Yémen: le président Hadi fuit Sanaa, rejette le "coup d'Etat" des Houthis

  • Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi à Sanaa le 21 février 2013
    Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi à Sanaa le 21 février 2013 AFP/Archives - Mohammed Huwais
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Centre Presse Aveyron

Le président Abd Rabbo Mansour Hadi a rejeté samedi le "coup d'Etat" des Houthis, dans un communiqué publié à Aden quelques heures après avoir fui la capitale où il était assigné à résidence par la milice chiite ayant pris le pouvoir à Sanaa.

Dans une déclaration qu'il a signée en tant que président, alors qu'il était démissionnaire, M. Hadi affirme que "toutes les mesures" prises par les Houthis depuis leur entrée dans Sanaa le 21 septembre sont "nulles et non avenues".

M. Hadi, dont le conseiller a affirmé qu'il "restait le président légitime et avait démissionné sous la pression des Houthis", exhorte par ailleurs la communauté internationale à "rejeter le coup d'Etat" de cette milice.

Appuyé par l'Occident et l'ONU, M. Hadi est parvenu à fuir Sanaa quelques heures plus tôt pour trouver refuge à Aden, principale ville du sud du pays, après que des membres de sa garde l'ont exfiltré de sa maison, selon son conseiller.

M. Hadi avait présenté sa démission le 22 janvier, en même temps que son Premier ministre Khaled Bahah. Les miliciens chiites s'étaient emparés deux jours plus tôt de bâtiments officiels, dont le palais présidentiel, prenant ainsi le contrôle total de Sanaa.

Les deux hommes avaient été ensuite assignés à résidence. M. Hadi réclame de lever cette mesure imposée à M. Bahah et d'autres responsables.

Le président Hadi a également appelé à la poursuite du processus politique et du dialogue national à Aden ou dans la province de Taëz, jusqu'à ce que Sanaa redevienne "une capitale sûre".

Son conseiller avait aussi fait savoir que M. Hadi avait l'intention d'appeler le Parlement à se réunir à Aden, qui échappe comme la plupart des régions du Sud au contrôle des Houthis.

Affirmant leur soutien à M. Hadi, des centaines de manifestants avaient défilé dans la journée à Sanaa et dans la province d'Ibb (centre) contre les miliciens chiites, selon des photographes de l'AFP.

- Nouveau rapport de forces -

Les Houthis, dont le bastion se trouve dans le nord du Yémen, ont commencé en septembre 2014 à prendre le contrôle de Sanaa, tout en avançant vers les zones côtières et les régions au sud de la capitale.

Dans certains secteurs, ils ont été confrontés à une résistance farouche des tribus sunnites et des combattants d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).

Face au chaos, le Conseil de sécurité de l'ONU a exigé que les Houthis se retirent des instances gouvernementales et libèrent le président et le Premier ministre. En vain.

M. Hadi a finalement "réussi à quitter sa maison samedi matin" pour se rendre à Aden, la capitale du Sud d'où il est originaire, avait auparavant déclaré son conseiller, précisant qu'il était parti "sans aucun arrangement, sans même en informer un parti politique".

M. Hadi a pris la fuite par une porte dérobée alors que les miliciens houthis stationnés devant sa maison intervenaient sur le pillage d'une voiture transportant des armes, un leurre, a rapporté une source au sein des forces présidentielles.

Le convoi à bord duquel M. Hadi est parti était composé de dizaines de véhicules, selon un haut responsable de la sécurité à Aden. Il est désormais logé dans une résidence présidentielle du quartier de Khormaksar, à Aden.

Devant le risque de chaos total, l'ONU avait poussé les forces politiques à engager un dialogue après la prise de Sanaa par les Houthis.

Jeudi, l'émissaire spécial des Nations unies Jamal Benomar avait affirmé qu'elles étaient proches d'un accord après avoir convenu de premiers compromis sur une période transitoire de gouvernance.

Mais après la fuite de M. Hadi, les discussions dans un hôtel de Sanaa ont été suspendues, selon un participant.

"La situation politique et le rapport de forces a changé avec l'arrivée de Hadi à Aden", a souligné sur Twitter la ministre de l'Information du gouvernement démissionnaire Nadia Sakkaf.

Source : AFP

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