Yémen: le président démissionnaire fuit Sanaa, contrôlée par les miliciens chiites

  • Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi à Sanaa le 21 février 2013
    Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi à Sanaa le 21 février 2013 AFP/Archives - Mohammed Huwais
  • Des manifestants yéménites participent à une marche contre les Houthies à Ibb le 21 février 2015
    Des manifestants yéménites participent à une marche contre les Houthies à Ibb le 21 février 2015 AFP
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Centre Presse Aveyron

Le président démissionnaire Abd Rabbo Mansour Hadi a fui samedi la capitale yéménite, où il était assigné à résidence par la puissante milice chiite au pouvoir à Sanaa, plongeant le pays encore un peu plus dans l'inconnu.

Appuyé par l'Occident et l'ONU, M. Hadi a trouvé refuge à Aden, dans le sud du pays, après que des membres de sa garde eurent réussi à l'exfiltrer de sa maison, selon son conseiller.

Ce dernier a précisé que M. Hadi devrait s'adresser à la nation sous 48 heures dans une allocution télévisée, mais cette annonce a été contestée par un autre proche du président démissionnaire.

Son conseiller a indiqué que M. Hadi allait appeler le Parlement à se réunir à Aden --qui échappe comme la plupart des régions du Sud au contrôle des miliciens -- et qu'il "restait le président légitime et avait démissionné sous la pression des Houthis".

M. Hadi avait présenté sa démission le 22 janvier, en même temps que son Premier ministre Khaled Bahah, alors que les miliciens chiites s'étaient emparés deux jours plus tôt de bâtiments officiels, dont le palais présidentiel, prenant ainsi le contrôle total de Sanaa. Les deux hommes avaient été ensuite assignés à résidence et on ignore le sort de M. Bahah.

Le maire d'Aden, Abdel Aziz ben Habtour, un proche de M. Hadi qui l'a rencontré à son arrivée, a en revanche indiqué que ce dernier n'avait pas l'intention de faire un discours et "s'en tient à sa démission". Celle-ci n'a jamais été entérinée par le Parlement.

Affirmant leur soutien à M. Hadi, des centaines de manifestants ont défilé samedi à Sanaa contre les Houthis, selon un photographe de l'AFP.

Dans la province d'Ibb (centre), des centaines de personnes ont également manifesté contre les miliciens chiites, qui les ont dispersées en ayant recours à des balles réelles, selon un autre photographe de l'AFP.

- Nouveau rapport de forces -

Les Houthis, dont le bastion se trouve dans le nord du Yémen, ont commencé en septembre 2014 à prendre le contrôle de Sanaa, tout en avançant vers les zones côtières et les régions au sud de la capitale.

Dans certains secteurs, ils ont été confrontés à une résistance farouche des tribus sunnites et des combattants d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).

Face au chaos, le Conseil de sécurité de l'ONU a exigé que les Houthis se retirent des instances gouvernementales et libèrent le président et le Premier ministre. En vain.

M. Hadi a finalement "réussi à quitter sa maison samedi matin" pour se rendre à Aden, la capitale du Sud d'où il est originaire, selon son conseiller, qui a précisé qu'il était parti "sans aucun arrangement, sans même en informer un parti politique".

M. Hadi a pris la fuite par une porte dérobée alors que les miliciens houthis stationnés devant sa maison intervenaient sur le pillage d'une voiture transportant des armes, un leurre, a rapporté une source au sein des forces présidentielles.

Le convoi à bord duquel M. Hadi est parti était composé de dizaines de véhicules, selon un haut responsable de la sécurité à Aden. Il est désormais logé dans une résidence présidentielle du quartier de Khormaksar à Aden.

Devant le risque de chaos total, l'ONU avait poussé les forces politiques à engager un dialogue après la prise de Sanaa par les Houthis.

Jeudi, l'émissaire spécial des Nations unies Jamal Benomar avait affirmé qu'elles étaient proches d'un accord après avoir convenu de premiers compromis sur une période transitoire de gouvernance.

Mais après la fuite de M. Hadi, les discussions dans un hôtel de Sanaa ont été suspendues, selon un participant.

"La situation politique et le rapport de forces a changé avec l'arrivée de Hadi à Aden", a souligné sur Twitter la ministre de l'Information du gouvernement démissionnaire Nadia Sakkaf.

Source : AFP

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