Airbus a pris son envol grâce à un ingénieur aéronautique aveyronnais

  • 40 ans après le premier vol d’un Airbus, la nom de Roger Béteille a été donné à la chaîne d’assemblage de l’A350.
    40 ans après le premier vol d’un Airbus, la nom de Roger Béteille a été donné à la chaîne d’assemblage de l’A350. Repro CP
Publié le
Joël Born

Aviation. Originaire de Vors, dans le Ségala, Roger Béteille est le père fondateur d’Airbus. Cet homme visionnaire a permis à l’avionneur européen de décoller industriellement.

C’est assurément une formidable histoire. Et une remarquable aventure. À la fois humaine et technologique. Celle de Roger Béteille, l’un des pionniers d’Airbus. Beaucoup d’Aveyronnais ignorent que cette fantastique aventure a pris racine en terre aveyronnaise. Du côté de Vors, alors commune à part entière, aujourd’hui rattachée à Baraqueville, où cet ingénieur aéronautique, diplômé de l’École polytechnique, de l’École nationale supérieure de l’aéronautique et de l’espace (Sup’Aéro) et du Centre des hautes études de l’armement, a vu le jour en août 1921. Après les disparitions d’Henri Ziegler et Felix Kracht, il est le dernier représentant d’un «trio de génies», qui a conduit Airbus au rang de premier constructeur d’avions commerciaux au monde.

L’homme aux chemise et cravate blanches

Aujourd’hui âgé de 93 ans, Roger Béteille vit à Lausanne, en Suisse. En octobre 2012, Airbus lui a rendu un vibrant et vivant hommage, en baptisant la chaîne d’assemblage de l’A350 du nom de Roger Béteille. Juste et logique retour des choses, pour cet Aveyronnais qui fut l’un des fédérateurs du groupe européen Airbus et, «par ses décisions pragmatiques, le coordinateur idéal de l’entreprise.» Ainsi que le rapporte notre confrère journaliste Jean-Pierre Quittard, dans son livre Airbus ou la volonté européenne, Roger Béteille, qui fut directeur général d’Airbus de 1974 à 1985, avait un signe distinctif, reconnaissable entre mille: il portait toujours chemise et cravate blanches.

Lorsqu’il lui demanda la signification de cette singularité vestimentaire, l’ingénieur lui répondit, avec un trait d’humour :«C’est encore ce qu’il y a de plus pratique : le blanc s’harmonise avec tout !» Et puis, un brin ironique : «Cela donne également un sujet de conversation aux gens qui n’en ont pas... Je sais bien que cela fait le désespoir des photographes et des cinéastes, mais je n’y peux rien.» 

De la Caravelle à l’A 300

La carrière de Roger Béteille débute en 1943, lorsqu’il rejoint la SNCASO, l’ancêtre de Sud Aviation. Ses compétences font le reste. Très vite, il devient directeur des essais en vol et va jouer un rôle déterminant dans les programmes de l’Armagnac et de la Caravelle. De 1957 à 1967, il a la responsabilité de la division Missiles et Satellites de Sud Aviation, à Cannes. En juin 1967, la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne décident de renforcer leur coopération pour créer un nouvel avion. C’est sous la direction de Roger Béteille qu’est lancé le projet Galion, précurseur de l’Airbus300. Mais personne ne semble vraiment s’intéresser à cet avion, Françis et Anglais étant notamment focalisés sur Concorde.

Roger Béteille a alors une lumineuse idée qui fera la force du futur Airbus: un court moyen courrier double couloir, avec huit sièges de front, dont le plancher sera relevé, de telle sorte que la soute puisse accueillir deux conteneurs standards. La même année, en 1967, le natif de Vors rencontre en Allemagne Felix Kracht. Les deux hommes ne veulent pas reproduire les erreurs d’organisations industrielles commises pour Concorde et le Transall, l’avion de transport militaire. Privilégiant une organisation qui ne tienne pas compte des nationalités, mais repose sur les compétences. Roger Béteille et Felix Kracht reçoivent le soutien d’Henri Ziegler, le troisième mousquetaire de cette saga industrielle, alors président de Sud Aviation.

Le pragmatisme allemand

Le programme A300 fut officiellement lancé, lors du salon du Bourget de 1969. Le premier vol eut lieu le 28 octobre 1972. Pour la première fois, un Airbus vole dans le ciel toulousain. Bernard Ziegler, le fils d’Henri Ziegler, est aux commandes. Il évoque un moment historique qui marque le succès d’une coopération inédite avec l’Allemagne. «Les Allemands étaient beaucoup plus pragmatiques et proches de la réalité des choses. Les Français débordaient d’imagination, mais s’éloignaient souvent du problème que l’on avait à traiter. Tout ça faisait un mélange formidable», racontait-il à un confrère de France Info.

Après des débuts difficiles, Airbus parvient à force d’innovations technologiques à faire trembler la forteresse Boeing. L’A300 sera vendu, toutes versions confondues, à plus de 560 exemplaires. L’avionneur européen emploie aujourd’hui plus de 54 000 personnes en France, irrigue économiquement toute la région Midi-Pyrénées et rayonne sur la moitié du marché mondial. Dans sa retraite suisse, l’ingénieur originaire de Vors peut avoir le sourire. Et le sentiment du devoir fort bien accompli.

Pour en savoir plus sur les débuts de l’aventure Airbus en 1967, on peut feuilleter le livre de P.Sparaco «Airbus, la véritable histoire», paru aux Éditions Privat, en 2005.

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