France-Allemagne : «Avec Deschamps, 82 n’aurait pas existé»

  • entraîneur du grand Rodez des années 1990, celui de la D2 et de la demi-finale de Coupe de France, Michel Poisson confie son optimisme pour le match France-Allemagne.
    entraîneur du grand Rodez des années 1990, celui de la D2 et de la demi-finale de Coupe de France, Michel Poisson confie son optimisme pour le match France-Allemagne. Archives CP
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Maxime Raynaud

L’œil. Michel Poisson, entraîneur du grand Rodez des années 90, celui de la D2 et de la demi-finale de Coupe de France, revient sur le match France-Allemagne de 1982. Sans oublier de confier son optimisme pour ce soir.

C’est un instant gravé à jamais dans l’histoire du foot français. 1982, demi-finale de la Coupe du monde au stade Sanchez-Pizjuan de Séville, 57e minute: Harald Schumacher sort de ses buts, et de ses gonds, fauchant en plein vol Patrick Battiston, à peine entré en jeu.

Verdict: commotion cérébrale, cervicale fracturée et dents cassées pour le Français. Affolés, les Bleus de Platoche et de Trésor sont malgré tout survoltés, arrachent la prolongation, y mènent 3-1 avant de s’effondrer et de chuter aux tirs au but (3-3, tab 5-4). Le rebond est incroyable, la chute tout autant. 

«EN 1982, UN AVEU DE FAIBLESSE»

Cette chute, Michel Poisson, entraîneur du grand Rodez des années 90, s'en souvient très bien. "La France devait gagner. Elle avait les cartes en mains, se remémore le «druide» du Stade ruthénois football. Et c’est elle qui l’a perdu, pas l’Allemagne qui l’a gagné. En direct, je n’ai d’abord pas vu l’agression de Battiston comme telle mais comme un fait de jeu. Et il me semble que, justement, avoir immédiatement basculé dans la compassion pour le joueur français était un aveu de faiblesse. Être resté là-dessus a fait sortir les Bleus du match. À force de ressasser, ils l’ont perdu. Absolument comme le Nigeria, qui s’est fait voler, lors du dernier 8e de finale face à la France (2-0)"

«UN PIÈGE PSYCHOLOGIQUE QUI NE PARDONNE PAS»

Pour le Sévéragais, la faute incombe en grande partie au sélectionneur d’alors, Michel Hidalgo. "On est tombé dans un piège psychologique. Au lieu de se sublimer, l’équipe de France a oublié de continuer le combat. Et Hidalgo en premier lieu, interprète-t-il avec le recul même si les événements lui avaient d’abord donné tort. C’est humain et ça m’est arrivé aussi. Mais à ce niveau, ça ne pardonne pas. Avec Deschamps, qui est selon moi le meilleur technicien français de tous les temps, 1982 n’aurait pas existé car c’est un gagneur et qu’il transmet cette vertu sans arrêt."

«CONFIANT POUR AUJOURD’HUI»

Une fois le passé abordé, Michel Poisson n’en oublie pas le présent et le quart de finale ce soir (18 heures) entre la France et l’Allemagne à Rio de Janeiro. "Je suis confiant, pose-t-il d’emblée. Selon moi, la France possède le meilleur milieu de terrain du monde. Avec Pogba et Matuidi, c’est du gros calibre. On a des joueurs de très bonne qualité même si Évra constitue le point faible -on l’a vu contre le Nigeria- et que Benzema est surfait". L’entraîneur n’a pas changé. Toujours sans langue de bois et avec une philosophie bien ancrée: celle de "voir les joueurs aller au bout d’eux-mêmes. C’est pour cela que des prolongations seraient sympas".

Et l’Aveyronnais de finir sur un avertissement en forme d’espoir. "1982 et aujourd’hui n’ont plus rien à voir. Le match de demain est le seul qui compte. On ne doit pas être dans la revanche, dans la vengeance. On possède des joueurs supérieurs. On doit seulement croire en nos chances." Et Rio fera oublier Séville. 

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