Houellebecq, superstar littéraire et politique de la semaine

  • L'écrivain Michel Houellebecq pose au Pavillon Carré de Baudouin, à Paris, le 5 novembre 2014
    L'écrivain Michel Houellebecq pose au Pavillon Carré de Baudouin, à Paris, le 5 novembre 2014 AFP/Archives - Miguel Medina
  • La couverture du nouveau roman de Michel Houellebecq, "Soumission", le 16 décembre 2014 à Paris
    La couverture du nouveau roman de Michel Houellebecq, "Soumission", le 16 décembre 2014 à Paris AFP/Archives - Bertrand Guay
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Centre Presse Aveyron

Bientôt lu par François Hollande, invité du 20H00 de France 2 mardi, de France Inter le lendemain, au coeur de tous les éditos et critiques: le corrosif Houellebecq est avec "Soumission" la star de la semaine et un acteur controversé du débat politique.

Le 6e roman du prix Goncourt 2010 sort mercredi en France chez Flammarion. Il paraîtra le 15 janvier en Italie, le 16 en Allemagne et devrait être publié dans une quarantaine de pays, précise son éditeur.

Le chef de l'Etat a déclaré lundi sur France Inter qu'il lirait "Soumission", "parce qu'il fait débat", tout en appelant les Français à ne pas se laisser "dévorer par la peur".

"Mon rôle est de dire: +Ne nous laissons pas emporter par ce climat, dévorer par la peur, l'angoisse+", a ajouté le président, rappelant que "l'idée de la submersion, de la soumission, de l'invasion, c'est une vieille idée".

Dans cette politique-fiction très polémique, Michel Houellebecq, 56 ans, imagine le triomphe à la présidentielle de 2022 du chef d'un parti musulman, au terme du "second mandat calamiteux de François Hollande", explique le narrateur du livre qui se prénomme... François.

Houellebecq se défend de toute provocation ou satire dans ce livre mais reconnaît "utiliser le fait de faire peur": "On ne sait pas bien de quoi on a peur, si c’est des identitaires ou des musulmans". "Je condense une évolution à mon avis vraisemblable", ajoute l'écrivain.

Mardi, le sulfureux romancier aux allures de Droopy, auteur français vivant le plus connu à l'étranger, sera sur le plateau du 20H00 de France 2, une invitation rare. Modiano avait été reçu sur la chaîne à l'occasion de son prix Nobel et Houellebecq pour son Goncourt, en 2010.

"Nous le recevons, parce que c'est notre rôle d'en savoir un peu plus" sur ce livre, indique-t-on à France 2. "Il n'y aura pas de mesure de sécurité particulière."

- Pujadas, personnage de 'Soumission' -

Michel Houellebecq sera interviewé en direct par David Pujadas, dont le narrateur de "Soumission" dresse un portrait un peu trop flatteur pour ne pas friser l'ironie.

"David Pujadas depuis quelques années était devenu une icône", écrit le romancier. "Il avait surclassé tous ses prédécesseurs par sa fermeté courtoise, son calme, son aptitude surtout à ignorer les insultes, à recentrer les affrontements qui partaient en vrille, à leur redonner l'apparence d'une confrontation digne et démocratique."

Pour sa part, TF1 n'a jamais convié Houellebecq au JT. De façon générale, le journal de la Une consacre plutôt aux auteurs des portraits, a indiqué la chaîne à l'AFP.

Mercredi, jour de la parution de son livre, Houellebecq sera aussi l'invité de France Inter, à partir de 08H20, puis de l'émission culturelle "Boomerang" d'Augustin Trapenard. Il pourrait être aussi sur Canal+.

Avant cette semaine médiatique, le dernier opus de Houellebecq avait déjà beaucoup fait parler de lui.

Le romancier, qui avait déclaré en 2001 "La religion la plus con, c'est quand même l'islam", a reconnu récemment que "le Coran était mieux" que ce qu'il croyait avant de le lire. Il a porté au pouvoir dans son roman un chef de parti musulman "modéré".

Le fondateur du site d'information musulman Al-Kanz, l'un des plus populaires de France, s'est d'ailleurs dit "amusé" par la vision de l'islam proposée dans "Soumission". "Je ne suis pas choqué par ce livre", a déclaré Fateh Kimouche dans l'hebdomadaire catholique La Vie.

"Il ne faut pas lire Houellebecq au premier degré", assure l'universitaire Bruno Viard. "C'est un auteur qui s'intéresse à tous les problèmes de ce que l'on peut appeler la post-modernité, dont la montée des extrêmes."

En revanche, le sociologue Eric Fassin estime qu'il y a chez Houellebecq "un double jeu: d'un côté, prétendre rendre compte du monde et de l'autre, refuser de rendre des comptes au monde: +Je le dis, mais c'est de la littérature, donc vous ne pouvez pas m'accuser de le dire+".

"Soumission" (traduction de "islam") pourrait être aussi, ajoute le sociologue, "une référence au titre du film de Theo Van Gogh et d'Ayaan Hirsi Ali en 2004, qui est un emblème de l'islamophobie".

Source : AFP

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