La ville de Rodez sous l’occupation allemande, de 1942 à 1944
Histoire. Les images de Louis Balsan, photographe amateur, témoignent du quotidien bouleversé des Ruthénois durant l’occupation allemande. C’est souvent au péril de sa vie qu’il réalisera ces clichés.
Tout au long de la guerre, Louis Balsan, alors membre de la Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron et spéléologue reconnu, va fixer sur sa pellicule argentique des scènes de l’Occupation.
Il réalise ces clichés souvent au péril de sa propre vie. Comme lorsqu’il choisit de photographier ce cortège funéraire qui mène un soldat allemand tué lors de la révolte des « Croates », à Villefranche-de-Rouergue, au cimetière de Rodez. On note que ce cliché a été pris bien à l’écart du cortège, à l’angle d’une rue, en toute discrétion. De l’entrée des Allemands dans Rodez, à la libération de la ville, une trentaine d’images témoignent de la vie des Ruthénois durant cette période trouble de l’histoire.
Un rapport du préfet de l’époque, Louis Dupiech, dressé le 29 février 1944, éclaire l’état d’esprit des Aveyronnais : « En dépit du désarroi général des esprits, la population aveyronnaise est, dans son ensemble, animée d’une grande sagesse. Bien que des raisons de politique extérieure la tiennent éloignée de la pensée gouvernementale, elle a la volonté d’affronter les difficultés à venir avec calme et sang-froid. » Néanmoins, de graves incidents émaillent ces deux années d’occupation allemande.
À Rodez, et en Aveyron, les maquis sont actifs. Ils multiplient les attentats, les sabotages, les distributions de tracts et les attaques contre les soldats allemands. La riposte des troupes d’occupation est féroce. Au fil des mois, les arrestations se multiplient, les déportations s’amplifient jusqu’à l’indicible, le massacre de Sainte-Radegonde, le 17 août 1944, où trente Français sont exécutés au crépuscule.
L’entrée des maquisards dans Rodez, le 18 août 1944, marque la fin d’un calvaire. « La population de la ville de Rodez, dès qu’elle a été au courant du départ des troupes allemandes, n’a pas immédiatement réalisé, raconte le lieutenant Bournazel, dans un rapport à ses supérieurs. Bientôt, cependant, la population comprenait le bonheur qui lui échoyait. Une joie intense se manifestait. (...) De toutes parts, sortaient des drapeaux tricolores. En quelques instants, toutes les fenêtres des immeubles étaient pavoisées. Peu de temps après, les premières formations des FFI faisaient leur entrée dans Rodez. La tenue des troupes défilant au pas cadencé, bien encadrées, soulevait aussitôt des tonnerres d’applaudissement. » Louis Balsan est aux premières loges pour immortaliser l’événement.
En parallèle, il photographie aussi une scène (dérangeante) que l’on retrouve dans de nombreuses villes de France à la libération. Sur ce cliché, on aperçoit très nettement une femme conduite par un groupe d’hommes sur la place d’Armes. Elle y sera déshabillée et tondue, accusée d’avoir collaboré avec les Allemands.
Les citations sont tirées du livre de Christian Font et d’Henri Moizet, Maquis et combats en Aveyron, chronologie 1936-1944
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