Procès du clientélisme : la députée Sylvie Andrieux fixée sur son sort

  • La députée marseillaise, exclue du PS, Sylvie Andrieux, au tribunal d'Air-en-Provence, le 2 juin 2014
    La députée marseillaise, exclue du PS, Sylvie Andrieux, au tribunal d'Air-en-Provence, le 2 juin 2014 AFP/Archives - Boris Horvat
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Centre Presse Aveyron

La cour d'appel d'Aix-en-Provence rend mardi sa décision dans un dossier de détournement de fonds publics sur fond de clientélisme impliquant la députée marseillaise Sylvie Andrieux, exclue du PS en 2013.

La justice reproche à l'élue de la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône d'avoir, entre 2005 et 2008 alors qu'elle était conseillère régionale, distribué à des fins électoralistes quelque 700.000 euros de subventions régionales à des associations fictives.

L'enquête avait débuté à la mi-2007 par un signalement à la justice de la cellule Tracfin qui avait relevé des flux financiers suspects sur les comptes d'associations censées œuvrer à la réhabilitation des quartiers. Ces associations étaient en fait des coquilles vides et les fonds versés servaient à assurer un train de vie confortable à leurs dirigeants. En retour, ces derniers devaient aider Mme Andrieux à se faire élire.

A l'issue d'une semaine d'audience en appel, l'avocat général avait requis contre elle, le 10 juin 2014, trois ans de prison, dont deux avec sursis, assortis de cinq ans d'inéligibilité et 100.000 euros d'amende, à l'instar de la peine prononcée en première instance à Marseille en mai 2013.

"La culpabilité de Mme Andrieux est parfaitement établie", avait tonné le représentant du ministère public, Jules Pinelli, déplorant qu'elle n'ait jamais reconnu son rôle. "Vous vous mentez à vous-même en ne reconnaissant pas ce qu'il faudrait reconnaître. Cela aurait donné un caractère plus humain à ce dossier", avait-il lancé.

"Procès en sorcellerie", avait plaidé Me Grégoire Ladouari, l'un des avocats de l'élue, rejetant implicitement la responsabilité du système sur le président socialiste du Conseil régional Michel Vauzelle.

Sylvie Andrieux, fille d'un baron du defferrisme, elle-même députée depuis 1997, était alors au sommet de la hiérarchie de l'exécutif régional dont elle fut vice-présidente de 1998 à 2009. Elle a été exclue du PS après sa condamnation prononcée en première instance.

- "Je fais confiance à la Cour"-

Devant la Cour d'appel, sept personnes impliquées dans ce dossier avaient réitéré leurs témoignages de première instance, décrivant tour à tour les arcanes d'un système clientéliste.

Abderrezak Zeroual, condamné à 6 mois ferme et à payer solidairement 228.000 euros de dommages et intérêts, avait même qualifié Sylvie Andrieux de "parrain". Ce responsable associatif avait mis en cause lors de l'enquête Mme Andrieux, avant de se rétracter en première instance. M. Zeroual avait ensuite expliqué à la Cour d'appel qu'il s'était rétracté en 2013 à cause de "menaces" qui pesaient sur lui.

Pour Rolland Balalas, l'ancien collaborateur de la députée condamné en 2013 à 30 mois avec sursis, c'est indéniablement "Mme Andrieux qui faisait les arbitrages" pour les subventions.

La députée avait essayé de convaincre ses juges qu'elle n'avait aucune responsabilité dans l'attribution de ces subventions, rejetant l'entière responsabilité sur ce collaborateur.

Si l'inéligibilité de Sylvie Andrieux qui siège actuellement à l'Assemblée nationale chez les non-inscrits, devait être confirmée, tous recours épuisés, elle déboucherait sur une législative partielle dans un secteur où le FN a ravi la mairie au PS lors des dernières municipales.

"Je fais confiance à la cour parce que mon destin est entre ses mains", avait lancé Mme Andrieux à la fin des audiences de la cour d'appel, affirmant qu’elle avait toujours agi en son "âme et conscience".

Source : AFP

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