A Bahreïn, début des élections boycottées par l'opposition chiite

  • Manifestation appelant à boycotter les élections générales, le 21 novembre 2014 à Diraz, à l'ouest de Manama, à Bahreïn
    Manifestation appelant à boycotter les élections générales, le 21 novembre 2014 à Diraz, à l'ouest de Manama, à Bahreïn AFP - Mohammed al-Shaikh
  • Le leader du Wefag, principal mouvement de l'opposition bahreinie, cheikh Ali Salmane, lors d'un rassemblement contre l'organisation des élections générales, le 20 novembre 2014à Zinj, au sud de Manama
    Le leader du Wefag, principal mouvement de l'opposition bahreinie, cheikh Ali Salmane, lors d'un rassemblement contre l'organisation des élections générales, le 20 novembre 2014à Zinj, au sud de Manama AFP - Mohammed al-Shaikh
  • Des manifestants appelant à boycotter les élections générales font face à la police antiémeute, le 21 novembre 2014 à Diraz, à l'ouest de Manama, à Bahreïn
    Des manifestants appelant à boycotter les élections générales font face à la police antiémeute, le 21 novembre 2014 à Diraz, à l'ouest de Manama, à Bahreïn AFP - Mohammed al-Shaikh
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Centre Presse Aveyron

Les Bahreïnis ont commencé à voter samedi pour élire leurs députés à l'occasion des premières élections générales depuis la contestation antirégime de 2011 qui sont boycottées par l'opposition chiite de ce petit royaume du Golfe allié des Etats-Unis.

Des incidents se sont produits dans la nuit entre jeunes manifestants et forces de l'ordre dans des villages chiites de la banlieue ouest de la capitale Manama, selon des témoins.

Au total, 349.713 électeurs inscrits étaient appelés à choisir les 40 députés de la Chambre parmi 266 candidats, dont 23 anciens parlementaires, selon des chiffres officiels.

Des dissidents ont qualifié le scrutin de "farce" et le chef du Wefaq (principal mouvement d'opposition), cheikh Ali Salmane, a exigé la fin du "monopole du pouvoir" exercé par la dynastie sunnite des Al Khalifa, faute de quoi il pourrait y avoir une nouvelle "explosion" de violence.

Les bureaux de vote, qui ont ouvert à 08H00 locales (05H00 GMT), devaient fermer à 20H00 (17H00 GMT). Outre les législatives, des élections municipales étaient également organisées le même jour.

A Rifaa, banlieue aisée à majorité sunnite du sud de Manama où réside le Premier ministre, une centaine de personnes, pour la plupart des hommes vêtus de la longue blanche traditionnelle, faisaient déjà la queue une demi-heure avant l'ouverture des bureaux de vote, a constaté un correspondant de l'AFP.

- Incidents dans des villages chiites -

"Ce scrutin va contribuer à développer le pays sous la conduite du roi", a affirmé Naima El-Heddi, jeune fonctionnaire âgée d'une trentaine d'années.

Au terme d'une campagne terne des candidats, pour la plupart sunnites, la majorité chiite s'est fortement mobilisée pour assurer la réussite du boycott, décidé par l'opposition qui ne cesse de dénoncer la "répression" et milite en faveur d'une "véritable monarchie constitutionnelle".

Des journalistes de l'AFP qui circulaient samedi matin à travers des villages à majorité chiite ont vu des traces d'affrontements qui, selon des témoins, se sont produits la veille à Sanabes et Jed Hafs. Des barricades et des bennes à ordures brûlées témoignaient d'incidents récents.

Un peu plus loin, à El-Diah, toutes les rues du village étaient entravées par des troncs d'arbre, des bloc de béton, des sacs de ciment et des ordures, une action qui selon les autorités locales visent à empêcher les gens d'aller voter.

L'enjeu principal du scrutin sera le taux de participation qui, selon cheikh Salmane, ne devrait pas dépasser les 30%.

Un deuxième tour est prévu samedi prochain.

Dans un entretien vendredi avec l'AFP, le chef du Wefaq a expliqué que le boycott organisé par l'opposition "témoigne d'un rejet par le peuple qui réclame des réformes démocratiques" et la fin du "monopole du pouvoir" par la famille régnante.

Il a en outre mis en garde contre le risque d'une "explosion" à Bahreïn dans le contexte de la vague de violences qui secoue le Moyen-Orient. "Toutes les éventualités sont malheureusement possibles (...) tant que le régime et l'opposition ne seront pas parvenues à une entente".

- 'Porte du dialogue ouverte' -

La ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement, Samira Rajab, a pour sa part indiqué que le pouvoir était prêt à reprendre langue avec l'opposition.

"La porte du dialogue ne sera jamais fermée (...), y compris au Wefaq", a-t-elle dit à l'AFP.

Depuis le début de la contestation, émaillée de heurts qui ont fait "au moins 100 morts" selon un bilan cité jeudi par cheikh Salmane, l'opposition a participé à plusieurs rounds de dialogue national avant de quitter la table des négociations en estimant ne pas obtenir assez de concessions en vue de réformes de la part du pouvoir.

Une ultime proposition faite en septembre par le prince héritier, cheikh Salmane Ben Hamad Al-Khalifa, écouté par l'opposition, n'avait pas réussi à relancer ce dialogue.

"Nous ne pouvons pas livrer le pays au chaos", a cependant prévenu Mme Rajab.

De son côté, le chef du Wefaq n'a pas exclu vendredi une reprise du dialogue. "En cas d'accord politique qui place Bahreïn dans un cadre démocratique, même d'une manière progressive et concertée et selon un calendrier précis, nous aurons alors commencé à entrer dans une logique" de partenariat politique, a-t-il dit.

Source : AFP

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