Ecosse: les poids lourds des affaires montent au créneau pour défendre l'union

  • La Royal Bank of Scotland prévoit de déplacer son siège social en Angleterre en cas d'indépendance de l'Ecosse
    La Royal Bank of Scotland prévoit de déplacer son siège social en Angleterre en cas d'indépendance de l'Ecosse AFP/Archives - Andrew Cowie
  • Manifestation en faveur du "non" à l'indépendance de l'Ecosse, à Edimbourg le 8 septembre 2014
    Manifestation en faveur du "non" à l'indépendance de l'Ecosse, à Edimbourg le 8 septembre 2014 AFP - Andy Buchanan
Publié le
Centre Presse Aveyron

L'emblématique Royal Bank of Scotland (RBS) a menacé de déplacer son siège social en Angleterre si l'Ecosse devenait indépendante, nouvelle salve du tir de barrage engagé par les poids lourds du monde des affaires britannique contre une éventuelle sécession.

A une semaine d'un référendum historique, où les Ecossais se prononceront pour le maintien ou non de leur région au sein du Royaume-Uni, les grandes entreprises se font bruyamment entendre pour pointer les risques de rupture d'une alliance de plus de 300 ans.

Leur entrain à mettre en garde les électeurs sur les conséquences économiques -incertaines- d'une indépendance a redoublé depuis la publication de sondages attestant un resserrement des intentions de vote, au profit des indépendantistes.

"De nombreuses incertitudes entourent le référendum écossais qui pourrait avoir des conséquences sur l'environnement fiscal, monétaire, légal, le système de régulation et la notation de la banque", a expliqué jeudi RBS.

"Face aux possibles conséquences pour le milieu des affaires d'un vote +oui+ (...), RBS pense qu'il serait nécessaire de redomicilier son siège social et sa principale branche opérationnelle en Angleterre", a-t-elle ajouté.

Basée en Ecosse depuis 1727, avec un siège social à Edimbourg, la banque est majoritairement détenue par l'Etat britannique qui avait volé à son secours au moment de la crise financière internationale.

Le chef des indépendantistes et du gouvernement régional écossais, Alex Salmond, a immédiatement dénoncé une manoeuvre "politique" orchestrée par le gouvernement britannique à Westminster.

Pour tenter de rassurer, il a cité un courrier envoyé aux employés par le directeur général de RBS, dans lequel celui-ci assure que ce changement d'adresse n'aurait aucun impact sur l'emploi en Ecosse.

La banque compte 11.500 salariés dans cette région septentrionale.

Dans son communiqué, RBS a souligné que ce déplacement éventuel n'aurait "aucun impact sur les clients de toutes les îles britanniques", qu'ils soient en Ecosse, en Angleterre, au Pays de Galles ou en Irlande du Nord.

- Petits patrons indépendantistes -

Reste que cette intervention n'est pas isolée, au lendemain d'une déclaration d'un autre géant de la banque britannique, Lloyds, qui envisage de déplacer son siège social de l'Ecosse vers l'Angleterre.

Partiellement détenu par l'Etat, le groupe compte 16.000 salariés dans la région, mais ce changement serait surtout d'ordre technique: il permettrait à Lloyds, dont l'essentiel des affaires sont déjà basées à Londres, de se placer sous le giron de la Banque d'Angleterre (BoE).

Les dirigeants politiques britanniques ont en effet écarté toute union monétaire entre le reste du Royaume-Uni et l'Ecosse si elle optait pour l'indépendance, et le secteur financier se demande qui assurerait la fonction de prêteur de dernier ressort (actuellement la BoE) pour les établissements restés au nord.

Un autre grand de la finance écossaise, Standard Life, a d'ailleurs prévenu aussi qu'il transfèrerait si nécessaire en Angleterre une partie des fonds géré pour ses clients britanniques.

Seule note discordante, le directeur général du gestionnaire de fonds écossais Aberdeen Asset Management, Martin Gilbert, a estimé qu'une indépendance de la région serait "un grand succès".

Mais des non-britanniques commencent aussi à entonner le refrain anti-sécession, comme la National Australia Bank qui pourrait déplacer sa filiale basée en Ecosse, Clydesdale Bank, vers le sud.

Le géant pétrolier BP, très actif en mer du Nord, a répété de son côté que ces gisements seraient à son avis mieux exploités "si les capacités et l'intégrité du Royaume-Uni étaient maintenues".

Cerise sur le gâteau, le Financial Times, bible des milieux d'affaires, a appelé jeudi les Ecossais à rejeter "l'humeur populiste" qu'il accuse M. Salmond d'exploiter, dans un éditorial au vitriol.

Moins audible que les poids-lourds, les petites firmes écossaises sont néanmoins beaucoup plus partagées. Plus de 200 chefs d'entreprises avaient signé fin août un vibrant appel à l'indépendance.

Dans une pétition en réponse à d'autres patrons en faveur du non, ils avaient accusé Londres de considérer l'Ecosse comme "une vache à lait" et promis de construire une société "plus juste et prospère" débarrassée du tuteur londonien.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?