Syrie: les Etats-Unis peinent à prendre l'avantage sur les jihadistes de l'EI

  • Des hommes regardent la fumée au-dessus de la ville syrienne de Kobané, le 26 octobre 2014 depuis le village de Mursitpinar, à la frontière syro-turque
    Des hommes regardent la fumée au-dessus de la ville syrienne de Kobané, le 26 octobre 2014 depuis le village de Mursitpinar, à la frontière syro-turque AFP - Bulent Kilic
  • (du haut à gauche vers la droite en bas) Montage de 4 photos montrant des jihadistes de l'EI juste avant une explosion provoquée par une frappe aérienne de la coalition sur une colline de Tilsehir, à la frontière syro-turque
    (du haut à gauche vers la droite en bas) Montage de 4 photos montrant des jihadistes de l'EI juste avant une explosion provoquée par une frappe aérienne de la coalition sur une colline de Tilsehir, à la frontière syro-turque AFP - Bulent Kilic
  • Des soldats irakiens à Jurf al-Sakhr, au nord de Kerbala, le 26 octobre 2014
    Des soldats irakiens à Jurf al-Sakhr, au nord de Kerbala, le 26 octobre 2014 AFP - Haidar Hamdani
  • Des soldats turcs patrouillent à Mursitpinar, en face de la ville syrienne de Kobané où les combats continuent entre les forces kurdes et les jihadistes de l'EI, le 16 octobre 2014
    Des soldats turcs patrouillent à Mursitpinar, en face de la ville syrienne de Kobané où les combats continuent entre les forces kurdes et les jihadistes de l'EI, le 16 octobre 2014 AFP/Archives - Aris Messinis
  • Carte localisant le 24 octobre 2014 les  frappes de la coalition contre l'organisation de l'État islamique
    Carte localisant le 24 octobre 2014 les frappes de la coalition contre l'organisation de l'État islamique AFP - S.Ramis, J.Jacobsen
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Centre Presse Aveyron

Après plus de deux mois de bombardements, la coalition emmenée par les Etats-Unis a réussi à empêcher la chute de la ville syrienne de Kobané, mais peine à freiner les avancées des jihadistes de l'organisation Etat islamique (EI) sur d'autres fronts.

Le bilan des frappes lancées depuis le 8 août par les Etats-Unis et leurs alliés est mitigé. L'EI continue de gagner du terrain dans l'ouest de l'Irak et renforce son contrôle ailleurs.

Mais les responsables américains insistent sur le fait qu'il ne faut pas tirer de conclusions tant que les forces irakiennes et kurdes n'ont pas reconstitué leurs capacités.

"Nous ne sommes que dans les premières minutes du match", explique un haut-responsable du Centcom, le commandement militaire américain pour le Proche-Orient et l'Asie centrale, qui dirige l'opération.

De hauts responsables de l'administration américaine et de l'armée reconnaissent que la remise au niveau de l'armée irakienne prendra encore plusieurs mois, du moins pour qu'elle puisse reprendre au groupe EI ses bastions dans l'ouest et le nord de l'Irak.

Et les tribus sunnites d'Irak ne se sont pas encore jointes à l'effort de guerre, leurs chefs attendant des ouvertures politiques du nouveau Premier ministre, Haider Abadi.

A Kobané, à la frontière entre la Syrie et la Turquie, les responsables américains estiment, tout en restant prudents, que les forces kurdes ont pour le moment réussi à repousser les assauts des jihadistes grâce aux nombreux bombardements.

Les Américains y ont privé l'EI d'une victoire symbolique, mais sur le terrain la situation est dans l'impasse et les appels à l'aide désespérés des Kurdes, ainsi que la froide réponse des Turcs, ont révélé les profondes divisions au sein de la coalition anti-EI.

- 'Une bruine' -

Les objectifs américains "ne peuvent pas être atteints car les intérêts des divers partenaires sont diamétralement opposés", estime Vincent Desportes, professeur de stratégie à Sciences-Po et général à la retraite.

La fragilité de la coalition tranche avec la relative unité des alliés de la Guerre du Golfe en 1991, d'après lui. "En 1991, ça a réussi car les Américains ont réussi à s'aligner avec les Etats du Golfe".

Le rôle de la Turquie est une source constante de tensions. Selon des analystes, les Etats-Unis ont sous-estimé la détermination d'Ankara à éviter toute action qui renforcerait les Kurdes sur le terrain.

Parallèlement, la Turquie et des pays arabes s'agacent du refus de Washington de s'en prendre directement au régime du président syrien Bachar al-Assad.

Les Européens participent à l'opération en Irak, mais refusent d'envoyer leurs avions en Syrie.

Selon un responsable français, les objectifs de la guerre sont trop mal définis pour fédérer l'ensemble des partenaires de la coalition.

"Il y a une série de problèmes politiques, qui ont des répercussions sur la stratégie militaire", reconnaît ce responsable sous couvert d'anonymat.

Le but initial était de stopper les avancées des jihadistes en érigeant une "barrière de feu", le temps que les forces irakiennes soient capables de lancer une contre-offensive terrestre.

Mais après plus de 630 raids aériens en Syrie et en Irak, l'EI a continué à gagner du terrain, notamment dans la province d'Anbar, dans l'ouest de l'Irak.

Les Etats-Unis "ont compris que les forces irakiennes étaient encore plus faibles que ce qu'ils croyaient initialement", écrit Anthony Cordesman, du centre de réflexion Center for Strategic and International Studies, à Washington.

La campagne aérienne est bien moins intense que celle menée par l'Otan en Libye en 2011, poussant certains à la qualifier de timorée.

Pour le général américain à la retraite David Deptula, les Américains ont déclenché une "bruine" quand il faudrait un "orage".

Au Pentagone, on indique que les frappes sont limitées par la crainte de faire des victimes civiles, et par le fait que les forces irakiennes ne sont pas encore capables de lancer des assauts à grande échelle.

Mais ils citent l'opération réussie de reprise du barrage de Mossoul par les forces kurdes, en août, preuve selon eux que les forces locales peuvent mener des missions complexes.

D'autres succès suivront, assurait récemment le porte-parole du Pentagone, John Kirby: "Nous estimons que la stratégie fonctionne, qu'elle est bonne, et que la coalition continue à gagner en élan et en force".

Source : AFP

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