Tilly-Sabco: 200 emplois sauvegardés sur 320

  • Des quais de chargement de l'abattoir de volailles breton Tilly-Sabco le 21 octobre 2013
    Des quais de chargement de l'abattoir de volailles breton Tilly-Sabco le 21 octobre 2013 AFP/Archives - Damien Meyer
  • Corinne Nicole, déléguée CGT à Tilly-Sabco, à Brest le 23 septembre 2014
    Corinne Nicole, déléguée CGT à Tilly-Sabco, à Brest le 23 septembre 2014 AFP/Archives - Fred Tanneau
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Centre Presse Aveyron

Les salariés de l'abattoir de volailles breton Tilly-Sabco étaient partagés, vendredi, entre rire et larmes, après l'annonce de leur reprise par le groupe britannique MS Food, la Chambre de commerce de Morlaix et Breizh Algae Invest (Olmix), qui permet la sauvegarde de 200 emplois sur plus de 320.

"L'entreprise est devenue la propriété de MS Food, Breizh Algae Invest et la CCI de Morlaix. Tilly-Sabco Bretagne vient de naître", a annoncé Éric Hély, élu syndical de l'abattoir, aux salariés et à la presse réunis sur le site, à Guerlesquin (Finistère).

"Nous sommes satisfaits que 202 emplois soient maintenus cependant nous regrettons fortement que 120 personnes doivent dans les prochains jours quitter l'entreprise", a déclaré pour sa part Corinne Nicole, déléguée CGT, les larmes aux yeux, sous les applaudissements de l'assistance.

"Aujourd'hui, c'est un soulagement, on arrive à la fin de la procédure", a-t-elle expliqué à l'AFP, avant d'ajouter: "On revient de très loin, on avait un pied dans la tombe..."

L'offre retenue, et qui était soutenue par les salariés et le comité d'entreprise, prévoit la création d'une société dont le capital serait détenu à parts égales entre les trois acteurs (1,5 million d'euros au total).

Un investissement de 2,5 millions de la part de MS Food et de Breizh Algae Invest interviendrait ensuite, avait indiqué à l'AFP le président de la CCI Jean-Paul Chapalain le 25 novembre lors de la présentation des offres.

Le projet prévoit de produire du poulet, selon le rite hallal ou non, frais, congelé et nourri aux algues. "On va diversifier l'offre" et "rentrer sur de nouveaux marchés à valeur ajoutée", avait ajouté le PDG d'Olmix, Hervé Balusson, rappelant que sa PME travaille depuis 20 ans sur le bien-être animal et la substitution d'antibiotiques dans les aliments via les algues, riches en antioxydants, protéines et minéraux.

- 'On a repoussé l'impossible' -

"Pour moi, c'est le V de la victoire, je suis super heureuse, parce qu'à la base, les premiers projets de reprise, c'était une catastrophe", a réagi Angelika Maillet, 28 ans, de toutes les actions menées depuis un an et demi pour sauver l'entreprise qui avait été placée en liquidation judiciaire fin septembre.

Les premières offres, avant leur amélioration, prévoyaient la reprise, au mieux, de 50 emplois.

"Là, on est quand même à 202 salariés gardés, c'est quand même les deux tiers de l'entreprise, c'est énorme, on a repoussé l'impossible", s'est-elle félicité entre rire et larmes, se disant persuadée de faire partie de ceux qui allaient recevoir dans les prochains jours un courrier leur annonçant leur licenciement.

"Je ne sais pas du tout si je vais être repris ou pas. Juste avant les fêtes c'est très dur", a regretté Patrick Gall, 47 ans, dont 32 dans l'entreprise.

"Il y a quand même 120 personnes qui vont devoir quitter l'entreprise, c'est quand même énorme", a abondé Véronique Garion, 46 ans, dont 27 dans l'entreprise, le visage fermé. "On est encore dans l'attente, moralement c'est très dur, on est épuisés", a-t-elle expliqué, les traits tirés.

"L'essentiel, c'est que Tilly-Sabco redémarre, c'était essentiel pour le territoire", a tranché Jean-Pierre Garion, chargé de l'approvisionnement de l'abattoir qui fait travailler quelque 1.000 personnes, en amont ou en aval de la filière entre éleveurs, accouveurs, céréaliers ou transporteurs.

Les difficultés de l'abattoir, dont 80% de la production était destinée au Moyen-Orient, remontaient à la suppression en 2013 des aides européennes à l'exportation pour les poulets congelés, qui soutenaient la filière à hauteur de 55 millions d'euros par an.

Tilly-Sabco et son concurrent Doux étaient les derniers en Europe à recevoir ces subventions qui leur permettaient de supporter le différentiel de compétitivité avec le Brésil, leur principal concurrent.

Le groupe Doux (2.200 salariés) avait également connu des difficultés il y a deux ans et été contraint de supprimer près d'un millier d'emplois. Il assure désormais être rentable.

Source : AFP

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