Face au chômage, l’apprentissage résiste en Aveyron

  • Sandrine Alet, responsable du service apprentissage de la chambre de métiers, et Claire Cinq.
    Sandrine Alet, responsable du service apprentissage de la chambre de métiers, et Claire Cinq. JB
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Joël Born

Alternance. L’apprentissage permet d’être en prise directe avec la globalité d’un métier et de se former à la culture d’une entreprise. Avec, dans 80% des cas, une embauche à la clé. En la matière, la France est à la traîne. Qu’en est-il en Aveyron ?

Conscient des mauvais résultats de la formation en alternance ces dernières années (entre 2011 et 2013, l’apprentissage a reculé de 7,75% et les contrats de professionnalisation de 14%), le gouvernement a décidé de relancer la machine. Se fixant pour objectif de porter le nombre d’apprentis à 500 000 en 2017 contre environ 400 000 actuellement.

Comment perçoit-on cette réalité au sein du Campus des métiers et de l’artisanat de l’Aveyron, à Rodez, où sont formés, chaque année, près d’un millier d’apprentis, soit pratiquement les trois-quarts des apprentis aveyronnais, les autres étant accueillis par les lycées professionnels, la chambre de commerce, le CFA agricole ou l’Afpa ?

"Depuis 2007-2008, nous assistons, en effet, à une baisse, différente selon les régions et assez raisonnée dans l’ensemble, explique Sandrine Alet, responsable du service apprentissage à la chambre de métiers. Mais je pense que c’est principalement la conséquence de la mauvaise situation économique actuelle et des difficultés des entreprises." Pas question ici de se laisser aller à une quelconque sinistrose. Sandrine Alet préfère, tout au contraire, délivrer un message positif.

"Les atouts de l’apprentissage sont bien réels mais trop souvent méconnus. Les gens en ont, parfois, une image dévalorisée."  Principal atout de l’apprentissage: l’immersion professionnelle en entreprise (50 à 75% du temps de formation, en fonction du niveau). Elle est source d’enrichissement et d’acquisition d’expérience dans la «globalité d’un métier.» "L’apprenti est formé à la culture de l’entreprise", corrobore Claire Cinq, conseillère au centre d’aide à la décision.  Ce qui explique en partie la réussite du système, avec plus de 80% des contrats qui débouchent sur un emploi. 

Un public plus mature

L’apprentissage s’adresse à des jeunes de 16 à 25 ans. "On assiste à une évolution dans la formation par alternance, avec un public plus mature, une plus grande mixité, observe Sandrine Alet. Des gens, parfois diplômés, reviennent vers une entrée métier et le public plus jeune vient, souvent, par choix."

De toute évidence, la perception de l’apprentissage a changé, "même s’il faut encore faire évoluer l’image qu’en ont certains." Et les responsables du service apprentissage de la chambre des métiers de remarquer, à ce propos, que si l’apprenti dispose d’un contrat de travail, il bénéficie aussi du statut d’étudiant et des avantages qui vont avec. L’occasion aussi de rappeler que la chambre des métiers propose des parcours individualisés, en fonction de chaque situation personnelle. "Le CAP, c’est l’entrée de l’apprentissage, mais on peut continuer bien au-delà", résume Sandrine Alet. Avec une très large palette de formations en alternance (35 formations différentes dans cinq secteurs d’activité), jusqu’à la licence professionnelle, pour lesquelles les formateurs s’appuient sur un lien permanent avec les professionnels.

Création et reprise d’entreprise

En Aveyron, environ 10% des 6500 entreprises inscrites au registre des métiers font appel à l’apprentissage."L’apprentissage, c’est souvent un engagement fort du chef d’entreprise", souligne Sandrine Alet. La chambre de métiers a instauré un accompagnement spécifique d’orientation."Si le jeune a un projet défini, on le met en relation avec un métier pour qu’il puisse confirmer son choix. Et cela peut très bien commencer par un stage de découverte. Nous sommes également là pour lui expliquer qu’une fois qu’il a choisi son métier, il a diverses possibilités de se former et de s’épanouir. Il peut aussi créer ou reprendre une entreprise." 

On l’aura compris, l’apprentissage veut évoluer avec son temps, en mettant en avant tous les bienfaits de l’alternance, afin de se débarrasser de certains clichés négatifs qui lui collent encore à la peau. "Il faut continuer à développer des filières, être à la pointe, en proposant des enseignements valorisants et de vrais projets innovants" ,ajoute la responsable du service apprentissage de la chambre des métiers, où l’on est bien décidé à tout mettre en œuvre pour accueillir les jeunes Aveyronnais dans les meilleures conditions. 

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