Ukraine: dix morts lors d'une rentrée sanglante

  • Une école endommagée à Donetsk, le 1er octobre 2014, après qu'un tir de roquette a eu lieu juste à côté, en Ukraine
    Une école endommagée à Donetsk, le 1er octobre 2014, après qu'un tir de roquette a eu lieu juste à côté, en Ukraine AFP - John MacDougall
  • Une femme transporte de l'eau, dans la cour d'un hôpital détruit par des tirs de roquette, dans la ville de Popasna, le 1er octobre 2014
    Une femme transporte de l'eau, dans la cour d'un hôpital détruit par des tirs de roquette, dans la ville de Popasna, le 1er octobre 2014 AFP - Anatolii Boiko
  • Des Ukrainiens près de Mayorovo dans la région de Donetsk le 1er octobre 2014
    Des Ukrainiens près de Mayorovo dans la région de Donetsk le 1er octobre 2014 AFP - Anatolii Boiko
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Centre Presse Aveyron

La rentrée des classes a viré au carnage mercredi dans l'est de l'Ukraine, avec 10 morts dans des bombardements, dont quatre dans une école, soit le bilan le plus lourd pour les civils en un mois de cessez-le-feu théorique entre armée régulière et rebelles prorusses.

L'ONG Amnesty International dont les responsables ont visité la zone touchée par les tirs a mis cette attaque sur le compte de l'armée ukrainienne tout en estimant que les rebelles qui "placent des cibles militaires dans des quartiers d'habitation" devaient "partager la responsabilité".

Plusieurs heures après un tir de roquette sur un arrêt de bus à Donetsk, la principale ville aux mains des séparatistes, des journalistes de l'AFP ont vu cinq corps, dont un à bord d'un autobus calciné et deux autres à une cinquantaine de mètres de distance, témoignant de la violence de l'explosion.

Selon l'administration régionale, l'explosion a fait six morts et un blessé.

A 500 mètres de là et presque au même moment, un obus est tombé tout près d'une école, provoquant la mort de quatre adultes et faisant huit blessés selon la même source. Plus de 200 personnes se trouvaient dans l'établissement, ont précisé les autorités régionales.

L'obus est tombé au moment où les élèves reprenaient le chemin de l'école dans la zone sous contrôle des indépendantistes, un mois plus tard que dans le reste de l'Ukraine.

Les élèves ont passé la fin de la matinée dans les caves de l'établissement avant de pouvoir rentrer chez eux.

- Cesser les tirs aveugles -

Les séparatistes ont accusé l'armée d'être à l'origine des tirs, expliquant ne pas disposer des munitions retrouvées sur place. L'armée a démenti être responsable des explosions, dont le bilan est le plus lourd parmi les civils en une seule journée depuis le cessez-le-feu conclu le 5 septembre à Minsk. Les combats ont au total fait 68 morts, civils et militaires, depuis cette date.

"Les forces ukrainiennes doivent immédiatement cesser des tirs dans des zones habitées", a également souligné John Dalhuisen, directeur de l'Amnesty pour l'Europe et l'Asie dans un communiqué.

Pendant une visite mercredi de la zone touchée par les bombardements, les responsables de l'ONG ont vu une pièce d'artillerie rebelle "placée à moins de dix mètres d'une maison".

"En effectuant des opérations militaires dans le quartier, les rebelles partagent la responsabilité de ces dernières attaques avec les forces ukrainiennes", a ajouté M. Dalhuisen.

"Il y avait tellement de gens, tellement de sang", a dit Vika Stegaïlo, une passagère âgée de 33 ans, dont les deux jambes ont été cassées, en s'en prenant au président ukrainien Petro Porochenko. "Qu'a-t-on fait pour mériter ça ? Nous avons des enfants qui ont le même âge que tes petits-enfants. Tu le paieras", promet-elle.

Malgré le regain de violences constaté depuis lundi, des observateurs des deux camps ainsi que de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont pris leurs quartiers le long de la ligne de partage entre les deux camps afin de surveiller le cessez-le feu, a indiqué le porte-parole de l'armée ukrainienne, Andriï Lyssenko.

- Guerre du gaz -

Après des combats qui ont fait plus de 3.200 morts depuis avril, les prorusses contrôlent une zone d'environ 230 km sur 160, ce qui représente quelque 3% du territoire ukrainien, mais 9% de sa population, dans le bassin minier et sidérurgique du Donbass.

Russes et Ukrainiens s'opposent notamment sur le dossier du gaz, Moscou ayant coupé en juin l'approvisionnement de Kiev pour exiger le remboursement d'une dette désormais évaluée à 5,3 milliards de dollars.

Le ministre ukrainien de l'Energie, Iouri Prodan, a indiqué qu'il se rendrait jeudi à Bruxelles pour des discussions avec l'Union européenne, qui redoute des coupures cet hiver pour ses 28 pays membres si Moscou ne reprend pas ses livraisons à l'Ukraine. Une réunion à trois avec la Russie pourrait avoir lieu vendredi, a-t-il ajouté.

La chancelière allemande Angela Merkel a insisté, lors d'un entretien téléphonique mercredi soir avec le président russe Vladimir Poutine, "sur la responsabilité de la Russie à exercer une influence modératrice sur les séparatistes prorusses", selon un communiqué de la chancellerie.

Le cessez-le-feu "doit enfin être entièrement respecté", poursuit le communiqué qui précise que les deux dirigeants "partagent" la même "inquiétude" sur la persistance des violences.

De son côté, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a mis en garde Vladimir Poutine contre la mise en place de nouvelles barrières commerciales à l'encontre de l'Ukraine, à la suite de l'adoption d'un décret par lequel Moscou menace Kiev de taxes à l'importation.

Ce décret nourrit de "vives préoccupations" au sein de l'UE, a assuré M. Barroso, rappelant que le Kremlin s'est engagé à maintenir le régime commercial préférentiel octroyé à l'Ukraine en échange du report à fin 2015 de l'accord de libre-échange entre Kiev et l'UE.

La nouvelle Première ministre polonaise, Ewa Kopacz, a pour sa part affirmé devant le Parlement polonais qu'elle mènerait "une politique pragmatique face à ce qui se passe en Ukraine".

"Nous soutenons le cap proeuropéen de l'Ukraine, mais nous n'allons pas remplacer les Ukrainiens qui ont eux-mêmes la responsabilité de réformer leur pays", a-t-elle ajouté, tout en appelant à la "solidarité" de la communauté démocratique internationale.

Source : AFP

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