Le Portugal, havre de paix des retraités britanniques fortunés

  • Sally Kerr, une retraitée britannique de 64 ans pose dans sa maison dans le village Monte da Palhagueira, une résidence pour personnes âgées de plus de 55 ans à Loule, au sud du portugal le 25 mars 2015
    Sally Kerr, une retraitée britannique de 64 ans pose dans sa maison dans le village Monte da Palhagueira, une résidence pour personnes âgées de plus de 55 ans à Loule, au sud du portugal le 25 mars 2015 AFP - PATRICIA DE MELO MOREIRA
  • Le retraité suédois Sten Thore, 84 ans, joue sur un piano Steinway dans sa maison du Village britannique Monte da Palhagueira, une compexe résidentiel pour personnes âgées de 55 ans et plus à Loule, au sud du portugal, le 25 mars 2015
    Le retraité suédois Sten Thore, 84 ans, joue sur un piano Steinway dans sa maison du Village britannique Monte da Palhagueira, une compexe résidentiel pour personnes âgées de 55 ans et plus à Loule, au sud du portugal, le 25 mars 2015 AFP - PATRICIA DE MELO MOREIRA
  • Les résidents du Village britannique Monte da Palhagueira British Village, une résidence pour personnes âgées de 55 ans et plus, se retrouvent pour prendre un verre chaque semaine, une réception organisée par les gérants du complexe à Loule, au Portugal le 25 mars 2015
    Les résidents du Village britannique Monte da Palhagueira British Village, une résidence pour personnes âgées de 55 ans et plus, se retrouvent pour prendre un verre chaque semaine, une réception organisée par les gérants du complexe à Loule, au Portugal le 25 mars 2015 AFP - PATRICIA DE MELO MOREIRA
  • Vieillir au Portugal
    Vieillir au Portugal AFP - A. Leung/J. Saekhi, kt/dmk/abm
Publié le
Centre Presse Aveyron

Monte da Palhagueira, avec son église anglicane et ses jardins à l'anglaise, est un îlot britannique au sud du Portugal, l'Eldorado des retraités européens. Seule condition pour y vivre: avoir plus de 55 ans et disposer d'un bon matelas de livres sterling.

"Ici, j'ai une vie sans stress, je fais du yoga et de longues promenades avec mon chien", raconte Sally Kerr, 64 ans. Emerveillée, elle balaie du regard la vue panoramique sur les montagnes vertes qu'offre la terrasse perchée sur le toit de sa villa.

Arrivée au Portugal il y a deux ans, l'Anglaise à la silhouette fluette laisse derrière elle un poste éprouvant de responsable de la sécurité à la centrale nucléaire de Sellafield (nord-ouest).

Resté au pays, son mari David, un golfeur passionné de 65 ans, fait la navette tous les week-ends et la rejoindra définitivement une fois à la retraite.

La douceur du climat a joué un rôle prépondérant dans leur décision de déménager: "même en hiver, je peux prendre le thé sur la terrasse!", s'exclame-t-elle en arrosant ses plantes. Et "le coût de la vie est environ 30% moins cher qu'en Grande-Bretagne".

Des ruelles sinueuses pavées, des maisons blanchies à la chaux aux moulages colorés, surplombées de hautes cheminées cylindriques et insérées dans une colline au milieu d'oliviers et de palmiers, Monte da Palhagueira est calqué sur le modèle des bourgades anciennes de l'Algarve.

Mais la vie à l'intérieur ressemble plus à celle d'un village britannique. L'anglais est de rigueur, même si des cours de portugais sont proposés aux nouveaux venus. Les infirmières et médecins de la maison de retraite intégrée au complexe sont britanniques, tout comme le prêtre.

- 'Coin de paradis' -

Le Daily Telegraph et d'autres journaux du Royaume sont livrés tous les matins. A 78 ans, George Rush, le regard pétillant derrière d'épaisses lunettes, en est un lecteur assidu. D'autant qu'il est le rédacteur en chef de la lettre trimestrielle du village, "The Full Monty", titre tiré d'un film britannique à succès sur des chômeurs qui montent un numéro de strip-tease.

"Je n'imagine pas passer mon temps dans un fauteuil jusqu'à la fin de ma vie, il faut que le cerveau reste actif. Ecrire et apprendre une nouvelle langue, c'est mieux que de juste attendre la mort", dit cet ancien ingénieur aéronautique.

"C'est notre petit coin de paradis, on ne s'ennuie jamais ici, les gens se parlent sur le pas de leur porte. En Angleterre, on aurait une vie beaucoup plus solitaire", renchérit sa femme Paulette, ancienne professeur de latin née en Belgique.

L'idylle a toutefois son prix: pour avoir le droit d'habiter à vie dans l'une des 33 villas dispersées sur 22 hectares, il faut débourser entre 79.000 et 350.000 livres sterling (108.000 à 478.000 euros).

En cas de déménagement ou de décès, la somme est remboursée aux résidents ou héritiers par le groupe familial Amesbury Abbey, propriétaire des lieux qui a importé ce concept de Grande-Bretagne et prélève au passage près de 5% du capital.

Les résidents paient en outre 1.500 à 2.000 euros de charges par trimestre pour avoir droit au jardinier, à la femme de ménage ou au plombier.

"C'est comme en Angleterre, sauf qu'il fait plus chaud ici. On évite ainsi aux familles de devoir revendre la maison et de payer des taxes ou des frais de notaire", explique le directeur du groupe, David Cornelius-Reid.

- Cadeau fiscal -

Et avec les incitations fiscales instaurées par le gouvernement portugais pour attirer des expatriés fortunés, "nous commençons à avoir plus de demandes", ajoute-t-il.

Depuis 2013, les retraités européens du secteur privé qui s'installent au Portugal sont exonérés d'impôts pendant dix ans sur leurs retraites perçues dans leur pays d'origine.

Ce cadeau fiscal a séduit des milliers de retraités de toute l'Europe, en premier lieu des Français qui ont afflué et acquis près de 4.000 maisons ou appartements en 2014.

Monte da Palhagueira, bâti sur les décombres d'un domaine agricole laissé à l'abandon et inauguré en 1999 par la star du rock Cliff Richard, n'accueille pas seulement des Britanniques.

Après avoir vécu en Inde, en Italie, en France et aux Etats-Unis, Margrethe Munch Thore, ex-journaliste culinaire norvégienne de 77 ans, et son mari suédois Sten, professeur d'économie de 84 ans, viennent d'emménager dans une villa de 270 m2.

Baskets blancs et jeans décolorés, Sten Thore laisse glisser ses doigts sur les touches de son piano à queue Steinway, jouant Liszt et Grieg. "J'ai tout ici. Je n'ai plus besoin de voyager", dit-il. "Et avec le froid glacial en Suède, je n'y survivrais pas!"

Seul regret d'un habitant du village, Alan Barker, 66 ans: "une tasse de café coûte trois fois moins cher au Portugal... mais ici, il n'y a pas de vrais pubs anglais".

Source : AFP

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