Des scientifiques persuadés d'avoir retrouvé des restes de l'auteur de Don Quichotte

  • Des chercheurs analysent des matériaux trouvés dans une crypte qui pourraient aider à identifier les restes de Cervantès, à Madrid le 26 janvier 2014
    Des chercheurs analysent des matériaux trouvés dans une crypte qui pourraient aider à identifier les restes de Cervantès, à Madrid le 26 janvier 2014 Sociedad de Ciencia Aranzadi/AFP/Archives
  • Exemplaire de "Don Quichotte", de Miguel de Cervantès, exposé dans une librairie de Madrid le 18 octobre 2004, dans une nouvelle édition publiée lors du 400e anniversaire de la parution du roman
    Exemplaire de "Don Quichotte", de Miguel de Cervantès, exposé dans une librairie de Madrid le 18 octobre 2004, dans une nouvelle édition publiée lors du 400e anniversaire de la parution du roman AFP/Archives - Christophe Simon
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Centre Presse Aveyron

L'équipe chargée de rechercher les restes de l'auteur de Don Quichotte, Miguel de Cervantès, est convaincue de l'avoir retrouvé dans la crypte d'une église du centre de Madrid, quatre siècles après la mort de l'inventeur du roman moderne.

"Il est possible de considérer que parmi les fragments de la +réduction+ découverte dans le sol de la crypte de l'actuelle église des Trinitaires se trouvent certains fragments appartenant à Miguel de Cervantès", a annoncé mardi Francisco Etxeberria, directeur de l'équipe scientifique chargée des recherches.

Les fouilles avaient démarré en mars 2014 dans un quartier historique du centre de Madrid.

"Nous sommes convaincus que nous avons entre ces fragments, quelque chose de Cervantès", a insisté le docteur Etxeberria.

Les chercheurs sont parvenus à cette conclusion en analysant un faisceau d'indices d'ordre documentaire sur l'auteur de Don Quichotte, indices comparés à leurs recherches anthropologiques et archéologiques sur place, bien que les restes n'ont pas été analysés de manière "génétique".

Ainsi, ont-ils étudié toutes les informations sur les personnes ayant reposé dans cette église, jusqu'à 300 dans différentes niches et à différentes profondeurs sous la terre, inhumées aux fil des siècles.

Ils ont également trouvé non loin des restes "présumés" de Cervantès une monnaie datant du XVIIème siècle, de même que des morceaux de tissus de l'époque, ont-ils expliqué lors d'une conférence de presse.

Au même endroit, les scientifiques auraient retrouvé des restes de son épouse Catalina de Salazar. On ne connait pas à Cervantès de descendance d'où la difficulté d'identifier ses restes.

"C'est un jour très important pour l'Espagne et pour notre culture", s'est félicitée mardi la maire de Madrid, Ana Botella.

Cervantès, fils de chirurgien, à l'époque un métier peu considéré, est mort le 22 avril 1616. Il a été écrivain, traduit de son vivant en français et en anglais, mais aussi homme d'armes, prisonnier de guerre, camérier de cardinal, et financier.

- Modeste sépulture -

Né en 1547, dans la vieille ville universitaire d'Alcala de Henares, près de Madrid, l'écrivain a passé les dernières années de sa vie dans ce quartier du centre de la capitale espagnole, aujourd'hui rebaptisé "Barrio de las Letras", ou "Quartier des Lettres", en hommage à ses célèbres habitants: Cervantès, mais aussi Lope de Vega, et les grands rivaux littéraires du Siècle d'Or, Francisco de Quevedo et Luis de Gongora.

Un quartier qui se démarquait à l'époque "par le grand nombre de membres du monde du spectacles et de la bohème, en plus d'auteurs en tous genres qui y vivaient et s'y retrouvaient", selon l'historien Fernando de Prado.

L'auteur de Don Quichotte fut enterré dans ce même quartier, à l'église des Trinitaires, un couvent à la façade en brique rouge, le 23 avril 1616. Mais on ignorait le lieu exact de sa sépulture, qui aurait même été déplacée selon les chercheurs.

Selon le directeur général du Patrimoine culturel de la mairie de Madrid, José Francisco Garcia, qui avait donné des précisions en 2014 sur ce sujet, Miguel de Cervantès a sans douté été enterré "enveloppé dans une bure du tiers ordre franciscain, qu'il avait rejoint peu avant".

Les anthropologues n'ont en revanche pu confirmer l'identité des restes grâce à l'une des "caractéristiques spéciales" de l'écrivain, surnommé "le manchot de Lépante" après avoir été blessé à la poitrine et perdu l'usage de la main gauche lors de la légendaire bataille navale de Lépante (1571), remportée par la Sainte Alliance sur les Turcs.

Ces lésions n'étaient pas visibles en raison de "l'état de conservation des os".

Jean Canavaggio, professeur à l'Université de Paris X-Nanterre et biographe de Cervantès, a fait état d'une certaine "émotion".

"Ce qui doit être retenu c'est que c'est un personnage dont la vie est absolument passionnante", a-t-il réagi, rappelant que l'écrivain avait inventé le roman moderne, en donnant "la parole à ses personnages au lieu de raconter du dehors ce qui leur arrive".

"Il y a évidemment une autre dimension: l'aspect touristique et économique. Il va y avoir des foules de touristes qui vont se précipiter au couvent des Trinitaires", a-t-il ajouté.

En 2015 l'Espagne fêtera justement les cinq siècles de la parution de la deuxième partie du Quichotte, en 1615, a rappelé de son côté le ministre de la Culture Jose Ignacio Wert en saluant l'annonce des scientifiques.

Source : AFP

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