Etudiant poignardé à Toulouse : les deux accusés se renvoient la balle

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AFP

Un téléphone portable, une carte bleue, peut-être quelques euros : c'est pour un maigre butin qu'il refusait de céder que Jérémy Roze, 27 ans, a été tué en 2011 à Toulouse par l'un des deux hommes qui, mardi, se rejetaient la responsabilité du coup de couteau mortel devant la cour d'assises.  Dans la nuit du 26 au 27 février 2011, Jérémy, jeune étudiant sportif en dernière année de pharmacie, est mortellement atteint par un coup de couteau porté au coeur, en rentrant chez lui après une soirée festive chez des amis. Sa mort choque nombre de Toulousains et un mois après les faits, un "cortège de la colère" réunit un millier de personnes dans la ville, le long du parcours emprunté par l'étudiant le soir des faits.

Près de quatre ans plus tard, ce procès a une résonance toute particulière dans la ville rose, car plusieurs jeunes hommes y sont morts ou ont été grièvement blessés dans des circonstances analogues cette année, frappés à l'arme blanche à l'issue de soirées souvent arrosées et pour des motifs souvent futiles : un scooter malencontreusement renversé, une bouteille d'alcool refusée dans un bar, ou une brouille qui dégénère.

"C'est pas moi qui ai porté le coup de couteau, c'est l'autre

Brièvement interrogés mardi matin à l'ouverture des débats par le président, les deux accusés Hicham Ouakki 22 ans et Driss Arab 24 ans ont répondu, d'une manière lapidaire, qu'ils maintenaient leur version donnée pendant l'enquête. En résumé : "C'est pas moi qui ai porté le coup de couteau, c'est l'autre.

Pendant l'instruction, Hicham Ouakki a admis avoir participé à l'agression du jeune homme pour lui voler son portable et son portefeuille, mais il a accusé Driss Arab d'avoir "piqué" la victime avec un couteau, expliquant que lui-même tenait par les épaules l'étudiant qui tentait de résister au vol. Driss Arab n'a eu de cesse, lors des auditions, de contester cette version , assurant qu'il "fumait un joint" dans le quartier, pendant que son ami allait "gratter" une cigarette à un passant. Il assure avoir entendu le cri d'un homme puis avoir vu Hicham Ouakki revenir "choqué". Ce dernier lui aurait dit: "J'ai fait une connerie." Un troisième accusé, Magdoub Ferouh, 23 ans, en liberté, ne s'est pas présenté à l'audience mardi. Il avait hébergé Driss et Hicham au moment des faits. Il est poursuivi pour recel de l'arme du crime et pour avoir conduit les deux accusés à la gare.

"Je faisais des conneries"

Driss et Hicham étaient arrivés à Toulouse peu de temps avant les faits, venus de Limoges où ils résidaient. Rapidement, ils avaient multiplié les agressions de passants, la plupart étudiants, avant et même après l'agression mortelle de Jérémy. Le soir des faits, il avaient agressé une première victime, puis s'étaient fait refouler d'une boîte de nuit du centre-ville et étaient revenus dans le quartier Saint-Michel, où Jérémy Roze allait faire la rencontre d'au moins l'un des deux, vers 2h30 du matin. Les premières heures du procès ont été consacrées à l'examen de personnalité des deux hommes.

Notamment Hicham et ses onze condamnations au casier judiciaire, en grande majorité des vols avec agression, qui ont commencé alors qu'il était adolescent. "Immature", "en quête d'un référent adulte" depuis la mort de son père en 2007, selon l'enquêtrice de personnalité, Hicham a côtoyé tous les systèmes de prévention et de sanction de la délinquance des mineurs : centre éducatif fermé, centre de détention pour mineurs, foyers, familles d'accueil, accompagnement psychologique... "Je voulais pas être un fardeau pour ma mère. Je faisais des conneries. J'étais lâche... Maintenant j'en ai conscience", glisse-t-il dans un filet de voix. Dans la salle, une jeune femme assise près de la famille de Jérémy Roze tient à la main un autocollant avec le portrait de la victime et ces mots: "Violence : non! Réveillons-nous : oui!" Le verdict est attendu vendredi.

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