Grèce: Tsipras expose son programme avant une semaine cruciale

  • Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis lors d'une conférence de presse avec le ministre allemand de l'Economie Sigmar Gabriel, le 5 février 2015 à Berlin
    Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis lors d'une conférence de presse avec le ministre allemand de l'Economie Sigmar Gabriel, le 5 février 2015 à Berlin AFP - Odd Andersen
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Centre Presse Aveyron

A trois jours de discussions cruciales avec ses partenaires européens sur la dette et l'aide à la Grèce, le nouveau Premier ministre grec doit exposer dimanche soir la politique générale de son gouvernement, centrée sur des mesures et des réformes à court et moyen terme.

Le discours d'Alexis Tsipras devant les 300 députés du Parlement, prévu à 17H00 GMT, est très attendu par les créanciers du pays, UE et FMI, qui ne cessent d'exercer des pressions sur Athènes pour que le pays respecte ses engagements précédents à se réformer et à assainir ses finances publiques, en échange d'une aide financière.

Or le gouvernement issu du parti de gauche radicale Syriza, porté au pouvoir il y a deux semaines, ne semble avoir aucune intention de reculer sur ses promesses de campagne. Il veut "mettre fin à la politique d'austérité" et relancer l'économie "sur la base de la justice sociale", rappelle le porte-parole du gouvernement Gabriel Sakellaridis, dans un entretien publié dimanche par l'hebdomadaire grec RealNews.

"Cela n'a aucun sens de prolonger le programme d'aide" imposé au pays depuis 2010 et qui "a conduit à l'impasse", affirme-t-il. Le porte-parole réitère que la proposition grecque est celle d'un "plan-relais" d'ici fin juin, qui va assurer les nécessités financières du pays et donner le temps à la Grèce et ses partenaires européens d'arriver à "un accord définitif".

"Il nous faut un certain temps pour arriver à un accord stable et efficace pour toutes les parties et pendant la période du plan-relais, on aura le temps sans chantage pour se mettre d'accord sur un plan des réformes", explique-t-il.

- 'Test de confrontation' -

Ce plan de réformes, surtout fiscales, visant à lutter contre l'évasion fiscale et la corruption, et aussi dans l'administration publique, est prévu pour trois ans et demi ou quatre ans. Le plan et le plan-relais, qui comprend des mesures sociales d'urgence pour "parer à la crise humanitaire", seront présentés par Alexis Tsipras dimanche soir.

"Le Premier ministre parle la langue de la vérité. Le plan qu'on va présenter dimanche soir au Parlement, sera le même qui sera exposé au sommet européen" jeudi, avait indiqué une source gouvernementale vendredi à l'issue d'un conseil des ministres.

Ces propositions gouvernementales ainsi que celles sur un aménagement de la dette seront présentées par le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis lors de la réunion extraordinaire des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles mercredi, à la veille du sommet des 28 pays de l'Union européenne auquel participera M. Tsipras.

M. Varoufakis s'est entretenu samedi avec des experts de la banque Lazard, choisie récemment par la Grèce comme conseiller sur la gestion de la dette du pays.

Le gouvernement grec veut repartir sur de nouvelles bases face à la "troïka" de ses créanciers (UE, BCE, FMI), avec une dette allégée via des montages financiers sophistiqués et moins de contraintes budgétaires.

Mais la majorité des partenaires européens, Berlin en première ligne, ont en effet fraîchement accueilli les propositions grecques présentées par Alexis Tsipras et Yanis Varoufakis pendant leur tournée cette semaine à Rome, Paris, Bruxelles, Francfort et Berlin.

Toutefois, malgré les divergences de vues, de nombreux analystes estiment que le compromis peut prévaloir lors des discussions à Bruxelles.

"Je pense que nous n'irons pas à l'affrontement ultime, personne n'y a intérêt, a déclaré à la chaîne Euronews ce week-end Etienne de Callataÿ, économiste en chef de la Banque Degroof à Bruxelles.

Le gouvernement grec, qui ne veut plus avoir affaire à la "troïka" représentant ses créanciers internationaux, pourrait rendre compte directement à l'UE et au FMI de ses progrès de réforme, a suggéré dimanche le président du Parlement européen Martin Schulz.

"Le contrôle de la mise en oeuvre effective des réformes promises pourrait aussi se faire sous une autre forme", a avancé M. Schulz dans les colonnes de l'hebdomadaire allemand Tagesspiegel am Sonntag. Athènes pourrait "rendre compte des résultats aux partenaires de l'UE et au Fonds monétaire international", a-t-il suggéré

"Les marchés misent sur un compromis avec l'UE", titraient dimanche l'hebdomadaire grec To Vima (centre-gauche). Pour Kathimerini (libéral), la semaine qui vient sera soit celle "de l'adaptation des deux parties à la réalité" soit celle de "la collision". "C'est le test de la confrontation à la réalité du pouvoir qui attend Syriza", résume de son côté M. de Callataÿ.

Le porte-parole du gouvernement se veut optimiste: "La tradition à l'UE est le compromis après une longue période de négociations dures. Nous allons finalement arriver à un accord", estime-t-il.

Source : AFP

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