Meurtre de Millau : « Réfléchissez à tout ça », lance le président

  • La cour d’assises a pris connaissance des faits reprochés aux accusés.
    La cour d’assises a pris connaissance des faits reprochés aux accusés. José A. Torres
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Centre Presse Aveyron

Cour d’assises. Hier, Régis Cayrol est revenu sur la soirée meurtrière du 8 mai 2010. Il a rappelé aux 18 accusés qu’ils encourent, s’ils sont reconnus coupables, la réclusion criminelle à perpétuité.

Cette fois, c’est bel et bien parti. La deuxième journée, mardi, du procès des 18 accusés de l’assassinat, entre autres, du Millavois Jean-Ronald d’Haïty, alias « Scra », poignardé à mort à l’âge de 21 ans le soir du 8 mai 2010, devait en effet permettre à la cour d’assises de l’Aveyron d’entrer dans le cœur de l’affaire.
Dès la reprise de l’audience, dans la matinée, le président Régis Cayrol consacre près de deux heures au drame qui s’est déroulé il y a maintenant plus de quatre ans, dans le centre de Millau. Tous les points mentionnés dans l’ordonnance de renvoi devant la cour d’assises sont abordés : les altercations entre communauté antillaise et communauté maghrébine qui ont précédé la dramatique soirée ; la mort de « Scra » dans son appartement de la place Foch ; la fuite de ses amis en sautant par la fenêtre ; l’agression de l’un d’eux, Rodolphe Charles, qui, rattrapé, a été grièvement blessé (notamment par arme blanche) à quelques rues de là ; le rôle de « meneurs » qu’auraient joué ce soir-là les frères Laanizi, tous les deux accusés ; les multiples interpellations ; les témoignages ; les analyses génétiques mettant en évidence, sur les victimes et sur les lieux du crime, des mélanges partiels d’ADN ; etc. À l’image des trois parties civiles présentes et des jurés, dont quelques-uns prennent des notes, les accusés écoutent religieusement le président Cayrol.

Etude de personnalités

Cette étape passée, ce dernier appelle à la barre les 18 mis en cause. Chacun leur tour, ils se voient rappeler les chefs d’accusation, et qu’ils encourent, en cas de culpabilité, la réclusion criminelle à perpétuité. « Réfléchissez à tout ça », lance même Régis Cayrol à quelques-uns. Abdel-Malik Taghouzi fait justement partie de ceux-là et son avocat, Me Édouard Martial, n’appréciant guère cette remarque qui ponctue « une longue litanie », le reprend : « Je vous rappelle qu’il nie les faits (...) Il y aura des contestations fermes ».

Le président de la cour d’assises reste imperturbable et explique alors que son intention se limite à ce « que chacun essaye de réfléchir à la position qui doit être la sienne ».
L’après-midi fait entrer le procès dans la longue étape de l’étude de la personnalité des accusés : leur enfance, leur scolarité, leur comportement... Bref, tout ce qui concerne leur existence. Abdelouafi Najad et Farid Znidah sont les premiers à se livrer à cet exercice. Le premier, qui a fait six mois de détention provisoire, parvient à glisser qu’il n’a « rien à voir dans cette affaire », ajoutant même, avant que le président Cayrol lui précise qu’il aura la possibilité de s’expliquer plus tard sur les faits reprochés : « Je n’ai pas assassiné Jean-Ronald ». Les déclarations du second, qui a déjà effectué deux ans de prison dans le cadre de cette affaire, concluent cette deuxième journée de procès d’assises.

Les huit prochains jours seront consacrés à la personnalité des autres accusés ; les frères Laanizi s’exprimeront en dernier. Les nombreux experts se relaieront ensuite jusqu’à la mi-octobre. Puis, les débats reprendront avec, notamment, l’audition d’une soixantaine de témoins.
 

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