Seniors en danger: la dénutrition trop souvent au menu des maisons de retraite

  • Nombre de seniors en maison de retraite souffrent de dénutrition
    Nombre de seniors en maison de retraite souffrent de dénutrition AFP/Archives - Georges Gobet
  • Nombre de seniors en maison de retraite souffrent de dénutrition
    Nombre de seniors en maison de retraite souffrent de dénutrition AFP/Archives - Georges Gobet
Publié le
Centre Presse Aveyron

Nombre de seniors en maison de retraite souffrent de dénutrition, mais cet enjeu crucial de santé publique reste noyé "dans un océan d'indifférence: une chape de plomb révoltante", déplore l'UFC-Que Choisir qui en appelle aux pouvoirs publics au terme d'une enquête.

L'objectif de cette enquête? Que le projet de loi de Santé publique s'empare de ce problème jusqu'ici occulté, explique l'association de consommateurs. Mais aussi alerter les familles sur l'importance d'une alimentation équilibrée et adaptée au grand âge.

Les résultats de l'analyse des menus de 88 Établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de 49 départements sont publiés dans le numéro d'avril de la revue Que Choisir et sur le site de l’association. S'y ajoute un sondage auprès des résidents de 43 autres Ehpad.

"Dans le contexte électoral actuel, il faut noter que les seniors resteront de la compétence des départements", a relevé mardi Alain Bazot, président de l'association, lors d'un point presse.

"La dénutrition est un enjeu de santé publique qui se développe dans un océan d’indifférence de la part des pouvoirs publics", s'indigne M. Bazot. Pourtant, ces carences alimentaires entraînent des pathologies graves chez les personnes âgées: déficits immunitaires, escarres, infections, chutes, fractures et risque de mortalité multiplié jusqu’à huit.

"Notre enquête montre des dysfonctionnements graves et une qualité alimentaire qui bat en retraite !", ajoute-t-il. Entre 15 et 38% des résidents des Ehpad sont dénutris.

Pourtant, des recommandations ont été publiées depuis des années: équilibre nutritionnel (protéines, laitages, légumes, fruits...), rythmes alimentaires adaptés (4 repas quotidiens), durées minimales de chaque repas, respect de 3 heures minimum entre chacun d'eux et jeûne nocturne inférieur à douze heures.

Sur les 88 établissements testés, aucun ne respecte l’ensemble des recommandations.

"Ces résultats sont désolants", tacle Gisèle Kesler, vice-présidente de Que Choisir. L'intérêt sanitaire des seniors "est trop souvent sacrifié au profit de l'organisation du personnel". Dévoué mais débordé, le personnel est peu critiqué: 90% des résidents interrogés le juge "attentionné".

- Économies à tous les niveaux -

"La qualité nutritionnelle pâtit de considérations économiques, avec un déficit de poisson, de viande rouge non hachée et de fruits frais", renchérit Olivier Andrault, chargé de mission pour l’association.

"Côté protéines, il y a des économies à tous les niveaux". Selon l’enquête, 22% des établissements ont souvent recours à des plats préparés industriels, inadaptés à la santé et aux goûts des résidents: nuggets, burger, cordon bleu...

Dans les Ehpad, "le budget consacré à l’achat des aliments (entre 330 euros et 400 euros par mois suivant le mode de gestion) n’est pas suffisant", assure M. Andrault. Selon plusieurs études, "il faudrait compter au moins 1,70 euro par repas. On est loin du compte".

Le suivi nutritionnel est aussi insuffisant: seuls 7 établissements sur les 88 font intervenir chaque mois un diététicien. Dans 63% des cas, c'est une fois par an, ou moins... Et la pesée mensuelle des personnes carencées est absente dans 18% d'entre eux.

La composition des menus n'est pas une condition suffisante pour que les seniors s'alimentent correctement, mais c'est une condition nécessaire.

Ainsi, les "plaisirs de la table", la convivialité, agissent positivement sur l'envie de manger et le moral. Pourtant, beaucoup d'Ehpad imposent des places immuables, sans se préoccuper des préférences de tel ou tel voisin de table.

Les résidents, "qui pour beaucoup ne sont plus des électeurs, ont du mal à faire entendre leurs voix, tout comme les familles", remarque Alain Bazot. "C'est aux pouvoirs publics de fixer un cap, un cadre réglementaire précis pour un équilibre alimentaire garanti, contrôlé chaque année par les Agences régionales de santé" afin que les seniors retrouvent goût à leurs assiettes.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?