Ukraine: Kiev se félicite d'une désescalade, l'UE tergiverse

  • Des soldats ukrainiens le 10 septembre 2014 à Slavyanoserbsk près de Lougansk
    Des soldats ukrainiens le 10 septembre 2014 à Slavyanoserbsk près de Lougansk AFP - ANATOLII STEPANOV
  • Le président ukrainien Petro Porochenko et le Premier ministre Arseniy Iatseniouk (g), le 10 septembre 2014 à Kiev
    Le président ukrainien Petro Porochenko et le Premier ministre Arseniy Iatseniouk (g), le 10 septembre 2014 à Kiev Service de presse présidence ukrainienne/AFP - Andrew Kravchenko
  • Andreï Pourguine, le vice-Premier ministre de la République populaire de Donetsk proclamée par les rebelles, le 7 juillet 2014 à Donetsk
    Andreï Pourguine, le vice-Premier ministre de la République populaire de Donetsk proclamée par les rebelles, le 7 juillet 2014 à Donetsk AFP/Archives - Dominique Faget
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Centre Presse Aveyron

La majeure partie des troupes russes avaient quitté l'Ukraine mercredi, au cinquième jour d'une trêve globalement respectée, selon le président ukrainien, qui a promis une plus grande autonomie à l'Est séparatiste.

A la lueur de cette évolution vers une désescalade, les pays de l'Union européenne ne sont pas tombés d'accord mercredi sur la mise en oeuvre de nouvelles sanctions économiques décidées la semaine dernière contre la Russie pour atteinte à la souveraineté de l'Ukraine. Une nouvelle réunion des ambassadeurs des 28 Etats membres est convoquée jeudi à Bruxelles.

Les ambassadeurs "se réuniront à nouveau demain pour poursuivre leurs discussions sur les sanctions, ce qui permettra une nouvelle évaluation de la situation sur le terrain" en Ukraine, et des consultations supplémentaires", a-t-on appris mercredi soir de source européenne à Bruxelles.

Le président ukrainien Petro Porochenko inaugurera de son côté à 16h30 GMT la conférence internationale Yalta European Strategy (YES), consacrée à la stratégie pro-européenne de l'Ukraine.

Dans ce contexte, l'homme fort du Kremlin Vladimir Poutine a accusé les Occidentaux d'utiliser la crise en Ukraine pour "réanimer" l'Otan, qui s'est engagé la semaine dernière à maintenir "une présence continue" dans l'est de l'Europe.

"La crise en Ukraine qui, au fond, a été provoquée et créée par certains de nos partenaires occidentaux, est utilisée actuellement pour la réanimation de ce bloc militaire", a considéré M. Poutine, qui a mis en garde l'Ukraine contre une entrée dans l'Alliance atlantique.

- "70%" des Russes partis -

D'après M. Porochenko, "70% des forces russes ont été retirées" du territoire ukrainien, une information que Moscou, qui a toujours démenti toute présence militaire en Ukraine, n'a pas commenté. "Ceci nous fait espérer en l'avenir de l'initiative de paix", a ajouté le président ukrainien. Selon lui, la situation dans l'est a "changé radicalement" depuis l'entrée en vigueur de la trêve scellée vendredi entre Kiev et les rebelles prorusses.

"Nous ne pouvons vérifier (le retrait russe partiel) de manière indépendante", a commenté Marie Harf, porte-parole adjointe du département d'Etat. "Evidemment, toute avancée vers une désescalade serait positive mais il reste encore beaucoup de travail à effectuer, a poursuivi la porte-parole. Si c'était vrai, ce serait loin d'être suffisant, ce serait un bon premier tout petit pas."

Elle a par ailleurs souligné que le cessez-le-feu "continue en gros à tenir, même s'il y a eu quelques violations pendant la nuit".

"Avant l'annonce du cessez-le-feu, l'Ukraine perdait chaque jour des dizaines de vies", a encore déclaré M. Porochenko, au lendemain d'un entretien téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine confirmant sa détermination à trouver une issue pacifique au conflit qui a fait plus de 2.700 morts.

Mais "l'Ukraine n'a fait aucune concession sur son intégrité territoriale", a-t-il ajouté, en faisant allusion à la signature d'un document en douze points qui accorde notamment un "statut spécial" aux régions de Donetsk et de Lougansk, deux fiefs rebelles, pour la mise en place d'un "gouvernement autonome provisoire" et l'organisation d'élections locales anticipées.

Un projet de loi garantissant plus d'autonomie à l'Est sera présenté au Parlement, a-t-il dit, excluant toute discussion "sur une fédéralisation ou sur une quelconque séparation" (des régions de l'Est).

Mais les séparatistes prorusses veulent l'indépendance de leur territoire, a affirmé peu après un responsable des rebelles. "Nous ne prévoyons pas de demeurer une partie intégrante de l'Ukraine", a soutenu Andreï Pourguine, le vice-Premier ministre de la République populaire de Donetsk proclamée par les rebelles.

Accusée par l'Union européenne et les Etats-Unis de souffler le chaud et le froid dans ce conflit, la Russie a de son côté estimé que l'Ukraine était responsable de la chute de l'avion de Malaysia Airlines en juillet dans l'est de l'Ukraine.

"La catastrophe a eu lieu dans l'espace aérien de l'Ukraine qui porte l'entière responsabilité de ce qui s'est passé", a argumenté le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou mercredi, au lendemain de la publication d'un rapport préliminaire sur le crash ayant fait 298 morts.

Ce rapport indique que le Boeing s'est disloqué en vol en raison d'un "grand nombre de projectiles à haute énergie qui ont pénétré de l'extérieur dans l'avion" et le Premier ministre malaisien, Najib Razak, a estimé que cela alimentait "la forte suspicion" d'un tir de missile.

Kiev a accusé les séparatistes d'avoir tiré un missile fourni par la Russie.

- Huit morts depuis la trêve -

Après plusieurs jours de tensions, notamment aux abords du port stratégique de Marioupol, la situation évoluait vers l'apaisement. La mairie de Donetsk a indiqué que "la nuit avait été calme" dans ce fief rebelle durement éprouvé ces derniers mois par les combats. La mort mercredi de trois gardes-frontières dans la région de Lougansk, tués par une explosion, selon leur hiérarchie, porte à huit le nombre personnes tuées depuis la trêve.

A un poste de contrôle de Donetsk, Dmitri, un rebelle, brandissait la queue d'une roquette devant une journaliste de l'AFP : "Voilà le cessez-le-feu ! Ces petits cadeaux sont arrivés après le cessez-le-feu", ironisait-il.

Source : AFP

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