L2: Fleurs, ovation et défaite pour la première femme entraîneure

  • Corinne Diacre lors de son premier match professionnel en tant qu'entraîneure de Clermont, en Ligue 2 le 4 août 2014 en Bretagne contre Brest.
    Corinne Diacre lors de son premier match professionnel en tant qu'entraîneure de Clermont, en Ligue 2 le 4 août 2014 en Bretagne contre Brest. AFP - Fred Tanneau
  • L'entraîneur de Brest offre un bouquet de fleurs à son homologue du FC Clermont Corinne Diacre, avant le coup d'envoi du match de Ligue 2 entre les deux équipes, le 4 août 2014 à Brest.
    L'entraîneur de Brest offre un bouquet de fleurs à son homologue du FC Clermont Corinne Diacre, avant le coup d'envoi du match de Ligue 2 entre les deux équipes, le 4 août 2014 à Brest. AFP - Fred Tanneau
  • L'entraîneure de Clermont Corinne Diacre donne ses consignes à son milieu de terrain Brandon Agounon lors d'un match de Ligue 2 contre Brest, le 4 août 2014 en Bretagne.
    L'entraîneure de Clermont Corinne Diacre donne ses consignes à son milieu de terrain Brandon Agounon lors d'un match de Ligue 2 contre Brest, le 4 août 2014 en Bretagne. AFP - Fred Tanneau
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Centre Presse Aveyron

Un bouquet de fleurs, une ovation debout et beaucoup de curiosité: Corinne Diacre est devenue lundi à Brest la première femme à diriger un club professionnel de football masculin en Europe, le Clermont Foot, en match officiel, malheureusement perdu (2-1).

Elle avait beau avoir multiplié ces derniers jours les sorties pour ne pas monopoliser l'intérêt autour du match, l'aspect sportif de ce Brest-Clermont, pour la première journée de Ligue 2 pesait bien peu en comparaison de la force symbolique de l'évènement: pour la première fois, une femme est assise sur le banc et dirige 11 footballeurs professionnels.

Même le score final, 2-1 pour Brest, somme toute logique entre une équipe bretonne qui joue la montée en fin de saison, alors que Clermont vise avant tout le maintien, n'a que relativement peu d'importance.

Avant le match, la première sortie en compétition officielle de la nouvelle "entraîneurE", comme elle insiste pour qu'on l'appelle, était un sujet récurrent de discussion, mais toujours sous le signe d'une curiosité bienveillante.

"Ben oui, une femme entraîneur pourquoi pas ? On voit bien qu'elles ont de plus en plus de responsabilité dans tous les métiers", a ainsi argumenté Henri, 67 ans, un retraité qui soutient le Stade Brestois presque chaque semaines depuis 45 ans.

"Et puis je suis sûr qu'elles savent mieux gérer les joueurs, qu'elles sont plus psychologues", a-t-il avancé.

"Moi ce que je trouve bizarre, c'est qu'il n'y ait pas eu de femme entraîneur avant", jugeait de son côté Baptiste, 12 ans, venu au stade avec son père, et une écharpe rouge et blanche - les couleurs du club finistérien - autour du cou.

- Le foot 'moins violent' ? -

Pour lui, la présence de femmes à la tête d'équipes de foot pourrait rendre le sport "moins macho" et les rencontres "moins violentes".

La plus circonspecte était finalement une femme, Lulu, retraitée de 69 ans, abonnée depuis 4 ans et qui se contentait de dire: "ça peut marcher. Mais il faut qu'elle fasse ses preuves".

Le club de Brest avait décidé de marquer le coup et Alex Dupont, son homologue homme du côté du SB29 lui a offert un énorme bouquet de fleurs, profitant aussi du fait que Corinne Diacre fêtait ce lundi ses 40 ans.

Les quelque 10.000 spectateurs du stade Francis-Le Blé se sont alors levés pour ovationner Corinne Diacre, sobrement vêtue d'un pantalon et d'une veste anthracite sur un haut beige.

Pendant le match, la technicienne s'est montrée peu expansive.

Même le but de ses protégés au tout début du match n'a provoqué qu'une réaction mesurée: elle s'est juste levée de son banc pour taper dans les mains de sa kiné - déjà une femme dans le staff clermontois - et de quelques joueurs.

Elle a ensuite vu son équipe plier puis céder sous les offensives des Brestois bien plus entreprenants après la pause, pour finalement s'incliner 2-1, malgré plusieurs occasions très nettes d'arracher le match nul en fin de match.

"On a fait de bonnes choses, c'est de bon augure pour la suite.", a analysé l'entraîneure au micro d'Eurosport à l'issue de la rencontre.

"J'ai un groupe jeune. J'ai montré qu'il faudrait compter avec Clermont cette saison. J'espère démarrer par une victoire très prochainement", a-t-elle ajouté.

Un peu plus tard, Corinne Diacre a aussi exprimé sa hâte que la pression médiatique retombe.

"Il me reste la première à domicile, après ça je serai un peu plus tranquille, je pense", a-t-elle soufflé devant des journalistes.

"C'est pas pesant, mais c'est fatigant de toujours répondre aux mêmes questions, et puis en plus je n'ai pas forcément de réponse, c'est ça qui est un petit peu difficile pour moi, parce que ces questions je ne me les pose pas", a-t-elle poursuivi.

Corinne Diacre ne demande que ce que toutes les femmes qui accèdent à des postes qui leur étaient fermés jusque-là demandent: être jugée sur ses résultats.

Source : AFP

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