L’agriculture biologique réclame de vrais moyens

  • Les producteurs ont improvisé un pique-nique bio devant la salle des fêtes.
    Les producteurs ont improvisé un pique-nique bio devant la salle des fêtes. José A. Torres
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Joël Born

Colère. Profitant de la tenue de l’assemblée générale de l’Apaba, les agriculteurs bio aveyronnais ont exprimé leur mécontentement face notamment à la baisse de 25% des aides au maintien.

Originaire d’Alsace, Bernard Brasseur a vécu en Corse avant de décider de s’installer en Aveyron, avec sa compagne et leurs deux enfants. Depuis quatre ans, ce jeune paysan maraîcher, comme il se définit, est à la tête d’une petite exploitation de 4 hectares, dans le village d’Auzits. Parti de rien, il a investi 150 000€ dans l’acquisition de la ferme et du matériel.

Il produit principalement des légumes, quelques volailles, des œufs, mais aussi de la confiture, du vinaigre et de la crème de châtaigne. L’été, il parcourt les marchés de producteurs de la région avec sa baraque à frites, préparées à partir des patates cultivées dans l’exploitation. Sa compagne travaille, pour l’instant, à l’extérieur. Même s’il n’est pas toujours facile de joindre les deux bouts, Bernard ne regrette pas son choix. «Pas encore» plaisante-t-il.

Secrétaire de l’Association des producteurs de l’agriculture biologique de l’Aveyron (Apaba) et secrétaire du réseau régional (Frab) il s’implique bénévolement en faveur de l’agriculture bio.«Pour nos campagnes, pour les générations à venir» 

«On pourrait créer 50000 emplois en Midi-Pyrénées»

«Comment se fait-il que l’agriculture biologique stagne au niveau national entre 5 et 6%?», interroge le maraîcher. Lui est convaincu que le bio a de l’avenir. À condition tout simplement qu’on lui en donne les moyens. «On pourrait créer 50 000 emplois au niveau régional, avec peu d’investissements, affirme-t-il. En Aveyron, par exemple, on ne produit pas assez de légumes et de fruits bio. J’y crois à fond. Économiquement, ça peut être rentable et ce sont des emplois qui ne sont pas délocalisables. Mais il faut aller vite, avant que les savoir-faire s’éteignent dans nos campagnes.» 

Pour Bernard Brasseur, l’agriculture biologique manque encore de soutien et de visibilité. Mardi, profitant de l’assemblée générale de l’Apaba, les agriculteurs bio aveyronnais ont exprimé leur mécontentement, lors d’un pique-nique symbolique devant la salle des fêtes de Rodez. «100% agroécologie, 0% considération», pouvait-on lire sur une banderole. La veille, Bernard se trouvait à Toulouse, devant la préfecture de Région, pour dénoncer, entre autres, la baisse de 25% des aides au maintien des productions bio en 2014.

Un coup de massue selon la fédération régionale. Le réseau régional des agriculteurs biologiques se heurte également à d’importants soucis de trésorerie, en raison des retards de paiement des principaux financeurs, aux premiers rangs desquels l’État et la Région. «Sur un budget de 2 M€, nous avons plus de 900 000€ d’aides qui n’ont pas été versés. Ça dure depuis plusieurs années et cela ne fait que s’amplifier, explique Bernard. Cela nous cause de gros soucis de trésorerie. Nous n’arrivons même plus à payer les 24 salariés du réseau régional de la Frab.» En Aveyron, pour remplir ses diverses missions, l’Apaba emploie 4 salariés à plein-temps et envisage même d’en embaucher un cinquième.

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