En Irak, l'union sacrée des Kurdes contre l'EI et pour sauver les déplacés

  • Une famille yazidie qui a fui la violence de son village de Sinjar en Irak, réfugiée dans une école au Kurdistan, le 5 août 2014
    Une famille yazidie qui a fui la violence de son village de Sinjar en Irak, réfugiée dans une école au Kurdistan, le 5 août 2014 AFP - Safin Hamed
  • Une femme yazidie qui a fui la violence de son village de Sinjar en Irak, réfugiée dans une école au Kurdistan, le 5 août 2014
    Une femme yazidie qui a fui la violence de son village de Sinjar en Irak, réfugiée dans une école au Kurdistan, le 5 août 2014 AFP - Safin Hamed
  • Combattants kurdes au front dans le village de Sulaiman Bek, le 26 juin 2014
    Combattants kurdes au front dans le village de Sulaiman Bek, le 26 juin 2014 AFP/Archives - Karim Sahib
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Centre Presse Aveyron

Les combattants kurdes d'Irak, de Syrie et de Turquie ont uni leurs forces dans une rare alliance pour faire face aux jihadistes dans le nord irakien et secourir des milliers de civils bloqués dans les montagnes voisines.

Ces civils, en majorité issus de la minorité yazidie, ont fui les jihadistes de l'Etat islamique (EI) qui ont chassé ces derniers jours les forces kurdes de plusieurs villes proches de Mossoul, tombée aux mains des insurgés sunnites au début de leur offensive lancée le 9 juin.

Sinjar, à 50 km de la frontière syrienne, est tombée dimanche, provoquant la fuite de dizaines de milliers de civils. Jusqu'à 200.000 personnes seraient concernées, selon l'ONU. Les jihadistes s'étaient auparavant emparés de la ville de Zoumar, de petits champs pétroliers et de Rabia, un poste-frontière entre la Syrie et l'Irak.

Cette nouvelle avancée permet à l'EI, qui s'est déjà emparé de larges pans de territoire irakien, d'asseoir son contrôle sur cette zone qui relie Mossoul à la frontière syrienne et, au-delà, aux territoires syriens sous son contrôle.

Après ces revers cuisants, et face à l'incapacité de l'armée fédérale à contrer les jihadistes, des combattants kurdes du PKK turc, du PYD syrien et des peshmergas irakiens, trois groupes aux relations souvent tendues, ont mis temporairement leurs différends de côté pour unir leurs forces.

Les Kurdes venus de Syrie et de Turquie "sont chargés de combattre" les jihadistes "dans la région de Rabia et Sinjar", à l'ouest de Mossoul, a déclaré Hallo Penjweny, haut responsable du parti de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK).

"Nous (les peshmergas), nous occupons de Zoumar et du reste du secteur au nord et à l'est de Mossoul", a-t-il annoncé.

Lundi, Bagdad avait décidé d'appuyer la contre-offensive des peshmergas, dans un mouvement rare de coopération illustrant la gravité de la situation.

Le porte-parole de l'armée Qassem Atta a affirmé mercredi que l'aviation avait mené un raid contre un bâtiment utilisé comme une cour islamique par les jihadistes à Mossoul.

Il a assuré que 60 jihadistes avaient été tués et que 300 détenus, accusés par exemple de fumer ou de porter des habits occidentaux, avaient pu prendre la fuite. Si des témoins à Mossoul ont fait état de la frappe, ils n'ont pas confirmé les autres informations.

- 'Nous sommes massacrés' -

Le retrait de Sinjar des peshmergas a obligé des milliers de civils à fuir, et en particulier de nombreux Yazidis, minorité kurdophone persécutée de longue date. Nombre d'entre eux sont maintenant bloqués dans des montagnes désertiques, menacés autant par la faim et la soif, que par les massacres des jihadistes.

Selon Bagdad, des hélicoptères de l'armée leur ont largué 77 tonnes de vivre et d'eau depuis mardi, mais un responsable de l'UPK a prévenu mercredi que les forces kurdes auraient besoin de plusieurs jours avant de pouvoir leur assurer un passage sûr.

"Le principal problème pour l'instant c'est qu'ils n'ont pas de nourriture. Ils ont commencé à chasser de petits animaux dans les montagnes, ils mangent tout ce qu'ils peuvent trouver", a déclaré à l'AFP Abou Abbas, qui a réussi à atteindre le Kurdistan, mais dont les enfants sont bloqués dans les montagnes.

"Plusieurs enfants sont déjà morts et ont été enterrés dans la montagne", a-t-il ajouté. L'Unicef a évoqué mardi un premier bilan de 40 enfants morts.

"Je pense qu'il sera difficile pour eux de survivre encore plus de deux ou trois jours", a-t-il prévenu.

Une députée yazidie a éclaté en sanglots mardi au Parlement irakien: "Nous sommes massacrés, notre religion est en train d'être rayée de la surface de la terre".

Le Conseil de sécurité de l'ONU a prévenu que les persécutions de l'EI contre les minorités pouvaient "constituer un crime contre l'humanité".

Les peshmergas subissent le poids de la sécurisation d'un territoire qui s'est agrandi de 40% depuis qu'ils ont pris position dans certaines zones abandonnées par l'armée face à l'avancée jihadiste.

Mercredi, un combattant kurde a été tué et 13 autres blessés dans un attentat suicide à la voiture piégée à un poste de contrôle peshmerga entre Mossoul et Erbil, selon des sources de sécurité.

Pendant ce temps, à Bagdad, les violences font aussi rage: au moins 30 personnes y ont été tuées et 70 blessées dans une série d'attentats.

Source : AFP

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