Autoroutes: Macron veut "remettre à plat" les contrats

  • Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron à Maisons-Alfort près de Paris, le 5 mars 2015
    Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron à Maisons-Alfort près de Paris, le 5 mars 2015 AFP - Eric Piermont
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Centre Presse Aveyron

Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a souhaité lundi "remettre à plat" les contrats entre l'Etat et les sociétés concessionnaires d'autoroutes (SCA), mais manifesté ses doutes quant à la pertinence d'une résiliation, dans un entretien lundi avec l'AFP.

A la veille de la remise des conclusions d'un groupe de travail, M. Macron, évoquant les négociations avec les sociétés d'autoroutes, a remarqué que "notre objectif est triple: un, réussir à remettre à plat les contrats (...); deux, réussir à améliorer le financement de nos infrastructures de transport, et nos sociétés concessionnaires d'autoroutes doivent y contribuer davantage; trois, réussir à relancer l'activité économique".

Alors que le président PS de la commission du Développement durable de l'Assemblée nationale, Jean-Paul Chanteguet, partisan d'une résiliation des contrats , a claqué la porte du groupe de travail lundi en disant refuser de cautionner une "parodie de consultation", M. Macron a laissé entendre qu'une telle rupture de contrat n'avait pas sa faveur.

"Il y a des analyses sur la résiliation qui font ressortir les inconvénients de ce type de scénario, sur un plan financier, économique, et en termes d'attractivité", a-t-il développé.

"Comment demander à des sociétés concessionnaires d'autoroutes dont on aura résilié les contrats de mieux participer au financement des infrastructures et de mieux relancer l'activité?", s'est interrogé le ministre.

Après la remise des conclusions du groupe de travail mardi, "le gouvernement va prendre le temps de regarder toutes les pistes qui seront proposées afin de finaliser, en toute transparence avec ledit groupe, la négociation avec les sociétés concessionnaires d'autoroutes", a par ailleurs promis M. Macron.

Ces dernières, selon M. Macron, "ont compris que nous avions maintenant besoin d'une régulation plus transparente, plus vertueuse, et donc de remettre à plat les contrats en cours. De leur côté, elles ont leur intérêt social à protéger. Et c'est donc dans cet équilibre (...) que nous voulons construire le compromis final dans les prochaines semaines".

Dans un rapport publié en septembre, l'Autorité de la concurrence avait mis en avant la "rentabilité exceptionnelle" des SCA depuis leur privatisation en 2006, de l'ordre de 20% ou plus.

- Plan de relance en suspens -

Mais les concessionnaires contestent ce calcul, jugeant que leur rentabilité doit se calculer sur l'ensemble de la durée des concessions, soit une trentaine d'années.

M. Macron a noté que l'Autorité "n'a pas regardé le taux de rentabilité interne (...) c'est-à-dire incluant les coûts financiers engagés par les sociétés et prenant en compte l'intégralité de la durée des concessions, pour la bonne raison que ce n'était pas la question qui lui était posée".

"L'utilisation médiatique ou politique qui a pu être parfois faite du rapport de l'Autorité de la concurrence a pu aller au-delà des conclusions strictement factuelles que celle-ci avait mises en avant", a-t-il aussi estimé.

Ce rapport a de fait provoqué un affrontement entre les SCA et le gouvernement, ce dernier ayant décidé de geler l'augmentation de 0,57% des péages prévue au 1er février. S'estimant victimes d'un "excès de pouvoir", les sociétés ont contre-attaqué devant le Conseil d'Etat.

Le groupe de travail sur l'avenir des concessions autoroutières, composé de parlementaires et de représentants de l'administration, s'était réuni mardi dernier, mettant face à face les SCA et l'Autorité de la concurrence pour un débat contradictoire. Ce groupe doit tenir sa dernière réunion mardi avant de rendre ses conclusions.

Mais pour M. Chanteguet, "après un mois de travail, je constate que le gouvernement (...) est pressé de conclure, sans se donner le temps nécessaire et sans recourir à de véritables expertises indépendantes de l'influence des SCA".

"Je refuse d'avaliser plus avant cette mise en scène et mets un terme à ma participation à ce groupe de travail, dont les travaux, consciencieusement organisés et orientés, ont eu pour objectif de montrer, que de rente il n'y avait pas et que l'idée de la résiliation était irréaliste, pour ne pas dire irresponsable", a encore regretté le député.

Outre la hausse des péages, plusieurs points restent en suspens, dont un plan de relance qui prévoit 3,2 milliards d'euros de travaux sur l'ensemble du réseau autoroutier français.

Filiales pour la plupart des géants français du BTP Eiffage et Vinci, ainsi que de l'Espagnol Abertis, les SCA exploitent 9.048 kilomètres d'autoroutes françaises, sur les 11.882 existants.

Source : AFP

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