Et si Vimenet était le nouveau Sivens ?

  • Dans l'Aveyron, personne n’a oublié le projet de barrage qui devait noyer sur une centaine d’hectares la vallée du Cuge, en aval du bourg.
    Dans l'Aveyron, personne n’a oublié le projet de barrage qui devait noyer sur une centaine d’hectares la vallée du Cuge, en aval du bourg. DL
Publié le
D.L.

Eau. Entre Laissac et Saint-Geniez, le projet de retenue de 7 millions de m3 d’eau, s’il a reçu un avis défavorable du commissaire-enquêteur, n’est pas totalement enterré. Surtout si le projet de barrage de Sivens, dans le Tarn, ne se fait pas...

L’affaire du barrage de Sivens rencontre une résonance très particulière à Vimenet, ce village aveyronnais de 250 habitants situé entre Laissac et Saint-Geniez-d’Olt. Car, ici, personne n’a oublié le projet de barrage qui devait noyer sur une centaine d’hectares la vallée du Cuge, en aval du bourg.

Certes, l’avis négatif, donné en 2005 par le commissaire enquêteur, le tout conforté par le rejet concomitant du conseil général, a pu laisser croire que le barrage de Vimenet était bel et bien définitivement enterré. Or, en raison même des graves événements qui se sont produits à Sivens, et en particulier après la mort du jeune militant écologiste Rémi Fraisse, le blocage sur Sivens pourrait bien provoquer un effet collatéral, et remettre le dossier Vimenet en haut de la pile.

Au profit du maïs ?

Car il faut savoir -même si cela n’est pas clairement explicité dans les documents officiels- que c’est d’abord pour répondre aux mêmes agriculteurs spécialisés dans la maïsiculture, dans le Tarn et surtout le Tarn-et-Garonne, que ces deux projets ont été conçus. Certes, ils ont aussi été présentés comme nécessaires pour soutenir un débit d’étiage de l’Aveyron ou du Tarn. Une justification que certains fins connaisseurs du dossier ne rejettent pas si tant est qu’elle soit reliée aux gigantesques besoins en eau de la centrale nucléaire de Golfech, ce pourtant qu’aucun rapport officiel ne mentionne précisément non plus...

En revanche, la chambre d’agriculture du Tarn n’a jamais pu produire la liste des 80 agriculteurs locaux qui seraient preneurs de l’eau qui aurait recouvert la zone humide du Testet, une quinzaine à peine s’étant ouvertement manifesté à ce jour. Tandis qu’à Vimenet, dès la fin des années 1980, quand la chambre d’agriculture de l’Aveyron a tenté de faire avancer le dossier, elle s’est retrouvée rapidement confrontée à une opposition farouche, en particulier de la part de la quinzaine d’agriculteurs locaux directement concernés. Et très vite, c’est toute la population qui s’est liguée contre le projet. C’est d’ailleurs cette forte mobilisation qui est mentionnée dans les rapports officiels comme l’un des principaux obstacles à la relance de ce projet, notamment en 2011 dans le rapport établi de manière conjointe par des experts des ministères de l’Agriculture et de l’Environnement.

Conflits d’intérêts

De même que ceux-ci mentionnent une difficulté technique due à une faille géologique. Cependant, plus de 6 ans après le rejet du projet, celui-ci n’est peut-être pas définitivement enterré. Certes, l’avis négatif émis par le commissaire enquêteur avait alors été acté par la préfète alors qu’elle avait pourtant la possibilité de passer en force (comme à Sivens, Roybon ou Notre-Dame-des- Landes, par exemple). Mais depuis 2005, et singulièrement depuis cet hiver et le fait que le projet cousin sinon frère de Sivens soit désormais mis en suspens, les regards à nouveau se tournent vers Vimenet… Car nombre de similitudes rapprochent ces deux projets. En aval l’irrigation des grandes cultures fortes consommatrices d’eau. 

Et en amont du dossier, la situation de quasi-monopole dont jouit sur l’ensemble du bassin Adour-Garonne la CGAC (Compagnie générale d’aménagement des coteaux de Gascogne). Une société accusée par certains élus locaux et militants écologistes de se trouver en situation de «conflits d’intérêts». Puisque ce sont les mêmes élus qui peuvent être à la fois donneurs d’ordre, tout en siégeant au conseil d’administration de la compagnie, qui peut à la fois être chargée de l’étude de faisabilité tout en devenant ensuite maître d’ouvrage sur un même projet. Tel était en tout cas le montage du dossier tel que ficelé à Sivens. Avec l’appui certes du conseil général du Tarn, maître d’ouvrage, sur Sivens, alors qu’en 2005, celui de l’Aveyron s’était positionné contre le projet de Vimenet. Au nom en particulier des compensations de la part des irrigants, jugées trop modestes. Mais comment réagirait le Département si on lui présentait une offre un peu plus alléchante ?… 

Voir les commentaires
Sur le même sujet
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?