Jean-Claude Junker répond à des interviews le 25 mai 2014 à Luxembourg
    Le candidat à la présidence de la commission européenne Jean-Claude Junker répond à des interviews le 25 mai 2014 à Luxembourg AFP - Georges Gobet
  • Un homme tient des bulletins de vote dans ses mains à Athènes le 25 mai 2014
    Un homme tient des bulletins de vote dans ses mains à Athènes le 25 mai 2014 AFP - Louisa Gouliamaki
  • Un homme sort de l'isoloir après avoir voté pour les élections européennes à Bucarest le 25 mai 2014
    Un homme sort de l'isoloir après avoir voté pour les élections européennes à Bucarest le 25 mai 2014 AFP - Daniel Mihailescu
  • Des électeurs à Barcelone le 25 mai 2014
    Des électeurs à Barcelone le 25 mai 2014 AFP - Quique Garcia
Publié le
AFP

Les Européens votaient dimanche pour des élections dominées par des enjeux nationaux et menacées par la montée des eurosceptiques après des années de crise.

Les citoyens de 21 pays de l'UE étaient appelés aux urnes pour désigner près de 600 eurodéputés sur un total de 751. Les élections avaient commencé jeudi par le Royaume-Uni et les Pays-Bas, avant cinq autre pays vendredi et samedi.

Les premiers à voter dimanche à partir de 04H00 GMT ont été les Grecs, les Roumains et les Lituaniens.

Pour Eftstathia Baharaki, ces élections doivent permettre de faire "apparaître de nouvelles personnes sur l'échiquier politique, des jeunes". Il faut mettre fin à l'austérité "car on va crever de faim", a ajouté cette Grecque de 62 ans, le pays le plus frappé par la crise.

Le scrutin se déroule le même jour que l'élection présidentielle en Ukraine, en proie à une insurrection pro-russe dans l'Est du pays contre le gouvernement pro-européen. Et au lendemain de la fusillade meurtrière dans le musée juif de Belgique, à Bruxelles, qualifiée par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, "d'attaque contre les valeurs mêmes de l'Europe".

- Participation à la hausse ? -

Les européennes, considérées dans la plupart des pays comme un scrutin de second rang, peinent traditionnellement à mobiliser. Le taux d'abstention avait été de 57% en 2009 et était annoncé comme record pour cette édition.

Mais la participation semblait à la hausse dimanche dans plusieurs grands pays, notamment la France, l’Allemagne et le Portugal. Elle n'était qu'en légère baisse en Espagne et en Italie. Elle était en revanche très faible dans des pays de l'Est comme la République tchèque.

Aucun résultat ne pourra être révélé avant la fermeture des derniers bureaux de vote en Italie à 21H00 GMT. Le Parlement européen doit diffuser vers 20H00 GMT une première projection basée sur des sondages sortie des urnes.

Une poussée des anti-européens est attendue. Si le parti anti-islam PVV a subi un échec aux Pays-Bas, en n'obtenant que 12% des voix contre près de 18% il y a cinq ans, l'Ukip britannique semble en passe de réaliser un score historique, si l'on en juge par ses résultats aux élections locales.

L'extrême droite faisait aussi la course en tête en France dans les derniers sondages. Le Front national a toutefois accusé dimanche le gouvernement de vouloir "empêcher sa victoire", en dénonçant des "dysfonctionnements" pour "truquer par les moyens les plus odieux le vote des Français".

La défiance vis-à-vis de l'Europe, après les années de crise et d'austérité, s'exprimera aussi à travers le populiste Beppe Grillo en Italie, les anti-euro de l'AfD en Allemagne ou la gauche radicale de Syriza en Grèce.

L'euroscepticisme ambiant va être "renforcé par le vote contestataire contre les partis de gouvernement", souligne Jean-Dominique Giuliani, le président de la Fondation Robert Schuman.

"Tout va mal, je vote pour tenter d'en finir avec les deux grands partis (conservateur et socialiste) et surtout contre la corruption en Espagne, je suis indignée", déclarait dans un bureau de vote madrilène Cristina Perez, 36 ans.

Au total, les forces anti-européennes pourraient décrocher une centaine de sièges. Pas assez pour bloquer la construction européenne, mais suffisamment pour donner de la voix et bousculer les partis traditionnels.

Cela "ne va pas changer la façon dont le Parlement travaille", mais il y aura des conséquences "sur les scènes politiques nationales et la façon dont les dirigeants nationaux agiront au sein de l'UE" estime Jan Techau, directeur de Carnegie Europe.

- "Grosse pagaille " -

Pour Marco Trapassi, un habitant de Pontaviesse en Italie, le résultat "pourrait peser sur l'avenir du gouvernement".

Les trois groupes centraux du prochain Parlement devraient encore peser environ 60% des sièges, contre plus de 70% dans le Parlement sortant.

La concurrence va être rude entre les europhobes pilotés par l'Ukip et l'extrême droite emmenée par le FN de Marine Le Pen pour former un groupe, puisqu'il faut pour cela un minimum de 25 députés dans sept pays. D'autant que Beppe Grillo serait lui aussi tenté de créer un groupe autour de sa vingtaine de députés. "Une grosse pagaille s'annonce", souligne M. Giuliani.

D'autant qu'une autre bataille se profile pour la présidence de la Commission européenne.

Pour tenter de motiver les électeurs, les principaux partis ont présenté des candidats. Sur le bâtiment de la Commission, une grande bannière proclame: "Cette fois, c'est différent, votre vote compte".

Mais plusieurs dirigeants, à commencer par l'allemande Angela Merkel et le Britannique David Cameron, refusent cette logique parlementaire et les postulants, que ce soit le chrétien-démocrate Jean-Claude Juncker, le social-démocrate Martin Schulz ou le centriste Guy Verhofstadt.

Un Parlement plus fragmenté que jamais inciterait les chefs d'Etat et de gouvernement à tenter de trouver une autre personnalité acceptable par les députés. Ils se réuniront dès mardi soir à Bruxelles.

Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a rappelé que le candidat devra disposer, certes "d'une majorité au Parlement européen", mais aussi d'une "large majorité au Conseil" et prévenu que les négociations allaient durer "des semaines".

Mardi, a insisté une source européenne, "il n'y aura pas de fumée blanche".

Source : AFP

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