Canal du Midi : la maladie des platanes aux portes de la ville rose

  • Depuis 2011, 2200 arbres ont été replantés, des essences diversifiées pour éviter des contaminations généralisées.
    Depuis 2011, 2200 arbres ont été replantés, des essences diversifiées pour éviter des contaminations généralisées. Repro CP
  • Depuis 2011, 2200 arbres ont été replantés, des essences diversifiées pour éviter des contaminations généralisées.
    Depuis 2011, 2200 arbres ont été replantés, des essences diversifiées pour éviter des contaminations généralisées. Repro CP
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Centre Presse Aveyron

Toulouse. Une dizaine de platanes très certainement atteints par le chancre coloré, qui ravage les bords du Canal du Midi, viennent d'être détectés dans des zones jusqu'ici épargnées, dont trois aux portes de la ville.

Les inspecteurs de Voies navigables de France (VNF) ont repéré ces dernières semaines "trois nouveaux foyers suspects", a indiqué Jacques Noisette, responsable régional de la communication de l’établissement public. La maladie, qui a déjà touché 13 000 des 40 000 platanes longeant le canal du Midi entre Toulouse et Sète, était circonscrite jusqu’ici entre Castelnaudary (Aude) à 80 km de Toulouse et le littoral méditerranéen, mais les nouveaux cas se situent pour la première fois en Haute-Garonne. Le foyer le plus proche de Toulouse comprend trois arbres à Castanet-Tolosan, 10 kilomètres environ au sud de la ville, a précisé M. Noisette.

Ces arbres "apparemment en mauvaise forme, affichent des taches marron et prune qui laissent peu de doute" a estimé le responsable de VNF. La progression de ce champignon microscopique qui dessèche rapidement les platanes et se propage très facilement "n’est pas linéaire, elle peut faire des bonds, soit parce qu’un bateau aura récolté des spores soit parce qu’une tronçonneuse non désinfectée viendra porter la maladie à des dizaines de kilomètres", a expliqué M. Noisette. Les arbres atteints seront dévitalisés dès confirmation de la maladie, puis seront abattus et détruits "dès la prochaine campagne d’abattage", indique VNF, gestionnaire de l’ouvrage inscrit par l’Unesco au patrimoine de l’humanité. Ces campagnes se déroulent de la mi-février à la fin avril et de la fin août au 15 novembre. VNF n’a pas encore décidé si les arbres sains entourant ceux qui sont malades seront aussi abattus, a précisé le responsable. Jusqu’à la fin 2013, la règle était d’abattre par précaution les arbres situés à moins de 50 mètres de part et d’autre du sujet atteint, soit 6 à 7 arbres sains pour un platane malade.

200 millions d'euros en 20 ans

En 2014, la procédure a été assouplie dans l’Aude à la demande de plusieurs communes traversées: seuls les arbres morts ou dangereux pour la circulation des promeneurs ou des bateaux ont été abattus. 3450 arbres ont été abattus en 2014 portant le total des abattages à 9850 depuis 2011. Les collectivités, déchirées de voir la voûte arborée bicentenaire du canal rasée en de nombreux endroits, accroissent leur pression pour rechercher d’autres solutions. Deux expérimentations alternatives à l’abattage sont en cours d’examen au ministère de l’Agriculture. Une première piste est celle d’un laboratoire toulousain, le Cetev qui propose d’injecter un produit ralentissant la propagation de la maladie à d’autres arbres.

La seconde est défendue par un groupe d’étudiants de l’Insa Toulouse qui propose de travailler sur la transformation d’une bactérie naturelle de l’arbre qui pourrait lui faire jouer un rôle d’anti-corps. "Nous sommes très attentifs à ces propositions et nous permettrons aux deux expérimentations d 'être mises en œuvre sur un certain nombre d’arbres dès que nous aurons le feu vert", a expliqué Jacques Noisette. Depuis 2011, 2200 arbres ont par ailleurs été replantés, des essences diversifiées pour éviter des contaminations généralisées. Selon M. Noisette, le rythme s’accélère et "on replantera autant d’arbres pendant cet hiver" que depuis 2011. Le budget total de restauration, replantation et abattage compris, doit atteindre 200 millions d’euros en 20 ans, financés par tiers entre l’État, les collectivités territoriales et le mécénat.

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