Premier contact avec l'Irak pour "Charpy", pilote de Rafale

  • Un Rafale s'apprête à prendre son envol du pont du porte-avions du Charles de Gaulle le 25 février 2015 pour mener des opérations aériennes en Irak
    Un Rafale s'apprête à prendre son envol du pont du porte-avions du Charles de Gaulle le 25 février 2015 pour mener des opérations aériennes en Irak AFP - Patrick Baz
  • Des avions Rafale s'apprêtent à prendre leur envol pour se diriger vers l'Irak depuis le pont du porte-avions Charles de Gaulle, le 25 février 2015
    Des avions Rafale s'apprêtent à prendre leur envol pour se diriger vers l'Irak depuis le pont du porte-avions Charles de Gaulle, le 25 février 2015 AFP - Patrick Baz
  • Un mécanicien dirige un hélicoptère sur le pont du porte-avions Charles de Gaulle, le 25 février 2015 Un mécanicien dirige un hélicoptère sur le pont du porte-avions Charles de Gaulle, le 25 février 2015
    Un mécanicien dirige un hélicoptère sur le pont du porte-avions Charles de Gaulle, le 25 février 2015 AFP - Patrick Baz
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Centre Presse Aveyron

Pilote de Rafale engagé précédemment en Afghanistan et en Libye, "Charpy" découvre pour la première fois le théâtre d'opération irakien. Comme ses équipiers, il est aussi galvanisé par la "barbarie" de l'adversaire qui, plus que jamais, le conforte dans sa mission.

"On est entraîné, on connaît toutes les procédures, mais il faut maintenant s'accaparer le théâtre", raconte-t-il au retour d'un vol de nuit. Son visage est caché en raison de strictes consignes d'anonymat dans l'armée française depuis les attentats de Paris.

Comme en Afghanistan, l'ennemi est très mobile, imprévisible, souvent insaisissable. Les combattants du groupe Etat islamique (EI) se fondent dans les villes, au sein de la population, ce qui complique d'autant les frappes en appui aux forces irakiennes.

Mais, différence majeure, "on a très peu de personnes au sol", c'est-à-dire de forces spéciales pour guider les avions vers les cibles, souligne le pilote qui répond au nom de guerre de "Charpy".

"Les avions ont donc vraiment un rôle (important) à jouer pour identifier la façon dont l'ennemi bouge, change de position. C'est vraiment une autre façon de faire la guerre", note-t-il.

Dès le catapultage depuis le pont d'envol du porte-avions Charles de Gaulle, les appareils mettent le cap sur l'Irak, qu'ils atteignent en une trentaine de minutes, et remontent ensuite vers le nord du pays, Tikrit, Mossoul, au contact des jihadistes.

- Stress -

"Il faut alors rapidement prendre une première fois du carburant auprès d'un ravitailleur de la coalition. Ensuite, on arrive dans la zone +d'intérêt+. Cela dure à peu près une heure, ensuite on va reprendre du carburant, on repart pour une heure et ceci trois fois", décompte le pilote.

Sur zone, les avions de chasse de la coalition, conduite par les Etats-Unis, font de la reconnaissance aérienne, prennent des photos d'objectifs futurs et assistent forces irakiennes et peshmergas kurdes s'ils se font accrocher par les jihadistes ou ont besoin de renseignement.

"Avec nos moyens de reconnaissance, notamment des sortes de caméras vidéo infrarouge, on est capable de voir des mouvements de personnels ou de véhicules et de leur donner une meilleure vision de ce qu'ils ont sur le terrain. Comme cela, ils peuvent progresser en toute sécurité", relate "Charpy".

La phase d'appui au sol demeure la plus complexe. "On doit alors rapidement réagir pour éventuellement larguer une bombe ou tirer au canon. Il y a un coup de stress, mais on est encore plus performant car très vigilant".

- 'Une sorte d'obscurantisme' -

Pendant toute la durée du vol, la concentration est maximale, le droit à l'erreur égal à zéro. "L'adrénaline est assez condensée dans le corps, on tient avec cela. Il y a des périodes de transit où on peut se relâcher un petit peu. C'est alors une fatigue insidieuse qui s'installe".

Quand l'ennemi s'éloigne, que la torpeur menace de s'installer, les checklists, les contacts radio réguliers dans un espace aérien très chargé --de nombreux avions de la coalition opèrent dans le secteur-- aident à ne pas baisser la garde.

Dans la dernière ligne droite, après six heures de vol éprouvantes, "il faut aussi se remotiver parce qu'à l'appontage, en quelques millisecondes, vous pouvez aller à la catastrophe", décrypte le pilote.

"On reste concentré jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'on revienne en salle d'alerte, se déséquipe. C'est là où on rend le pistolet qu'on a emmené, les chargeurs. Cela reste une arme, il faut être rigoureux jusqu'au bout sur la gestion d'une arme", souligne-t-il.

Un autre élément inattendu s'est invité ces dernières semaines: les images glaçantes de soldats, journalistes et chrétiens décapités par l'EI devant les caméras, ou celles du pilote jordanien brûlé vif dans une cage.

"On fait partie d'une coalition, inévitablement de telles exactions ont un impact psychologique", concède "Charpy". "Beaucoup de pilotes se sont posé la question: +qu'est-ce que je fais si je tombe aux mains" de l'EI?.

"Mais cela a aussi augmenté notre détermination. Combattre un ennemi qui est capable de telles bassesses, c'est évidemment une grosse source de motivation pour l'ensemble des pilotes. Cela ne fait que renforcer notre idéologie qui est de dire +eux sont une sorte d'obscurantisme, alors que nous, on cherche simplement à vivre en paix+".

Source : AFP

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