Des juges financiers enquêtent sur des voyages de Sarkozy payés par son ami Courbit

  • L'ancien président Nicolas Sarkozy, le 17 février 2015 à Paris
    L'ancien président Nicolas Sarkozy, le 17 février 2015 à Paris AFP/Archives - Miguel Medina
  • L'homme d'affaires Stéphane Courbit, le 13 février 2015 à Bordeaux
    L'homme d'affaires Stéphane Courbit, le 13 février 2015 à Bordeaux AFP/Archives - Mehdi Fedouach
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Centre Presse Aveyron

Nouveau front judiciaire pour Nicolas Sarkozy: des juges financiers sont saisis d'une enquête pour abus de biens sociaux autour de trois vols en jet privé de l'ex-président en 2012-2013, facturés à la société Lov Group de son ami Stéphane Courbit.

Le parquet de Paris a ouvert cette information judiciaire le 19 décembre pour abus de biens sociaux, complicité et recel au préjudice éventuel de Lov Group, a appris mercredi l'AFP de sources proche du dossier et judiciaire.

L'abus de bien social punit le fait pour un dirigeant de faire avec sa société et de mauvaise foi des actes contraires à son intérêt, dans un but personnel ou celui d'une autre société. Le recel peut viser le bénéficiaire d'une infraction.

Une juge marseillaise s'était penchée de manière incidente sur les trois vols dans le cadre d'une enquête, baptisée Air Cocaïne, sur un trafic de stupéfiants entre la République dominicaine et la France, impliquant une société de transports aériens, SNTHS. Parmi les documents découverts lors d'une perquisition dans cette société, les enquêteurs ont saisi dix factures adressées à Lov Group, dont trois concernent les vols en jet privé de Nicolas Sarkozy.

Ces vols ont été effectués dans trois appareils différents en partance du Bourget, à destination de Doha (Qatar), où l'ex-président s'est rendu le 9 décembre 2012 pour un forum international sur le sport, des Etats-Unis le 30 janvier 2013 et le 26 février 2013 à Abou Dhabi (Emirats arabes unis).

D'après une source proche du dossier, les documents saisis montrent que le premier vol a été facturé 102.000 euros par SNHTS à Lov Group, le deuxième 95.000 et le dernier 104.000.

Le parquet de Marseille s'était dessaisi des éléments sur les vols au profit du parquet de Paris.

- Projet de fonds d'investissement -

L'avocat de M. Courbit, Christophe Ingrain, avait justifié auprès de l'AFP ces voyages par le projet de son client de créer un fonds d'investissement, Columbia, dans lequel M. Sarkozy était impliqué. Mais le projet avait été abandonné après la mise en examen pour abus de faiblesse de M. Courbit dans l'affaire Bettencourt, avait expliqué l'avocat.

Selon des courriels dont l'AFP a eu connaissance, des échanges ont eu lieu entre l'entourage de M. Sarkozy et des responsables qataris au sujet de Columbia. Depuis qu'il n'est plus président, Nicolas Sarkozy donne aussi régulièrement des conférences rémunérées à travers le monde.

Stéphane Courbit comparaît actuellement au procès Bettencourt à Bordeaux. Il est soupçonné comme d'autres prévenus d'abus de faiblesse sur Liliane Bettencourt, au sujet d'un investissement de l'héritière de L'Oréal de 143 millions d'euros dans Lov Group. Le parquet avait requis un non-lieu à son égard. Nicolas Sarkozy a bénéficié d'un non-lieu dans cette affaire, après avoir aussi été mis en examen pour abus de faiblesse.

L'enquête sur ses vols s'ajoute aux nombreux dossiers judiciaires qui embarrassent l'ex-chef de l'Etat, revenu en politique fin 2014 en prenant la tête de l'UMP.

Plusieurs enquêtes sont déjà ouvertes en lien avec la présidentielle de 2012. Parmi elles, l'affaire Bygmalion, un vaste scandale de fausses factures qui auraient servi à masquer un dépassement très important des dépenses de campagne de Nicolas Sarkozy. Ou celle des pénalités adressées après la campagne au candidat Sarkozy par le Conseil constitutionnel mais payées par l'UMP. Dans ces deux dossiers, l'ex-président n'a pas été entendu mais l'ancien patron de l'UMP Jean-François Copé a été mis en examen pour abus de confiance dans le dossier des pénalités.

Dans un autre dossier, Nicolas Sarkozy est mis en examen pour corruption active, trafic d'influence actif et recel de violation du secret professionnel. Les juges le soupçonnent d'avoir tenté, avec son avocat Thierry Herzog, d'obtenir des informations couvertes par le secret sur la procédure Bettencourt, en promettant à un haut magistrat d'agir pour sa carrière. Mais cette enquête a été suspendue en attendant l'examen de requêtes en nullité de la procédure.

Source : AFP

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