"Subventionne un loup, élève une brebis": l'humour noir des éleveurs

  • Le Salon de l'agriculture à Paris le 20 février 2015
    Le Salon de l'agriculture à Paris le 20 février 2015 AFP/Archives - Stephane de Sakutin
  • La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal au Salon de l'agriculture à Paris, le 28 février 2015
    La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal au Salon de l'agriculture à Paris, le 28 février 2015 AFP - Dominique Faget
  • Un mouton au Salon de l'agriculture à Paris le 21 février 2015 Un mouton au Salon de l'agriculture à Paris le 21 février 2015
    Un mouton au Salon de l'agriculture à Paris le 21 février 2015 AFP/Archives - Patrick Kovarik
  • Un berger observe une de ses brebis attaquée par des loups à Caussols le 7 novembre 2012
    Un berger observe une de ses brebis attaquée par des loups à Caussols le 7 novembre 2012 AFP/Archives - Jean-Christophe Magnenet
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Centre Presse Aveyron

"Subventionne un loup, élève une brebis!" Les éleveurs de la Confédération Paysanne ont choisi l'humour (noir) pour dénoncer la multiplication des attaques qui ont tué plus de 8.200 brebis en 2014.

Le Syndicat (minoritaire) a lancé samedi une campagne avec plus de 500 tracts à distribuer aux visiteurs du Salon de l'agriculture, pour réclamer la révision du statut du loup qui reste une espèce protégée en Europe.

Une campagne, précise le tract, adressée "aux amoureux des loups convaincus que ces magnifiques animaux ne s'intéressent pas aux moutons et que la cohabitation est possible. Ainsi ils pourront les aider plus efficacement et suivre la vie, parfois courte, d'une brebis".

Selon Olivier Bel, éleveur chargé du dossier à la Confédération, la population de loups croît de 20% par an et atteignait 350 individus en 2014. "Dans deux ans on en aura 500, que fera-t-on?".

Les éleveurs font valoir que son aire de répartition a désormais largement dépassé les Alpes maritimes, où ils sont apparus initialement en 1992, pour atteindre les Cévennes - l'Hérault et l'Aude - et la Lozère.

Des attaques ont été aussi signalées en Franche-Comté, en Champagne, en Lorraine.

"En PACA, on a 20 ans de recul on sait gérer mais quand il arrive dans les Cévennes, dans l'Hérault ou dans l'Aude, les éleveurs n'ont aucune expérience", reprend M. Bel.

Pour la CP, ces attaques contribuent à l'abandon et à la désertification des zones de montagnes: "J'avais 120 chèvres dans la Drôme, les loups en ont dévoré 70", témoigne Thomas Vernay. "J'ai tout arrêté".

- Espèce protégée -

Son histoire, le jeune homme a pu la conter en direct à la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, samedi: en visite au Salon de l'agriculture, Mme Royal s'est arrêtée sur le stand du syndicat pour écouter les éleveurs.

Cet échange direct était le premier depuis l'entrée en fonction de la ministre, qui a convenu que "les éleveurs avaient le droit de se défendre".

Elle leur a rappelé qu'elle avait autorisé depuis août dernier les chasseurs à effectuer les "prélèvements" au cours de leurs battues et demandé à ses conseillers de "faire le bilan de (son) arrêté".

Au titre de la gestion de l'espèce protégée, 10% de prélèvements sur les meutes sont autorisés chaque année, soit 36 loups en 2014, mais seulement 15 ont été effectués, selon Olivier Bel.

Quant au statut du loup, Ségolène Royal a estimé qu'il fallait "saisir la Commission européenne sur le dossier", mais suggéré qu'une étude soit conduite, pour "mesurer les plus et les moins".

Pour les éleveurs, il y a urgence, tant au plan économique qu'humain.

"Le loup est capable de s'adapter à tout, aujourd'hui on le voit traîner dans les jardins en Lozère", rapporte Marie-Pierre Calmels, éleveuse de brebis bio face au Causse Méjan.

Un de ses voisins vient de perdre dix brebis sur les trente qui composaient son troupeau.

"Ce sont les petits élevages à l'herbe qui trinquent le plus", relève Olivier Bel qui voit dans la prédation du loup un élément "favorisant la concentration et l'industrialisation" de l'élevage, bête noire de la Confédération.

"Il faut revoir le statut pour réduire la prédation, c'est la seule solution pour réguler la population de manière efficace", insiste-t-il.

Quant à l'indemnisation assurée par les pouvoirs publics, 250 euros pour un bélier, 150 pour une brebis, elle est souvent tardive. "Mais surtout ce n'est pas la solution: payer les gens ne résout pas le problème", insiste Olivier Bel.

Le tract de la CP conclut: "Si par malchance il était tué par les loups, nous vous ferions parvenir la photo de votre animal mort, la plus détaillée possible" - photo aujourd'hui indispensable pour être indemnisé.

Encore faut-il retrouver la dépouille des victimes. Officiellement, 8.225 brebis mortes ont pu être déclarées l'an passé, mais avec les "disparues", les éleveurs sont convaincus que le cap des 10.000 a été franchi.

Source : AFP

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