L'électricien de Picasso condamné à deux ans avec sursis pour recel

  • L'ex-électricien de Picasso Pierre Le Guennec au tribunal de Grasse, le 10 février 2015
    L'ex-électricien de Picasso Pierre Le Guennec au tribunal de Grasse, le 10 février 2015 AFP - Valéry Hache
  • L'ex-électricien de Picasso, Pierre Le Guennec et sa femme au tribunal de Grasse, le 10 février 2015
    L'ex-électricien de Picasso, Pierre Le Guennec et sa femme au tribunal de Grasse, le 10 février 2015 AFP/Archives - Valery Hache
  • Maya Widmaier-Picasso, fille de Picasso, au tribunal de Grasse le 10 février 2015
    Maya Widmaier-Picasso, fille de Picasso, au tribunal de Grasse le 10 février 2015 AFP/Archives - Valery Hache
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Centre Presse Aveyron

L'ex-électricien Pierre Le Guennec et son épouse Danielle ont été condamnés vendredi à deux ans de prison avec sursis pour le recel de 271 œuvres de Picasso entreposées pendant quarante ans dans leur garage du sud de la France, un trésor qui revient aux héritiers.

Les œuvres, saisies par la justice et dont la valeur n'a pas été chiffrée, vont être remises au fils de l'artiste, Claude Ruiz-Picasso, qui représente les six héritiers, a annoncé vendredi le président du tribunal correctionnel de Grasse, Jean-Christophe Bruyère.

Les retraités ont été reconnus coupables de "recel de biens provenant d'un vol" mais l'enquête n'a pas permis d'établir formellement l'identité de l'auteur du ou des vols.

"On est déçus", a murmuré Pierre Le Guennec, arrivé "confiant" au tribunal. "On est des gens honnêtes. Peut-être qu'on ne sait pas parler... On est des petits, on n'a pas un grand nom", a interjeté son épouse, plus offensive.

"A 10h00, il y a eu une éclipse du soleil, la décision à éclipsé la vérité!", a lancé leur avocate Evelyne Rees, qui envisage de faire appel.

"C'était un sacré culot de vouloir nous faire gober cette histoire", résume Maya Widmaier-Picasso, fille de Picasso.

Son demi-frère Claude Ruiz-Picasso, portrait craché de son père, sourit enfin. "Ces oeuvres n'auraient jamais dû être soustraites de la succession et de l'histoire de l'art", souligne l'héritier, ébahi quand il a vu les oeuvres pour la première fois dans son bureau parisien en 2010 lorsque le couple a cherché à les faire authentifier. La rocambolesque histoire avait alors fait le tour du monde.

Pour son avocat Jean-Jacques Neuer, on assiste surtout "à la fin d'une mystification et d'une manipulation de l'opinion publique opposant la puissante famille au petit électricien".

Durant le procès il a décrit -sans preuves- Pierre le Guennec comme un pion manipulé par des marchands d'art véreux, tentant d'écouler des œuvres initialement volées par son cousin "Nounours" (ex-chauffeur de Picasso).

- "Mystification" -

Lors du procès en février, le ministère public avait requis cinq ans de prison avec sursis à l'encontre du couple de retraités de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes). Les époux septuagénaires ont porté préjudice à "la confiance" et à "la mémoire" de Pablo Picasso, avait estimé le procureur Laurent Robert, tout en appelant à une sanction équilibrée pour des prévenus "totalement dépassés".

Le couple soutient que les 271 œuvres empilées dans un carton durant quarante ans sont un cadeau de Jacqueline Picasso, dernière épouse de l'artiste, fait en 1971 ou 1972 dans son mas de Mougins.

"Elle m'a dit +ça c'est pour vous+", avait relaté Pierre Le Guennec, qui avait répondu "merci madame" à Jacqueline. Peu impressionné en rentrant chez lui, il découvre "en vrac" dans la boite "des dessins, des esquisses, du papier froissé", avant de reléguer le tout dans son garage durant quatre décennies.

Durant le procès, les témoignages de proches et d'experts de Picasso ont tous convergé pour détruire la thèse d'un don. Et les trois avocats défendant le couple Le Guennec n'ont produit aucun témoin défendant la bonne foi de leurs clients.

Les 271 œuvres de l'électricien -qui s'échelonnent entre 1900 et 1932- avaient été projetées sur un écran du tribunal. Dévoilant quelques pépites: des dessins stylisés de femmes et de chevaux, neuf collages cubistes très rares de l'époque de sa collaboration avec Georges Braque, une étude de la "période bleue" ou encore des œuvres plus intimes comme des études de sa maîtresse Fernande, des dessins de sa première femme Olga ou un petit cheval découpé réalisé pour ses enfants...

Aucune œuvre n'est signée ou dédicacée, une façon pour l'artiste de se protéger des vols dans ses ateliers.

Détail troublant de l'affaire, qui laisse planer un parfum de mystère, l'électricien qui s'exprime maladroitement et n'est pas un spécialiste d'art, affirme avoir rédigé lui-même les descriptifs des œuvres. Il a identifié, par exemple, une petite étude abstraite au crayon comme ayant des similitudes avec une peinture de 1915 d'un Arlequin exposé au Musée d'art moderne de New York (MoMA). Mais Pierre Le Guennec ne semblait pas connaître l'existence du MoMA.

Source : AFP

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