Mimoun Boujinane : «Ce n’est pas ça l’Islam»

  • L’évêque François Fonlupt et le représentant des musulmans de Rodez, Mimoun Boujinane ont longuement échangé lors de ce rassemblement devant la mairie de Rodez. Ce dernier lui a proposé une rencontre dans le courant du mois de février, affichant la volonté de donner une suite à ce bref mais ô combien précieux échange.
    L’évêque François Fonlupt et le représentant des musulmans de Rodez, Mimoun Boujinane ont longuement échangé lors de ce rassemblement devant la mairie de Rodez. Ce dernier lui a proposé une rencontre dans le courant du mois de février, affichant la volonté de donner une suite à ce bref mais ô combien précieux échange. José A. Torres
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Philippe Routhe

La rencontre était espérée, elle a eu lieu à midi devant la mairie de Rodez. Sous le frontispice sur lequel est inscrit «Liberté, Égalité, Fraternité». Le représentant des musulmans de Rodez, Mimoun Boujinane, l’Évêque François Fonlupt, le pasteur Luc Serrano et le président de l’association pour la mémoire des déportés juifs de l’Aveyron Simon Masbaum se sont retrouvés et ont échangé de franches poignées de mains, en présence des élus, des policiers municipaux et de nombreux anonymes. Cette rencontre des représentants des principales confessions religieuses du département s’est improvisée au fil des événements tragiques qui ont secoué le pays mercredi.

«Je suis Charlie»

Un représentant des musulmans de la ville avait appelé la mairie de Rodez pour savoir si elle organisait une minute de silence. Comme c’était le cas, il a fait savoir qu’une délégation serait présente. À la mairie, on a alors eu le sentiment qu’il était bon de le faire savoir à l’Évêque, au pasteur et au représentant des juifs de l’Aveyron. C’est ainsi qu’à midi, au son des cloches de la cathédrale, tout ce monde s’est retrouvé devant une mairie drapeau en berne près de laquelle une grande affiche «Je suis Charlie» était déployée. Tout un symbole. Après un long silence, chacun a improvisé un petit discours. «Nous sommes là pour la liberté de parole, de presse, de conscience, de religion et pour éviter les pièges qui enferment les communautés» disait François Fonlupt. «Tout ce qui s’est passé, ce n’est pas l’Islam. l’Islam c’est l’accueil, l’écoute», poursuivait Mimoun Boujinane. 

«Nous nous devons d’encourager l’esprit critique», lançait le pasteur. Simon Masbaum, arrivé quelques minutes en retard, prônait l’esprit de tolérance et d’espérance, «y compris avec ceux qui ne croient pas». Tel le credo de Charlie Hebdo, plus fort que les mots, l’image de ces échanges se dessinant sur cette place de la mairie donnait tout son sens à cette minute de silence. Avant de quitter les lieux, Mimoun Boujinane proposait à François Fonlupt la possibilité d’une rencontre. Peut-être dans le courant du mois de février. François Fonlupt acquiesçait vivement. Quant au traditionnel prêche du vendredi, à la mosquée, le représentant des musulmans de Rodez souhaitait avant toute chose en parler avec l’imam qui sera présent ce jour-là. De son côté, l’évêque, durant la cérémonie des vœux de l’église programmée hier en fin de journée, a consacré une partie de ceux-ci au drame de «Charlie Hebdo». L’image de ce rassemblement restera un des temps forts de la journée de deuil national à Rodez. Qui plus est si elle en appelle d’autres. 

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